Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre II

21. Repas mouvementé

Les jours qui avaient suivis cette altercation entre Léana et Arthur, ce dernier n'avait cessé de retourner en boucle tous les éléments que l'enchanteresse avait amenés sur la table. La réflexion de la jeune femme n'était pas illogique : les dieux auraient très bien pu l'envoyer pour redresser le royaume. Pourquoi elle, le roi n'en savait rien, et après tout, il n'avait jamais compris la façon de réfléchir de ces dieux.

En tout cas, si tout cela était vrai, Léana avait bien raison de lui en vouloir, puisque cela signifierait que son comportement aurait amené les dieux à l'envoyer jusqu'à Kaamelott, à lui faire perdre tous ses repères, juste à cause de lui.

Il avait alors pris une décision, d'une folie sans nom, mais qui arrangerait peut-être les choses : mettre à la même table Léana et Mevanwi. Il savait que les deux femmes n'étaient pas profondément réconciliées, mais avec sa présence à lui, peut-être arriveraient-elles à faire la part des choses, et, dans le meilleur des cas, à devenir amies ? Léana avait sûrement besoin d'une amie, et avec le départ de Guenièvre, et celui imminent de Demetra, il ne resterait plus grand-monde comme présence féminine au château qui pourrait la soutenir et lui remonter le moral en cas de besoin.

Le roi et les deux femmes se trouvaient donc assis dans la salle à manger, accompagnés, malheureusement pour le roi, des parents de Guenièvre. Manger avec eux était prévu depuis plusieurs jours, et il se voyait mal les décommander au dernier moment sans qu'ils ne rouspètent après lui, il n'avait pas l'énergie pour ça.

Alors qu'ils attendaient d'être servis, Léana intervint :

- Je... en... en attendant qu'on nous serve à manger, j'aimerais... j'aimerais remercier le roi de m'avoir invitée à sa table. Ce n'est pas quelque chose qui arrive souvent, et vu notre dernière conversation, je me doute que cela vous a demandé des efforts de me faire manger auprès de vous tous, alors Sire... je vous remercie.

- Non mais ça sert à rien de faire genre devant nous, répondit Mevanwi avant qu'Arthur ne puisse dire quoi que ce soit. Je sais très bien que vous vous tutoyez quand vous n'êtes que tous les deux, alors je vous en prie, ne vous gênez pas pour nous.

Les visages d'Arthur et de Léana se décomposèrent. Evidemment, il fallait bien qu'il y ait une dispute à table, c'était le quotidien du roi depuis des années, et il sentait bien que ça n'allait pas s'arrêter maintenant.

- Et comment vous pourriez savoir une chose pareille puisque quand on est tous les deux, le principe c'est de n'être que tous les deux ? demanda Arthur, l'énervement commençant à percer dans sa voix.

- Et bah... je l'avoue, je vous ai espionnés, annonça Mevanwi. Je... j'en suis pas fière, hein, mais vous ne me laissez pas le choix, avec toutes les maîtresses que vous avez eues, il fallait que... que je sache quoi.

- Il fallait que vous sachiez quoi ? demanda Léana.

- Ce n'est pas à vous que je parle, Léana l'enchanteresse.

- Ah bah on oublie carrément mon titre de dame ? Merci, c'est très subtil, tout ça ! s'offusqua Léana, bien qu'elle sache qu'en réalité elle n'avait pas réellement de titre de dame.

Arthur se tourna vers sa femme.

- Vous pourriez quand même faire un effort, vous parlez à une dame de la cour !

- Une dame ? Et on peut savoir pourquoi elle mériterait ce titre ? Je veux dire... où est votre mari, dans ces cas-là ? Il faut bien être mariée pour avoir un titre de dame ?

Le roi soupira. Mevanwi le faisait exprès, il l'avait compris. Elle voulait faire quitter de table Léana, voire même la faire quitter le château, il n'était pas dupe. Et la mettre en rogne était un bon plan pour y parvenir, il devait l'admettre.