Chapitre 25

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C'est le Magic Mike le moins sexy que j'ai eu l'occasion de voir dans ma vie.

Quand la porte s'ouvre, je pousse un cri et ferme brusquement les yeux en découvrant le corps de John, vêtu d'un simple sous-vêtement.

— C'est outrageant, John.

— Pourquoi ça te choque ? demande-t-il, irrité. C'est toi qui m'as mis dans cette posture gênante. Et fais pas ta comédie, c'est pas comme si t'avais jamais vu ce corps.

— Oui, mais les autres fois, tu me plaisais encore.

Je rouvre doucement les paupières et barre ma vue sur son entrejambe en le regardant par-dessus la main que je dresse devant mes yeux.

— Comme tu t'en doutes, je suis venue t'encourager... Mike.

Si un regard pouvait assassiner, je le serais. Je ris en repensant à sa réaction lorsque Justine Lemina lui a demandé de se vêtir en stripteaseur du film Magic Mike. À la place du jean, un slip. Et la cravate, bien sûr.

— Tu veux me faire tout foutre en l'air ?

— Non, pardon, m'exclamé-je en levant les mains en signe de paix. Sois bon et réponds à ses attentes. La récompense est alléchante, rappelle-toi.

Six cents dollars, ce n'est pas négligeable. Pour quelqu'un qui n'a jamais été animateur de soirée, je trouve qu'il s'est bien débrouillé pour se vendre et négocier son contrat.

— Je te jure que si elle me demande autre chose d'aussi tordu que son Magic Mike de merde, je fous tout en l'air. Argent ou pas.

J'aimerais répondre d'un ton sarcastique « c'est ça, ouais ! » mais pour éviter de le voir se froisser pour de bon, je ne dis rien, même si je n'en pense pas moins.

Je souris en esquissant un pas vers l'arrière.

— Bon, salut.

— Tu ne veux pas rentrer visiter mon petit trou à rat ?

Je souffle un rire.

— Non, sans façon. Je suis déjà en retard, j'ai juste fait ce détour pour être sûre que tu allais bien à ton rendez-vous, confiai-je.

— D'accord. Et merci de garder mes cartons. Je les reprendrai quand je réussirai à me faire un peu de place ici.

— D'accord.

Il m'a envoyé les images de son appartement, un petit studio dans un quartier pauvre de San Diego, il y a quelques jours. Il a finalement demandé à un de ses vieux amis de lui prêter de l'argent, en lui promettant qu'il rembourserait une partie de cet argent chaque mois. Il s'est même trouvé un travail d'homme à tout faire dans un quartier huppé de la ville. Même si je n'ai pas l'intention de le lui dire, je suis fière qu'il recommence à prendre soin de lui.

— Dis, je voulais savoir un truc... (Je reviens sur mes pas et lui accorde de la considération.) Pourquoi tu as fait ça pour moi ?

Je fronce les sourcils car je ne sais pas de quoi il parle.

— Le job, je veux dire.

À en juger par sa mine, on dirait qu'il s'attend à une réponse sentimentale. Je décide de hausser les épaules, ne voulant pas le blesser avec la véritable raison : pour améliorer le contrat d'affaires avec les Industries Lemina.

— En tout cas, c'est cool qu'on s'entende mieux. Si je savais que ça se passerait comme ça, j'aurais trouvé un taudis plus vite.

— Salut.

J'ignore la lueur de déception sur sa mine. De toute façon, elle est tout de suite troquée par un air impassible. Je pars sans rien ajouter. Ces derniers temps, John se comporte de manière assez étrange. Je serais naïve de ne pas voir que quelque chose d'ambiguë se trame dans ses pensées.














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