Chapitre 36

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— Ces œuvres sont splendides, Ayan, me complimente Soledad Moreno

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— Ces œuvres sont splendides, Ayan, me complimente Soledad Moreno.

Je la remercie, et tout de suite, elle recommence à errer en toute élégance dans la galerie d'art de Santa Catalina, ornée d'œuvres que j'ai passé les dernières semaines à confectionner en pièce unique.

L'art abstrait n'est pas véritablement un talent inné. Mais Isaac et Phil – qui est devenu un ami - m'ont convaincu de faire cet évènement pour que cela mette de la lumière sur mon nom et la marque d'articles de cuisine que j'ai lancé. Ils m'ont mis sur le fait accompli un matin en me présentant la liste des acheteurs de renom et des critiques d'art qu'ils voulaient convier.

Dès que le premier objet d'art a été vendue, un feu d'artifice d'allégresse et de fierté a éclaté dans mon cœur. Mon regard a croisé celui d'Isaac qui a souri de toutes ses dents avec autant de fierté que moi. Je ne m'étais pas aperçu jusqu'à ce moment à quel point il était en train de devenir rayonnant de paix jour après jour.

— C'est une œuvre particulièrement intrigante, remarque une voix de femme.

Un vent de nervosité me frappe quand je vois Donna Davis, l'une des plus grandes sculpteuses que le monde ait connues, se tenir debout à côté de moi. Ses doigts ébènes effleurent délicatement la sculpture. C'est un dérivé plus travaillé de l'œuvre que j'avais fabriqué avec Isaac sur le toit de mon ancien appartement. La version originale est chaudement installée dans notre maison.

— C'est « La Pyramide », expliqué-je.

L'incertitude pli ses yeux.

— J'ai plutôt l'impression de voir une carapace de tortue couverte par – (elle hésite) une feuille de trèfle... ?

— Oui, vous voyez clair, dis-je avant d'expliquer d'un ton calme : on ne peut être comblé que si l'on accepte toutes les étapes de la vie, c'est une sorte de petite référence à Maslow.

Avant que je ne m'en aperçoive, quelques acheteurs et critiques sont regroupés autour de moi et de l'œuvre.

— Pouvez-vous me l'expliquer plus en détail ?

Le galériste pensait que c'était une œuvre trop ordinaire comparé à toute ma collection, mais j'ai insisté à ce qu'elle soit là. En plus, grâce à Isaac, je lui ai trouvé une histoire convaincante qui mérite d'être connu.

— On n'arrive pas où on veut être dans la vie en un seul saut, ou en sprintant jusqu'à perdre son souffle. Parfois, il faut prendre le temps d'apprécier ce qu'il y a autour de nous.

Le visage d'Isaac m'apparait derrière quelques personnes. Ça ne me donne pas seulement du courage, ça m'inspire pour une histoire plus personnelle, intime, plus « nous. » En effleurant chacune des feuilles en argile cuite, je conte :

— Vivre à fond, croire sans limite, donner en acceptant que nous ne sommes pas toujours obligés de nous dépouiller pour les autres et recevoir... parce que la chance sourit aux personnes sages qui ont su avancer doucement, à leur rythme...

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