Ruel me regarde avec de grands yeux, ne réagissant pas à la petite boutade que je viens de faire pour détendre l'atmosphère. Parce que ouais, je suis très mal à l'aise actuellement.
Je me redresse et m'écarte de lui en voyant qu'il reste muet et immobile puis je me lève, gênée. Soudain, il semble revenir sur Terre et je vois l'expression dans son regard changer du tout au tout.
— Alors tu vas encore te barrer et me laisser en plan ? dit-il sur un ton agressif.
— Euh, je...
— Amy. On va ignorer encore longtemps ce qu'il se passe entre nous ? C'était encore les effets de la fatigue ? Ou bien tu vas trouver une autre excuse cette fois-ci ?
Je ne sais pas quoi répondre, assaillie par toutes ces questions. Il soupire en constatant que je n'ai aucune réaction et se lève à son tour. Il contourne le lit en réajustant sa veste et me tourne le dos pour se diriger vers la porte de la chambre. Alors qu'il a la main sur la poignée, je dis :
— Attends, Ruel.
Il se retourne vers moi, les yeux emplis d'espoir.
— Je suis désolée d'avoir dit ça la dernière fois. C'était bête et... on sait toi comme moi qu'il n'y avait pas que la fatigue. C'est bien plus que ça. Toi et moi, c'est... enfin, je sais pas.
— Si, tu sais. Dis-le.
Ruel se rapproche de moi et me regarde avec des yeux désormais attendris.
— C'est quelque chose de fort. Et je ne sais pas encore quoi mais... ça m'a faite flipper. C'est pour ça que je suis partie. J'avais peur. Peur de ce que j'ai ressenti en t'embrassant.
— Et tu l'as ressenti à nouveau aujourd'hui ? me demande-t-il, la voix légèrement tremblante.
Je hoche doucement la tête.
— Et même plus fort encore. Je... j'ai jamais ressenti ça pour quiconque avant et j'ai juste... peur.
Je sens une larme rouler sur ma joue. Encore. Putain. Son silence me rend folle. Le fait de ne pas savoir ce qu'il pense de tout ça me rend folle. Alors, comme s'il avait entendu mes pensées, il déclare à voix basse :
— Je crois que... ce truc entre nous, je l'ai ressenti moi aussi. La dernière fois et aujourd'hui encore plus. Chaque jour davantage. Chaque fois que je te vois rire, jouer avec tes cheveux ou quand tu... quand tu mets des putain de robes comme ça, conclut-il avec un rire gêné.
Je ne me rends compte qu'à cet instant que ma robe a glissé pendant qu'on s'embrassait et que mon décolleté et maintenant beaucoup trop plongeant. Oh merde. Je me dépêche de le remettre en place, ce qui fait à nouveau rire Ruel.
— T'aurais pas pu me le dire ? je m'exclame en rougissant.
— Ça me dérangeait pas forcément.
Je lui mets un claque sur le front avant de me diriger vers la porte. Mais au lieu de partir, je m'adosse à celle-ci et dis :
— Alors on en est où ? Toi et moi.
— Là, répond simplement Ruel en s'avançant vers moi à grands pas.
Il pose une main dans mon cou mais je le repousse en riant.
— Oh oh oh, du calme. Je voulais une vraie réponse.
— On va dire qu'on continue d'exploiter ce truc, tu sais, et on voit si ça dure. On voit si ça va plus loin que cette simple... attirance qui est aussi étrange qu'irrésistible.
Ses paroles me font fondre, littéralement.
— Alors quoi, tu te donnes le droit de m'embrasser où tu veux quand tu veux ? demandé-je tout de même en haussant un sourcil.
— C'est à peu près ça, répond-il en déposant un léger baiser au coin de mes lèvres. Et ça commence maintenant.
Je ris sous ses lèvres qui déposent une multitude de petits baisers sur tout mon visage. La sensation nouvelle qui naît dans mon ventre est juste magique et tellement agréable. Je ferme les deux, m'abandonnant à son étreinte, toujours plaquée contre la porte. Quand soudain, j'entends qu'on toque. Ruel lève la tête et s'immobilise alors que nous ne faisons plus un bruit.
— Amy, Ruel, vous êtes là ? demande la voix d'Olivia. La plupart des invités est arrivée, vous pouvez descendre.
Ruel se racle la gorge et me fait signe de me cacher derrière la porte avant de l'entrouvrir.
— Euh, Amy n'est pas là.
— Tu te fous de ma gueule ? C'est quoi cette dégaine ? T'as les lèvres toutes roses et les cheveux dans tous les sens. Amy, sors de ta cachette ! crie Olivia.
Je passe alors la tête dans l'entrebâillement de la porte avec un regard de chien battu et Olivia éclate de rire. Je l'imite sous le regard perdu de Ruel qui fait des va-et-vient entre mon visage et celui de ma meilleure amie. Quand nous redevenons sérieuses, je lui dis :
— Ça peut rester entre nous pour l'instant, Liv ?
— Pour l'instant, oui, répond-elle en hochant la tête avec un grand sourire.
Ruel se masse la nuque, visiblement gêné et je passe discrètement mon bras autour de sa taille.
— Vous êtes trop mignons, conclut Olivia en ébouriffant les cheveux de Ruel avant de s'éloigner vers les escaliers.
Une fois partie, Ruel tourne la tête vers moi, un air ahuri mais adorable sur le visage.
— C'était quoi, ça ?
Je hausse les épaules.
— Liv est une tombe. Elle dira rien à personne sans mon autorisation.
— J'espère bien, gromelle Ruel.
— T'as honte de moi ou quoi ? demandé-je en croisant les bras sur ma poitrine, un air faussement vexé sur le visage.
Je vois son regard dévier encore une fois sur mon décolleté où ma poitrine est mise en valeur par le geste que je viens de faire. Je laisse immédiatement mes bras retomber le long de mon corps.
— Non, soupire Ruel en relevant les yeux vers moi. C'est vraiment pas ça. C'est juste que... On sait même pas ce que c'est ce... truc.
Il fait un geste de la main entre lui et moi ce qui me fait rire intérieurement.
— Tu vois ? Je préfère pas que les gens s'imaginent des trucs alors que nous même on sait pas ce qui nous arrive.
— Je sais. Et je suis d'accord avec toi. J'aime juste te mettre dans des situations délicates. T'es trop mignon quand t'es gêné.
Je lui mets une pichenette sur le nez alors que je le vois s'empourprer puis je quitte la chambre pour descendre et rejoindre la fête qui bat déjà son plein.
Ouais, vraiment trop mignon.
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𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐓𝐎 𝐅𝐀𝐂𝐄 " 𝐫𝐮𝐞𝐥
FanfictionRuel, en manque d'inspiration dans son appartement londonien, accepte la proposition de son oncle de séjourner chez lui, à Paris. Amy, après sa rupture avec son petit-ami, s'ennuie et broie du noir dans sa villa parisienne. Pour tenter de leur remon...