18. Caïus

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Léana venait d'être appelée pour une mission en dehors du château. Un messager était venu la demander pour ses talents d'enchanteresse, pour aider un certain Caïus. La jeune femme n'avait aucune idée de qui cela pouvait bien être, bien que le nom lui disait quelque chose, mais pour une fois qu'on faisait appel à elle, elle n'allait pas refuser.

L'enchanteresse apparut devant une cabane, autour de laquelle il n'y avait absolument personne. Elle s'approcha de la porte et frappa quelques coups.

Un homme lui ouvrit. Il semblait être habillé à moitié comme un paysan, à moitié comme un romain, du moins, selon l'image que Léana se faisait des Romains.

- Vous êtes qui ? demanda-t-il en dévisageant la jeune femme.

- Vous pourriez dire bonjour, quand même, je suis pas un animal ! rétorqua Léana, vexée d'être aussi mal accueillie. Je suis l'enchanteresse que vous avez fait appeler.

- Mais j'ai pas fait appeler d'enchanteresse, moi ! Ils sont vraiment cons, ces pécores, je leur ai dit d'aller chercher Merlin !

- Il ne devait pas être disponible, mais... je peux vous aider, si vous voulez.

L'homme regarda à nouveau attentivement l'enchanteresse, avant de répondre :

- Non, mais... je vais attendre que Merlin soit dispo, je ne vais pas déranger une dame de votre rang.

Il s'apprêta à refermer la porte, mais Léana la retint d'une main, outrée.

- Vous croyez que je ne suis pas capable de vous aider parce que je suis une femme ?

- Mais non, j'ai pas dit ça... tenta de se rattraper l'homme. Vous ne voulez pas entrer pour prendre un truc à boire à l'intérieur ?

- Pas si vous continuez à me traiter comme si j'étais une chose fragile incapable de quoi que ce soit.

Le romain soupira.

- Ecoutez, vous êtes bien jolie, vous êtes de bonne foi, je suis sûr qu'on peut s'entendre. Vous êtes sûre de ne pas vouloir entrer ? Vous ne le regretterez pas, je vous le promets ! lui assura-t-il d'un ton plein de sous-entendus.

Immédiatement, comme par réflexe, Léana projeta l'homme à l'autre bout de sa cabane. Elle y entra, et marcha jusqu'à lui, alors qu'il était allongé par terre, un peu sonné.

- Comment osez-vous ?! Est-ce que j'ai l'air d'être une putain, sérieusement ?! Je suis pas là pour satisfaire vos désirs, sale pervers ! Je suis l'enchanteresse du royaume de Logres, et vous me devez le respect, Caïus, je suppose.

L'homme la regardait silencieusement pendant qu'elle parlait, et commença à se relever difficilement.


L'enchanteresse et le romain étaient assis à une petite table. L'homme tenait une poche de glace sur sa tête, et son autre main tenait son dos.

- Non, mais c'est moi, j'aurais pas dû tenter de vous approcher comme ça... s'excusa Caïus.

- Vous n'auriez pas dû tenter de m'approcher du tout, vous voulez dire ? le corrigea Léana. Non, mais c'est moi, j'aurais pas dû y aller aussi fort. Vous ne voulez pas que j'essaie de vous guérir ?

- Non ! s'écria le romain. Je veux dire... le... les dieux me permettront de guérir.

- Attendez, vous pensez que si je vous guéris, les dieux vous châtieront ?

L'homme, gêné, n'osait plus la regarder dans les yeux.

- Mais je suis romain, aussi, comprenez-moi !

- Je vous comprends, j'ai bien étudié Rome, je sais d'où vous venez !

- Vous avez étudié à Rome vous voulez dire ?

- Non non, j'ai étudié Rome. Je... Peu importe, en fait, je crois que je perds mon temps ici. Vous ne voulez pas que je vous guérisse ? Ok. Vous ne voulez pas que je résolve le problème qui nécessite un enchanteur ? Ok. Passez une bonne journée, et sachez qu'il y a des femmes, dans le monde, qui sont parfois capables de plus que les hommes, et qui peuvent vous aider. Souvenez-vous-en.

Léana se leva, mais Caïus dit alors :

- Non, mais attendez, j'ai pas dit que vous étiez pas capable de m'aider...

- Ok, alors expliquez-moi : pourquoi vous m'avez fait appeler ?

- Mais c'est pas vous que je...

- Je sais, je sais, c'est bon !

- Bon. Je... je pige rien à ce que me disent mes... mes gens. J'ai beau leur parler, ils comprennent tout de travers, et quand c'est eux qui me parlent, il y a un mot sur deux de travers, et je comprends rien !

- Donc vous voudriez une potion de compréhension, si je comprends bien ? Un truc qui vous permette de communiquer aisément avec vos gens ?

- C'est ça ! s'exclama l'homme, soulagé qu'une solution à son problème existe.

- Est-ce que je peux savoir pourquoi vous m'avez fait déplacer pour ça ? Vous auriez pu prendre la peine de venir jusqu'au château, je suis pas une de vos servantes, moi ! Et Merlin non plus ! Vous n'y êtes peut-être pas habitué, mais ici, les enchanteurs ne se déplacent que dans les cas nécessaires, et peut-être que je vais vous apprendre une chose, mais...

- ... ce n'est pas un cas nécessaire, marmonna le romain en levant les yeux au ciel. Ok, j'ai compris. Il vous faut combien de temps pour préparer une potion de compréhension ?

- D'ici une heure, ce sera prêt, je pourrai me procurer les ingrédients assez facilement. Attendez, mais vous acceptez ? s'étonna Léana.

- C'est pas comme si j'avais le choix... par contre, j'aimerais quelque chose en échange.

- Je vous demande pardon ? Je vous rappelle que votre potion, là, elle n'est pas gratuite. Ok, je suis logée et nourrie au château du roi, mais maintenant que j'ai un titre officiel, il y a des choses que je dois payer de ma poche.

- Non mais j'ai pas dit le contraire, évidemment que je vais payer la potion, mais j'aimerais quelque chose en échange.

- En échange de quoi ? Vous pensez m'accorder une faveur en m'acceptant comme enchanteresse ?

- Bon, je voulais vous inviter à dîner, mais si vous le prenez comme ça... Je laisse tomber, vous êtes trop compliquée, comme femme !

- Et ben si c'est comme ça que vous draguez, vous êtes pas au bout de vos peines ! 

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Et voilà pour le chapitre 18 ! J'ai choisi pour l'accompagner la chanson Quartier des lunes d'Eddy de Pretto ! 

C'est une chanson écrite du point de vue d'un homme qui pense que les hommes sont indispensables aux femmes et que sans elles, elles ne peuvent rien faire, et c'est clairement l'idée reçue qu'a Caïus : il pense que Léana n'est pas capable de résoudre son problème parce qu'elle est une femme, puisqu'il ne faut pas l'oublier, chez les romains, la femme n'a pas le statut de citoyenne et est donc moins considérée que l'homme. Cependant, Caïus n'est pas aussi extrême que dans la chanson, puisqu'il finit par accepter l'aide de Léana.

Ah et aussi aujourd'hui (le jour où je poste), c'est l'anniversaire d'Alexandre Astier ! Alors bon anniversaire à Alexandre Astier, le créateur de cette incroyable série qu'est Kaamelott ! 

J'espère que ce chapitre vous a plu, on se retrouve bientôt pour un nouveau chapitre !

Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant