Je monte les escaliers pour me rendre dans la salle de bains de Ruel. Il m'appelle depuis le rez-de-chaussée et je fais volte-face. Il me rejoint rapidement. En voyant ma robe constellée de taches de sauce, il se gratte la tête.
— Je suis désolé.
— Moi aussi.
Son t-shirt blanc va être irrécupérable. Ruel baisse les yeux sur ses habits.
— Oh, t'inquiète pas, j'en ai d'autres.
Après un petit silence, il poursuit en désignant son visage encore plein de sauce :
— On va laver tout ça ?
Je hoche la tête. Dans la salle de bains, on se nettoie le visage, les bras et les cheveux puis Ruel me lance :
— Je vais te chercher de quoi te changer.
— Non, c'est bon, t'en fais pas !
— Arrête, ça va coller après. Fais pas l'idiote, faut bien que je rattrape ma connerie.
Je finis par accepter, ne pouvant pas résister aux yeux adorables qu'il me fait. Il revient une minute plus tard avec une jupe en jean et un t-shirt basique.
— Ça ira ? Je les ai empruntés à ma cousine.
— Très bien, merci, je réponds en prenant les affaires qu'il me tend. Tu es sûr que ça ne la dérangera pas ?
— T'inquiète pas, me dit-il avec un clin d'œil.
Il me laisse seule pour me changer et je l'entends s'éloigner. Quand je reviens dans la cuisine il est assis au bar, lui aussi changé. Il jette un œil à ma jupe un peu trop courte. Il semblerait que Lisa fasse une taille de moins que moi... Mais il se retient de faire tout commentaire et m'invite à m'asseoir pour qu'on puisse enfin déguster notre repas tant attendu.
— C'est la deuxième fois en deux jours que tu me prêtes des vêtements. À ce rythme là, dans un mois j'aurai vidé ta garde-robe.
— Hum, techniquement non. Ces habits ne sont pas à moi.
— Ah bon ? Tu ne portes pas de jupes ?
Ruel me regarde en souriant. Il replace une mèche de cheveux derrière son oreille et me dit :
— D'ailleurs, tu ne m'as pas rendu ma veste, espèce de voleuse. C'est une de mes préférées, en plus.
— Oups. J'ai oublié.
— C'est ça, oui. Dis plutôt qu'elle est confortable et que tu adores mon odeur.
Je lui donne un coup de poing dans le bras, ne sachant pas quoi répondre à sa provocation.
— Eh, doucement la tigresse !
C'est alors que je repense à la tenue que je porte.
— Merde. Je vais pas rentrer chez moi habillée comme ça.
— Pourquoi pas ?
— Premièrement, mes parents poseraient beaucoup trop de questions. Je ne veux pas que mon père sache que j'étais avec toi parce que ça lui donnerait raison.
— Lui donner raison ? me demande Ruel en fronçant les sourcils.
— Mon père était persuadé qu'on s'entendait bien. Bref, deuxièmement, si ma mère apprend que j'ai bousillé ma nouvelle robe... Je suis dans la merde.
— Mais non ! On va mettre du détachant et la laver, ça va aller, dit Ruel en se levant et en ouvrant un placard.
Il me tend un produit avec un grand sourire.
— Ça devrait faire l'affaire.
Après avoir mis du détachant sur la robe, on décide de la passer à la machine à laver. Je remarque que Ruel fait une drôle de tête en la regardant.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Bah, euh, c'est que... Je sais pas comment ça marche.
J'explose de rire.
— T'es sérieux ? T'as jamais fait une machine de ta vie ?!
Il se renfrogne devant mon hilarité.
— C'est bon, t'as fini ?
— Excuse-moi mais t'as dix-sept ans. Normalement, tu sais faire fonctionner une machine.
— Ça va, c'est pas la fin du monde, non plus. T'as qu'à m'apprendre.
Je passe donc le quart d'heure suivant à expliquer à Ruel le fonctionnement d'une machine à laver, tout en essayant tant bien que mal de me retenir de rire. L'air concentré qu'il affiche est vraiment craquant. Des mèches blondes tombent devant ses yeux captivés par ce que je raconte.
Après ça, on passe ma robe au sèche-linge - dont j'ai dû également expliquer le fonctionnement à Ruel - puis elle est enfin prête à ce que je l'enfile.
Il est presque vingt-trois heures quand Ruel me raccompagne dehors.
— Encore désolé pour ta robe.
— Tout est bien qui finit bien. Et puis, je l'avais cherché, quand même.
Un petit rire s'échappe de ses lèvres.
— T'es sûre que tu ne veux pas rester dormir ?
— Non merci, c'est gentil mais mon taxi est déjà là et je ne veux pas inquiéter mes parents.
Il hoche la tête et se passe une main dans les cheveux.
— À plus, alors.
— À plus, dis-je avant de descendre les escaliers.
Je lui fais un dernier signe de la main et monte dans le taxi.
À peine ai-je ouvert la porte d'entrée que ma mère surgit de nulle part.
— Où étais-tu ?
— Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je suis majeure, je fais ce que je veux.
— Pas tant que tu es sous notre toit.
Je soupire.
— Je suis désolée, Maman. J'aurais dû vous prévenir.
— La prochaine fois, tu enverras au moins un message.
Je hoche la tête.
— D'accord. Je vais aller me coucher, je suis crevée. Bonne nuit, Maman.
— Bonne nuit, ma chérie.
Alors que je monte les escaliers, je l'entends me héler depuis en bas :
— Amy !
— Oui ?
— Cette robe te va très bien.
— Merci, Maman, je réponds en me retenant d'éclater de rire.
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𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐓𝐎 𝐅𝐀𝐂𝐄 " 𝐫𝐮𝐞𝐥
FanfictionRuel, en manque d'inspiration dans son appartement londonien, accepte la proposition de son oncle de séjourner chez lui, à Paris. Amy, après sa rupture avec son petit-ami, s'ennuie et broie du noir dans sa villa parisienne. Pour tenter de leur remon...