Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre II

33. A la taverne II

Quelques jours plus tard, Léana s'était vu confier une mission. Les seigneurs Karadoc et Perceval devaient partir tuer un dragon gris dans un village, et le roi, peu confiant en les capacités des deux chevaliers, avait demandé à son enchanteresse de veiller sur les deux compères pour qu'ils accomplissent la mission, histoire qu'il y ait des choses à écrire du côté de la légende (ça, c'était une exigence particulière du père Blaise).

Léana avait donc suivi les deux hommes jusqu'à la taverne, et n'avait pu empêcher qu'ils se fassent voler leurs chevaux, sinon elle se faisait repérer, ce qu'il fallait à tout prix éviter, elle devait agir en toute discrétion, comme une espionne.

Lorsqu'elle les vit entrer dans la taverne, elle comprit qu'ils avaient pris la mauvaise décision. L'enchanteresse connaissait bien ses amis : une fois qu'ils entraient dans l'établissement, ils en ressortaient des semaines plus tard, et leurs missions n'étaient finalement pas accomplies (lorsqu'ils en avaient). Elle entra alors dans la taverne, une immense cape rouge sur les épaules, avec une grande capuche recouvrant son visage. Au moins, les gens ne l'identifieraient pas immédiatement comme une fille de joie, du moins, c'était ce qu'elle espérait, elle n'était encore jamais allée à la taverne seule.

Et même à son époque, ce n'était pas le genre de Léana de traîner dans les bars seule. Elle y allait toujours avec ses amis. Elle s'installa à une table seule en enlevant sa capuche, jetant un coup d'œil aux deux chevaliers, qui discutaient avec le tavernier.

- Bonjour ma jolie !

Surprise, la jeune femme sursauta, avant de se tourner vers le nouveau venu.

- Venec ! Vous m'avez fait peur !

- Qu'est-ce que vous faites ici, dame Léana ?

- Chut ! Je suis en mode incognito, ici ! Bon, si je tombe sur des gens, c'est pas grave, mais j'ai pas envie que toute la Bretagne sache que l'Enchanteresse du royaume est à la taverne !

- Mais je comprends pas, qu'est-ce que vous faites là ? Vous faites le tapin, vous, maintenant ?

L'enchanteresse foudroya du regard l'homme face à elle.

- Sérieusement, j'ai l'air de faire le tapin, là ? Et puis je vous rappelle que j'ai pas besoin de ça pour gagner ma vie, merci !

- Ça va, faut pas se vexer, hein ! Je juge pas, moi ! Promis, j'en parle à personne ! Et je peux même vous mettre sur certains coups si vous voulez ! Là, par exemple, j'ai un client qui...

- Non, mais je ne suis pas intéressée, désolée. Je suis l'Enchanteresse du roi, j'ai clairement autre chose à faire ! répondit la jeune femme, agacée.

- Ah, mais j'ai aussi des clients de la haute ! J'ai du baron, du chevalier... et même du roi ! Le seul truc, c'est qu'il y en a dans le lot qui parlent pas la langue, après...

- Non mais il faut vous le dire comment pour que ça rentre dans votre tête ?! Je ne suis pas intéressée. Alors je comprends qu'il faut nourrir madame et les enfants, sauf que je ne veux pas travailler avec vous.

- Ok, bon ça va, pas la peine de s'énerver. Moi je disais juste ça comme ça, hein... Je trouvais que c'était un joli compliment, c'est tout...

Léana le regarda en croisant les bras.

- Sérieusement ? Vous avez trouvé que ça pour vous rattraper ? Ça sert à rien d'essayer de m'amadouer...

- Non mais je suis sincère, c'était une façon de vous faire comprendre que vous êtes jolie...

Surprise, Léana regarda l'homme droit dans les yeux, mais avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, les seigneurs Perceval et Karadoc rejoignirent leur table.