Je bats des jambes de toutes mes forces pour remonter à la surface, paniquée. Cette piscine est super profonde ! J'émerge en claquant des dents, l'eau est glacée. J'aperçois alors Ruel, quelques mètres devant moi, sortir à son tour la tête de l'eau en plaquant ses cheveux derrière sa tête.
Il parcourt brusquement la piscine du regard et semble soulagé quand ses yeux se posent sur moi. En quelques mouvements de crawl, il arrive à ma hauteur.
- Tu vas bien ?
- Je... pète... la... forme, déclaré-je en claquant des dents.
- Ouais, elle est pas chaude.
Je le regarde en me forçant à afficher une expression énervée ou neutre, du moins, mais c'est plutôt compliqué quand on se trouve dans une piscine à vingt degrés et qu'on n'a pas pied.
- L'eau, ajoute Ruel.
- J'avais compris.
Je dois avoir l'air stupide à faire des mouvements avec mes bras et mes jambes pour me maintenir à la surface alors que lui ne bouge pas puisqu'il a tout simplement pied. Mais au moins, je me félicite d'avoir mis du mascara waterproof. Je ne ressemble pas à un panda, c'est déjà ça.
Ruel détache enfin les yeux de mon visage et s'avance vers moi.
- Viens.
Il passe un bras autour de ma taille et je m'accroche à ses épaules. Il se rapproche du bord en me portant sans le moindre effort et je suis énervée contre moi-même de ne pas avoir refusé. Bon sang, je suis censée lui en vouloir.
Une fois arrivés au bord de la piscine, Ruel pose ses mains sur ma taille. Il m'interroge du regard et je lui fais un signe de la tête. Il me soulève alors doucement et me dépose sur le rebord, toujours aussi facilement. J'ai l'impression d'être un poids plume.
Il se hisse à son tour hors de la piscine et mon regard s'attarde un peu trop longtemps sur son corps trempé. Comme il a enlevé sa veste, il n'est plus vêtu que de son pull à travers lequel je devine à présent ses abdos, ainsi que de son pantalon qui colle à sa peau. Je me fais violence pour détourner le regard de son corps et me concentre sur son visage.
Mais celui-ci me fait encore plus d'effet. Des gouttes d'eau perlent au bout de son nez et sous son menton alors que d'autres tombent de ses mèches blond foncé dans son cou. Quand il pose enfin les yeux sur moi, je réalise que je ne sais pas à quoi je ressemble.
Je jette un regard à ma robe, elle est remontée sur mes cuisses et les bretelles tombent sur mes épaules. Je la réajuste, rouge de honte, et me lève.
- Euh... Suis-moi. On va se sécher, me dit-il.
On entre dans la villa par la porte de derrière pour éviter qu'un maximum de gens nous voient. On se fait tout petits quand on monte les escaliers et, en arrivant dans sa chambre, on pousse en même temps un long soupir. On se regarde avant d'exploser de rire.
- Quelle aventure ! s'exclame Ruel.
- J'ai soif. On a oublié la bouteille à la piscine, dis-je sur un ton sec.
Ruel soupire, constatant que je lui en veux toujours. Et que je suis toujours un peu pompette. Bien que l'eau glacée m'ait en partie faite dessoûler.
- Je crois que t'as assez bu comme ça.
- Nan. J'ai soif, je réplique en tirant la langue, la bouche grande ouverte.
Ruel part dans la salle de bains avant de revenir avec un verre d'eau. Il me le tend et je lui jette un regard noir mais le prends quand même. Je le bois d'une traite avant de m'affaler dans le fauteuil près de son lit. Ruel me jette une serviette et des habits. Je reconnais le t-shirt de Mickey de la dernière fois, ce qui me donne envie de sourire mais je me retiens.
- Va te changer dans la salle de bains.
- Pourquoi ?
- Bah... tu vas pas rester trempée.
- Non, je veux dire, pourquoi tu fais ça pour moi ? T'es pas obligé. C'est moi qui ai commencé, c'est moi qui t'ai jeté dans la piscine, c'est moi qui...
- Et c'est moi qui t'ai fait croire que je t'utilisais, me coupe-t-il. Sauf que ce n'est absolument pas le cas, Amy. Certes, je voulais montrer à ce connard qu'il ne te contrôlait plus, et je reconnais que je ne m'y suis pas pris de la meilleure des manières, mais si je t'ai embrassée c'est que j'en avais envie.
Ses mots me font tellement de bien. Il vient de dire tout ce que j'avais envie d'entendre et toute la haine que j'ai pu ressentir pour lui un peu plus tôt dans la soirée disparaît instantanément.
- Je suis désolé, Amy, vraiment. Je suis désolé de t'avoir fait penser ça mais tu dois me croire. Je ne me servirai jamais de toi pour quoi que ce soit. Tu es bien trop importante à mes yeux pour que je te fasse une chose pareille ou pour que je te blesse, de quelque manière que ce soit.
Une larme roule sur ma joue tellement je suis émue et touchée par ses paroles. Je prie pour qu'elle se mélange avec les gouttes d'eau et passe inaperçue mais Ruel la remarque et l'essuie de son pouce. Ce simple geste me fait frissonner, peut-être aussi à cause du froid.
- Allez, va te sécher avant d'attraper froid, murmure-t-il. Il commence à être tard, on devrait dormir.
Je hoche la tête mais avant de m'exécuter, je le prends dans mes bras. Il semble d'abord surpris puis ses paumes étonnamment chaudes viennent se placer naturellement dans mon dos. J'aimerais ne jamais quitter ses bras tant ils sont réconfortants. Là, tout de suite, je me sens en sécurité, j'ai l'impression que rien ne pourrait m'atteindre. Et je ne voudrais être nulle par ailleurs. Peut-être que c'est aussi parce que je suis encore sous l'emprise de l'alcool. En partie.
Je pars me changer et quand je reviens, je trouve Ruel assis sur son lit avec, pour seul et unique vêtement, un boxer. J'essaie de l'ignorer et me dirige vers le petit canapé.
- Je te laisse le lit, cette fois, dis-je dans un petit rire.
- Pas question, ce canapé est pire qu'inconfortable.
- Oh euh, alors ça ne t'embête pas que je dorme avec toi ?
- Si tu dors sur ce truc, tu auras le dos en compote. Même le sol est plus confortable.
- Ah. Le sol. D'accord.
Ok, j'ai compris le message. Il n'a pas apprécié la nuit qu'on a passée ensemble. Ce n'est pourtant pas ce que j'avais compris... Mon cerveau s'embrouille et, alors que je m'apprête à m'allonger par terre, j'entends Ruel exploser de rire.
- Mais je déconne, Amy ! Putain, je vais pas te faire dormir par terre.
- Ah ? Euh, ok. Mais du coup, je...
- Allez viens, dit-il en ouvrant ses bras avec un grand sourire.
Je souris à mon tour et saute dans le lit pour me blottir contre lui. Alors que je sens le sommeil m'envahir petit à petit, lovée dans ses bras, je perçois un souffle sur ma nuque qui me fait frissonner et je ne sais pas très bien si c'est le fruit de mon imagination ou si Ruel murmure vraiment :
- Bonne nuit, princesse.
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𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐓𝐎 𝐅𝐀𝐂𝐄 " 𝐫𝐮𝐞𝐥
FanfictionRuel, en manque d'inspiration dans son appartement londonien, accepte la proposition de son oncle de séjourner chez lui, à Paris. Amy, après sa rupture avec son petit-ami, s'ennuie et broie du noir dans sa villa parisienne. Pour tenter de leur remon...