25. Traumatisme

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Ce matin-là, Léana se préparait tranquillement. Elle avait cette journée pour elle toute seule, ce qu'elle appréciait beaucoup : pas de clients, pas de réunion, rien de prévu, c'était une vraie journée de vacances que s'octroyait l'enchanteresse.

Bien sûr, c'était compliqué de trouver une occupation ici, sans téléphone, sans ordinateur, sans internet, quoi. Mais Léana se disait que les personnes du château devaient bien trouver de quoi occuper leurs journées, il n'y avait pas de raison qu'elle ne trouve pas non plus.

Elle pensait se promener dans les jardins, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas mis le nez dehors dans l'unique but de se promener, et ça lui manquait. Elle ferait tout pour ne pas croiser la nouvelle reine, et tout se passerait bien, et ferait de cette journée une belle journée.

Cette réflexion lui faisait penser à une chanson de William Sheller, Une belle journée. Elle sourit en y repensant. Elle devait avoir manqué tellement de nouvelles musiques et de nouveaux chanteurs depuis qu'elle était ici !

Soudain, alors qu'elle se tressait les cheveux, elle vit dans le reflet de son miroir un homme au capuchon noir, dont elle ne pouvait distinguer le visage. Elle perdit immédiatement son sourire, et se retourna brusquement. Il n'y avait personne d'autre qu'elle dans la chambre.

La jeune femme soupira, épuisée. Elle commençait à avoir des hallucinations, ce ne pouvait être que ça, et ce serait logique, une agression pouvant devenir facilement un traumatisme. Comment guérissait-on de ce genre de chose ? Surtout quand le métier de psychologue n'existait pas encore... Où trouvait-on les réponses ?

Léana termina de se coiffer, avant de quitter la chambre pour aller dans les jardins. Elle fut soulagée de ne croiser personne, jusqu'au moment où elle passa dans le couloir où l'homme en noir l'avait attaquée. Sa respiration commençait à se bloquer, et sa vue se brouilla de larmes, avant que finalement, sans comprendre pourquoi, elle tomba à genoux et se mit à pleurer, prise de violents sanglots.

Elle resta ainsi de longues minutes, les images de son agression tournant en boucle dans sa tête. La pression se faisait intense sur son cœur, vivre était soudainement devenu insoutenable.

Elle n'entendit pas les bruits de pas qui approchaient. Enfermée dans ses douloureux souvenirs, ce ne fut que lorsque le roi Arthur posa une main sur son visage que Léana réalisa qu'elle n'était plus seule.

Effrayée d'abord par ce contact, elle eut un mouvement de recul qui la fit rencontrer le mur derrière elle. Ensuite, elle reconnut à travers sa vue brouillée son ami, et se laissa alors retomber sur le sol, épuisée par tant de larmes.


Léana se trouvait à nouveau dans sa chambre. Le roi lui avait fait servir une boisson chaude pour la calmer. La jeune femme tenait la tasse entre ses mains, le regard perdu dans son thé, assise sur le rebord de son lit.

Finalement, Arthur se baissa à sa hauteur, et demanda :

- Est-ce que tu peux m'expliquer ce qui s'est passé, maintenant ?

Interrompue dans ses pensées, Léana leva les yeux vers Arthur. Elle ne savait pas par quoi commencer.

- Je... je...

Elle soupira, déçue d'elle-même.

- C'est... c'est... la Réponse... bégaya-t-elle. Il... je... l'ai vu dans... dans mon... mon miroir... Il... là où tu m'as trouvée c'était... là que... qu'il m'avait... agressée. Je... c'est horrible, je revis cette scène... en boucle... encore... toujours... je peux sentir ses mains sur mon cou... et cette impression d'être en train de mourir... dans mon ventre, comme si... comme si sa seule présence me... tuait à petit feu.

Arthur prit la main de Léana qui était encore libre.

- Tu ne peux pas rester dans cet état-là, Léana. Il faut que tu... guérisses de ça, que tu te reconstruises.

- Je sais... c'est devenu un traumatisme, mais... tu sais, à mon époque, des gens sont capables de... de trouver des solutions pour guérir ce genre de blessure. Mais ce genre de métier n'existe pas encore, et je sais pas ce que je dois faire. Ah, ils doivent bien se marrer, là-haut, à me voir dans cet état !

- Si seulement je pouvais leur mettre une belle raclée, à ceux-là ! s'emporta Arthur.

- Non... non, n'empire pas ton cas, Arthur, s'il te plait...

Le roi soupira.

- Est-ce que tu veux qu'on parle d'autre chose ?

Léana hocha la tête.

- Tu sais, je...je me posais une question.

- Une... une question ? répéta Léana, perdue.

- Oui, euh... en fait, j'étais avec Perceval hier, et il m'a dit que... peu importe en fait. Si on est dans une embuscade, tu t'enfuis ou tu me couvres pour que je m'enfuis au risque de perdre ta vie ?

Léana posa la tasse sur sa table de nuit, avant de plonger son regard dans celui de son ami.

- Comment tu peux me poser une question pareille ? Evidemment que je sacrifie ma vie pour toi ! Tu es la personne à laquelle je tiens le plus, ici. Et puis... dans une embuscade, j'ai plus de chance de survivre que toi.

- Non, mais sans prendre en compte tes pouvoirs. Imagine que tu n'es pas une enchanteresse...

- Ma réponse ne changerait pas, Arthur. Je t'aime trop pour te laisser mourir. Je veux dire... tu es mon ami, c'est... c'est juste inconcevable pour moi de t'abandonner dans une situation pareille.

- Tu... tu viens de dire que tu m'aimais ?

- Ouais... en tant qu'ami ! Faut arrêter de croire que l'amour c'est seulement le sentiment amoureux !

- J'ai pas dit ça !

- Ouais mais tu l'as pensé ! plaisanta Léana. Merci de m'avoir aidée, reprit-elle plus sérieusement.

- Je t'en prie, c'est à ça que ça sert, les amis !

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Et voilà pour le chapitre 25 ! Pour l'accompagner, j'ai choisi la chanson Snow White Queen d'Evanescence, pour les même raisons que dans les autres chapitres où je l'ai utilisé. Cette chanson revient, de la même façon que les agressions qu'a subi Léana reviennent sans cesse dans son esprit, ça la hante.

Voilà, j'espère que ça vous a plu, merci d'avoir lu jusqu'au bout, on se retrouve bientôt dans un nouveau chapitre !

Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant