26. amy

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Je tourne la tête vers la personne qui s'avance vers nous et je sens mon pouls s'accélérer à l'instant où je reconnais ce visage. Comment ose-t-il adresser la parole à Ruel après ce qu'il lui a fait subir ? Après ce qu'il m'a fait subir.

Je sens mes mains devenir moites et je commence à trembler alors que tous les souvenirs refont surface.

— Lucas, tu devrais partir, déclare Olivia.

— Du calme, je voulais simplement prendre des nouvelles de notre skater, se défend le brun.

— Et bien, comme tu peux le constater, il se porte à merveille, intervient à son tour Josh. Maintenant, bouge.

— Il est pas capable de se défendre tout seul, ou quoi ? s'énerve Lucas. Il a perdu sa langue en même temps que sa guibole ?

Le sourire sadique qu'il affiche de me plaît pas du tout. C'est alors que Ruel tourne la tête vers moi et remarque l'état dans lequel je suis. Je sens que je transpire et que ma respiration s'accélère de plus en plus. Je n'arrive plus à contrôler mes émotions et, à en juger par l'expression que je lis dans ses yeux, il s'en rend compte.

Son sang ne fait qu'un tour. Il serre son poing posé sur la table avant de bondir du banc sur lequel il était assis pour se jeter sur mon ex petit-ami.

Je porte une main à ma bouche en voyant Ruel frapper Lucas.

— Ruel, arrête ! s'écrie Lisa.

Je n'arrive pas à articuler quoi que ce soit. Les mots restent bloqués dans ma gorge. Une partie de moi veut lui dire d'arrêter mais d'un autre côté, je jubile intérieurement de le voir souffrir à son tour.

— Ruel, écoute-moi, tonne alors une voix grave. Lâche-le.

En entendant le ton autoritaire et posé de Josh, Ruel suspend son poing en l'air et tourne la tête vers son meilleur ami. La capacité que celui-ci a de contrôler Ruel me surprendra toujours. C'est alors que le blond semble réaliser ce qu'il est en train de faire. Il est assis à califourchon sur Lucas et le tient par le col de sa chemise. Du sang a coulé du nez et de la lèvre de Ruel mais Lucas est bien plus amoché.

Ruel se relève alors lentement et Lucas fait de même. Bien que celui-ci soit grand, Ruel fait une bonne tête de plus que lui ce qui, je l'avoue, ne me déplaît pas. Lucas s'essuie avec le revers de sa manche et crache du sang aux pieds de Ruel.

— On se reverra, enfoiré, déclare le brun en s'éloignant.

Il vient de se faire laminer et aurait pu finir très mal si Josh n'avait pas stoppé Ruel, mais il trouve quand même le moyen de la ramener.

Ruel reste là, les bras ballants, à regarder la tâche de sang laissée au sol. Je me lève et m'approche de lui.

— Qu'est-ce que j'ai fait... murmure-t-il, les yeux toujours rivés au sol.

Je passe un bras dans son dos.

— Allez, viens. Il faut nettoyer tes blessures.

Même si on se trouve au fond de la cour, je m'étonne qu'aucun surveillant n'ait aperçu la bagarre qui venait d'avoir lieu. Mais je ne m'en fais pas, je compte sur mon cafard d'ex petit-ami pour aller pleurnicher au CPE. En attendant, je dois m'occuper de Ruel. Les autres me regardent faire, n'osant pas bouger, même Josh.

— Ruel, regarde-moi, dis-je en posant une main sur sa joue.

Ce contact a comme l'effet d'une décharge électrique et il semble soudain revenir à la réalité.

— Je... je sais pas ce qui m'a pris...

— Il faut nettoyer ton visage, je réponds simplement. Suis-moi.

On arrive dans les toilettes et je le fais s'asseoir sur le bord de la cuvette afin que je sois à la bonne hauteur pour le soigner.

— Je suis désolé, Amy. Ça ne me ressemble pas de faire un truc pareil, dit-il en baissant les yeux.

Je ne réponds rien et j'attrape un mouchoir pour le mouiller.

— C'est juste que... quand j'ai vu l'état dans lequel tu étais rien qu'en le voyant... C'était trop, poursuit-il en relevant le visage vers moi. Ce mec est un connard fini, il a eu ce qu'il méritait.

Je hoche la tête.

— Je suis d'accord avec toi. Mais tu peux pas te battre avec tous les connards de la Terre, parce que, crois-moi, il y en a.

Je réussis à lui arracher un petit sourire.

— Et puis ça finira par se retourner contre toi.

— Sauf que, celui-là, il t'a blessée, toi. Je me trompe ? demande Ruel d'une voix douce.

Je me penche au-dessus du visage de Ruel et j'applique le mouchoir humide sur son menton. J'essuie délicatement le sang qui a coulé de sa lèvre fendue alors qu'il grimace un peu.

— Ça changerait quoi ? je réponds en haussant les épaules, voulant rester impassible.

— Tu ne mérites pas de souffrir, répond Ruel en articulant difficilement. Rien que de savoir que cet enfoiré t'a blessée me met hors de moi. Tu mérites quelqu'un qui prenne soin de toi et qui te respecte. Je laisserai plus jamais personne te faire du mal.

Je relève les yeux vers lui et je me perds dans ses prunelles vertes. Son regard est brûlant de rage et de désir à la fois. Il pose une main sur ma joue et répète :

— Plus jamais, tu m'entends ? Je te le promets.

Je sens mon souffle chaud s'échouer sur mon visage alors qu'il respire de plus en plus vite. Mes joues rougissent et je perds tous mes moyens. Soudain, Ruel approche son visage du mien et pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Je lâche tout ce que j'ai dans les mains et réponds à son baiser, me perdant dans ces sensations nouvelles. Il place ses mains sur mes hanches pour m'attirer contre lui et je sens mon corps s'enflammer. Son baiser est chaud et doux, lent et profond. C'est comme si on l'avait attendu toute notre vie.

Mais soudain il s'écarte et me dévisage avec de grand yeux. Ses pupilles sont dilatées, ses joues sont rouges et ses cheveux blonds sont emmêlés. Il est si beau.

— Amy, je... Pardonne-moi. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça.

— Moi je sais. C'est parce que je suis irrésistible, déclaré-je avec un sourire en coin.

Le visage de Ruel s'adoucit et il se gratte la tête comme un enfant, ce qui me fait craquer.

— Mais... alors, euh... tu m'en veux pas ?

Je hausse les épaules, le plus naturellement possible, bien que je n'ai jamais été aussi troublée et incertaine quant à ce que je ressens pour une personne.

— On va mettre ça sur le compte de la fatigue. Avec toutes les émotions qui nous ont traversés ces dernières heures, c'est normal d'être un peu déboussolés.

Il hoche la tête, fixant ses pieds, et je me surprends moi-même de ce que je viens de dire. C'est alors que la sonnerie retentit. J'attrape mon sac à la hâte et me dirige vers la porte. Je m'observe dans le miroir en remettant ma coiffure en place et jette un dernier regard en coin à Ruel avant de lancer :

— Ça va ? Tu vas t'en remettre ?

Il rit et me lance le paquet de mouchoirs à la figure avant de s'exclamer alors que je sors des toilettes :

— Ta modestie te jouera des tours, Amy Cooper !

Je balance mes boucles brunes par-dessus mon épaule en me dirigeant vers les escaliers, un grand sourire sur le visage. Tss, c'est lui qui dit ça.

𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐓𝐎 𝐅𝐀𝐂𝐄 " 𝐫𝐮𝐞𝐥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant