8. amy

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Le garçon qui se tient devant moi et qui vient de se présenter comme étant Ruel Van Dijk est bien celui que j'avais repéré sur les réseaux sociaux. Le gars au million et demi d'abonnés, oui.

En le voyant se rapprocher, je réalise qu'il est grand. Mais vraiment grand. Il a de longs cheveux blonds que je trouve instantanément adorables, j'ai envie de passer ma main dedans... Mais ça va pas, Amy ? Reprends-toi, merde. Il me regarde intensément, et je plonge mes yeux dans les siens. Je le trouve particulièrement bien habillé avec sa chemise et sa veste en cuir, mais je flashe surtout sur son petit collier en perles.

Son ami, son oncle et sa cousine s'assoient à une table voisine, lui s'installe en face de moi. Je lui fais un petit sourire, légèrement intimidée. On commande le repas et les adultes ainsi que sa cousine et son ami engagent la conversation entre eux. Super, ils nous excluent carrément. Ruel et moi comprenons très bien ce que ça veut dire. Aucun de nous deux n'ose vraiment ouvrir la bouche.

— Alors, j'ai appris que... commence Ruel en même temps que moi, ce qui nous fait partir dans un fou rire.

— Non, vas-y, lui dis-je.

— Hum, et bien, mon oncle m'a dit que tu vis une période difficile...

Quoi ? Mon père était censé se la fermer. Si je suis ici ce soir, c'est seulement pour Ruel.

— Oh, tu sais, moi ça va. En revanche, mon père m'a appris que, hum...

Je marque une pause, un peu gênée. Je ne sais pas comment aborder le sujet.

— ...Que tu te sentais un peu seul, disons. Et que tu tenais à me rencontrer.

Ses sourcils se foncent instantanément. Merde, qu'est-ce que j'ai dit ? Il semble vraiment perturbé.

— Oh, euh, c'est bizarre, on m'a dit à peu près la même chose par rapport à toi.

Soudain, je comprends. Mon père m'a clairement raconté des bobards sur Ruel, et inversement.

Remarquant que Ruel et moi ne parlons plus, mon père se tait à son tour et me lance un regard interrogateur. Pour toute réponse, mes yeux lui lancent des éclairs, alors que tous les regards sont rivés sur moi et qu'un silence s'abat sur la table.

— Bravo, Papa. Tu m'as bien eue. Mais permets-moi juste de te poser une question : pourquoi est-ce que tu ne respectes pas mon choix de vouloir rester seule ? Je n'éprouve aucune tristesse ou nostalgie depuis ma rupture avec Lucas, tout simplement parce que c'est moi qui l'ai quitté.

Je me lève d'une coup, jette ma serviette sur la table et quitte le restaurant, attirant tous les regards sur moi.

L'air frais de la nuit me fouette le visage mais cela me fait du bien. Mes parents m'insupportent de plus en plus. Je remarque un petit muret en pierres sur le côté du bâtiment et saute pour m'assois dessus. Le béton froid sous mes cuisses me fait frissonner.

Quelques instants plus tard, j'entends des pas se rapprocher. Je devine dans l'obscurité la silhouette de Ruel. Il vient s'assoir à côté de moi. Le fait qu'il n'ait même pas eu besoin de se mettre sur la pointe des pieds me fait légèrement sourire.

— Sacrée soirée, hein ? me dit-il avec un sourire en coin.

Comme je ne réponds rien, il poursuit :

— Mon oncle aussi m'a menti. Je comprends pas pourquoi nos familles respectives veulent absolument qu'on trouve l'amour. Je veux dire, on est encore jeunes, conclut-il avec un haussement d'épaules.

Je lève les yeux sur son visage et hoche la tête.

— Je suis d'accord, je réponds simplement.

Le silence qui s'installe entre nous n'est ni pesant, ni désagréable mais je décide de le rompre en tapant contre le mur avec mes talons.

— T'es stressée ? me demande soudain Ruel. Ou intimidée, peut-être ?

Le sourire en coin qui se forme sur son visage ne me plaît pas vraiment.

— Pourquoi ?

— En général, quand on fait un bruit répétitif, c'est qu'on est anxieux ou gêné.

— Je ne savais pas que tu analysais les comportements des gens, dis-je avec un petit rire.

Il hausse les épaules, amusé.

— Et pourquoi serais-je intimidée ? je poursuis.

— Bah... Je sais pas, me répond-il en affichant un sourire innocent qui me fait craquer.

— Je suis pas le genre de fille à être intimidée par un million et demi d'abonnés, si c'est ce que tu insinues.

— Ah parce que tu m'as stalké, en plus ?

— Oups. C'est possible.

— Bon, j'avoue, moi aussi, dit-il d'un air enfantin qui réussit à me décocher un petit rire.

Alors qu'un silence agréable s'installe de nouveau entre nous, je me mets à grelotter.

— Quelle idée de mettre une robe aussi courte, aussi.

Sa remarque me fait rougir comme une tomate et je prie pour qu'il fasse assez sombre pour qu'il ne le remarque pas. Il se mord la lèvre et baisse la tête, regrettant ses paroles.

— Tiens, dit-il en enlevant sa veste en cuir et en me la posant sur les épaules.

Quand il se penche sur moi et que ses doigts effleurent mes épaules nues, je parviens à sentir son parfum, un mélange d'agrumes et de quelque chose de plus musqué... Amy, tu pars trop loin, là ! Il t'a juste prêté sa veste.

— Merci, je souffle un peu troublée mais déjà réchauffée.

𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐓𝐎 𝐅𝐀𝐂𝐄 " 𝐫𝐮𝐞𝐥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant