40. amy

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— Amy...?

— Je... Ruel, il faut que je te dise quelque ch...

— Bordel. Bordel de merde.

Je lis dans son regard un mélange d'incompréhension et de déception. Mais soudain, ses sourcils se froncent et je vois la colère remplacer ces émotions.

— C'est pas vrai, putain ! Je t'ai fait confiance Amy. Je t'ai aimée plus que personne auparavant. Je te croyais. Bien sûr, il y avait des choses que tu ne voulais pas me dire comme quand on est passés devant ce café l'autre jour mais je ne pensais pas que tu me cachais quelque chose de si... important.

— Je suis sincèrement désolée, Ruel.

Il secoue la tête, dépité, et poursuit d'une voix plus calme :

— C'était qui ? Avec qui t'as perdu ta virginité, putain !

Je sais que s'il est aussi énervé c'est qu'il a peur de ma réponse. Et il la connaît. Je vois dans son regard qu'il me supplie de ne pas prononcer ce nom. Mais c'est plus fort que moi, j'éclate en sanglots. Cette situation me pèse depuis si longtemps, sans que je puisse en parler à quiconque, et Ruel ne comprend pas. D'habitude, il arrive toujours à lire en moi, à deviner ce que personne d'autre ne voit. Mais aujourd'hui, aveuglé par la colère, il ne comprend pas. Il ne comprend pas que c'était contre mon gré.

— Pourquoi tu pleures ?

Sa voix est soudain inquiète mais j'y perçois toujours de la colère.

— Je vais te le dire. Je vais te dire qui c'est. Mais avant, laisse-moi tout te raconter. Et promets-moi de ne pas m'interrompre.

Il hoche la tête, soucieux. Ses poings sont serrés sur ses cuisses. Il a peur de ce qu'il va entendre et il a raison. Alors je lui dis tout, dans les moindres détails, sans rien omettre. Je fais fonctionner ma mémoire du mieux que je peux mais c'est difficile car elle a tout fait pour oublier ce moment atroce. Il m'écoute attentivement, un expression neutre sur le visage. Toute trace de colère ou de déception a maintenant quitté son regard. Je fais de mon mieux pour ne pas m'écrouler, là, devant lui, étouffée par la honte ou le regret. Mais à vrai dire, c'est lui qui me permet de garder la face. Je me dois de lui dire. Pour lui, parce qu'il mérite de savoir.

À la fin de mon récit, je me rends compte que j'ai les joues trempées. Je ne ressemble probablement pas à grand-chose à cause de mon maquillage qui a dû couler mais c'est clairement le dernier de mes soucis. Ruel me fixe avec de grands yeux. Pendant une minute, il semble assimiler toutes les informations que je viens de lui donner et je comprends que ça prenne du temps mais là, j'ai vraiment besoin qu'il dise quelque chose. N'importe quoi.

Soudain, je me demande : et s'il ne me croyait pas ? S'il pensait que j'ai inventé cette histoire de toutes pièces pour lui cacher la vérité ou si...

— Je savais que Lucas était un enfoiré fini, complètement tordu et probablement très atteint mentalement, mais jamais je ne l'aurais imaginé capable de faire quelque chose d'une telle cruauté.

Il a lâché cette phrase dans un souffle, presque en murmurant, comme s'il était toujours sous le choc.

— Je suis terriblement désolé, Amy. Je me suis énervé pour rien, trop vite. J'aurais dû prendre le temps de t'écouter. Mon Dieu, tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé. Pour t'avoir crié dessus sans savoir et pour... ce qui t'est arrivé. J'aimerais tellement pouvoir y changer quelque chose.

— Mais tu ne peux pas, Ruel. C'est ainsi. C'est arrivé et je vais devoir vivre avec. Mais je suis persuadée qu'ensemble on peut y arriver. Parce que tu fais ma force. Je me sens capable de tout quand tu es avec moi. Tu comptes énormément pour moi, beaucoup plus... que prévu, avoué-je dans un petit rire. Je me sentais obligée de te le dire. Par respect et parce que je te fais confiance. Parce que je te dois bien ça.

𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐓𝐎 𝐅𝐀𝐂𝐄 " 𝐫𝐮𝐞𝐥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant