42. Le face-à-face

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Arthur revenait de sa rencontre avec Lancelot, accompagné de Venec. Les sourcils froncés, le regard perdu dans des pensées que lui seul connaissait, il avançait, arrivant aux portes du château.

Des bruits de pas lui firent relever la tête. Léana sortait en courant du château, et le rejoignit, avant de dire, essoufflée :

- Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu rencontrais Lancelot aujourd'hui ?

- Pourquoi est-ce que j'aurais dû te le dire ? demanda Arthur, maussade.

- Peut-être parce que j'étais la messagère, et puis peut-être parce que je suis l'enchanteresse du royaume, et ton amie, aussi ! J'aurais peut-être pu t'aider, si j'avais su que la date de rencontre avait changé !

- Je ne te dois rien, Léana ! Et tu ne me serais d'aucune aide !

- Est-ce qu'au moins je peux savoir comment ça s'est passé ?

Le roi était sur le point de répondre, quand il vit Mevanwi marcher jusqu'à eux.

- Alors, vous êtes revenu ? demanda-t-elle doucement à son mari, lui prenant délicatement la main. Ça s'est bien passé ?

- Euh, eh bien... commença Arthur.

Il s'éloignait, au bras de Mevanwi, lui racontant le face-à-face avec son ancien ami, sans plus de considération pour Léana. Cette dernière le regardait s'éloigner, consternée.

- Ne le prenez pas pour vous, dit alors Venec, surprenant Léana, qui avait oublié sa présence. Il a pas dit un mot depuis qu'il est sorti de la taverne.

La jeune femme tourna la tête vers lui.

- Ouais, mais bon, de là à m'ignorer complètement...

- Ah, mais c'est sa femme, vous comprenez... Il est amoureux...

- Ça, je l'avais bien compris...

- Oh, ne soyez pas triste comme ça ! Venez, je vous invite !


Ils entraient dans une pièce inoccupée du château. Léana avançait lentement, observant l'endroit.

- Mais... c'est à vous, ici ?

- Euh... non, pas vraiment.

- Et Arthur est au courant ?

- Ouais, il m'a même viré, mais... j'ai toujours deux trois techniques pour pas me faire repérer.

- Et vous vous êtes pas dit que d'amener l'enchanteresse du roi dans votre piaule, ça pourrait vous cramer ?

- Ah mais vous, c'est pas pareil, vous êtes mon amie, non ?

- Oh, euh... oui, je vous rassure, je n'avais pas l'intention de vous dénoncer...

- Bah voilà ! Vous voulez boire quelque chose ?

&

- Non mais faut pas vous mettre dans cet état-là ! conseillait Venec à Léana.

Cette dernière avait les épaules basses, le dos courbé, et le regard fixé sur son verre à moitié vide.

- Et il faudrait que je fasse quoi, alors ? demanda durement l'enchanteresse. Vous ne comprenez pas ? Je n'ai rien, moi ! J'ai rien à part ses putains de cauchemars...

Elle se mit à sangloter, sous le regard de Venec, qui ne savait pas comment réagir face à cela.

- Je souffre et tout le monde s'en fout ! Je veux vraiment rentrer chez moi, j'en peux plus de cette mentalité moyenâgeuse !

- Moyenaquoi ? demanda Venec.

Léana leva la tête, avant de répondre :

- Peu importe, vous ne comprendriez pas...

- Ben, si ça peut vous aider, moi... moi je m'en fous pas. Après, ça vous sera pas utile, parce que je sais pas comment vous aider, mais...

- Merci, ça fait toujours plaisir à entendre... Je suis vraiment désolée que vous m'ayez vue comme ça, je...

- Non, mais vous inquiétez pas pour ça, je vois pire, des fois ! Et puis vous, vous êtes adorable à vouloir toujours aider tout le monde, c'est normal de craquer, au bout d'un moment ! Je suis qui pour vous juger, moi, hein ? Et puis le roi... je l'aime beaucoup, hein, mais des fois...

Léana se leva, titubant légèrement.

- Je... je crois que je ferais mieux d'y aller, conclut Léana. Je... il doit être tard, maintenant, et puis, vous avez sûrement autre chose à faire que de m'écouter m'apitoyer sur mon sort...

Venec se leva à son tour.

- Déjà, avant de partir où que ce soit, séchez ses larmes.

Il joignit le geste à la parole, en effaçant les larmes qui coulaient encore lentement sur les joues de la jeune femme.

- Qu'est-ce que vous faites ? demanda Léana, regardant Venec droit dans les yeux.

- J'essaie d'aider une amie. Allez, vous pouvez y aller, maintenant, mais surtout, pas un mot sur ma cachette, hein ?

- Je ne dirai rien ! répondit Léana en souriant.

Elle s'approcha de la porte, mais avant de l'ouvrir, se tourna à nouveau vers l'homme :

- Merci. Merci pour tout.

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Et voilà pour le chapitre 42 ! J'ai choisi pour l'accompagner la chanson Lâcher-prise, des The Pirouettes ft. Timothée Joly, notamment pour son refrain : "Je me sens, enfermé dans ma vie, je me sens, enfermé dans mes soucis ", qui correspond exactement à ce que ressent Léana dans ce chapitre !

Et la suite des paroles "Il faut lâcher prise, même quand le cri te brise", correspond à ce que fait Léana, puisqu'elle lâche prise en exprimant son ressenti vis-à-vis de sa situation à Venec !

Voilà, j'espère que ce chapitre vous a plu, on se retrouve bientôt pour un nouveau chapitre !

Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant