1.1 : Ancwulf 1

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— Restez tranquille, ordonna sèchement Ancwulf avec un coup d'œil par-dessus son épaule.
Derrière lui, le silence revint et les soldats cessèrent de gigoter.

Sa patience allait être récompensée.
Avec cette mission, il aurait enfin la possibilité de rentrer chez lui. Encore fallait-il la mener à bien.

Cela faisait presque un an qu'on l'avait cantonné au fin fond de cette contrée déserte. Il n'y avait que la mort alentour.

Cartorin était la cité la plus crainte des Terres Royales. La plus mystérieuse aussi.
Personne ne sortait de Cartorin, sinon mort.

Mais il soupçonnait que leur dernier prisonnier serait la clé pour retrouver les fugitifs. Il avait prévenu ses supérieurs qu'il ne servait à rien de le torturer. Ils avaient mis sept longs mois à le comprendre. Tout ce temps pour qu'il puisse enfin prendre les rênes.
Il avait déjà un plan.

Il était certain que l'ancien roi ne laisserait pas son frère pourrir en prison. Et de ce qu'ils savaient de sa garde rapprochée, ils étaient bien assez téméraires et prétentieux pour tenter de venir le délivrer.

Ancwulf avait laissé courir le bruit de l'emprisonnement d'Odhrán. Il avait ralenti la construction de la potence. Il avait également allégé considérablement la protection de la cité.
Il n'avait plus eu qu'à patienter. Trois mois s'étaient écoulés.

Il avait presque cru, à un moment donné, qu'il s'était trompé. Puis, il y avait eu les indices : des questions, des individus qui rôdaient, non loin.
Il touchait au but.

Ancwulf avait toujours été quelqu'un de patient... et vindicatif.
S'il avait été exilé ici, c'était la faute de l'ancien roi. Lors de l'assaut sur le château, lui et ses soldats s'étaient retrouvés face à son maître d'armes et à quelques guerriers. Il avait été sûr de pouvoir les arrêter.

Il s'était leurré.
Le grand type aux cheveux décolorés par le soleil avait littéralement balayé la majorité de ses hommes. À lui tout seul.
Il n'avait jamais vu personne se battre avec une telle précision et une telle férocité.
Ancwulf caressa du doigt la cicatrice qui traversait sa joue, puis il repoussa ses longues mèches brunes.

Il n'avait pas réussi à les stopper, non. Ce qui lui avait valu d'être relégué dans ce trou à rats, à surveiller des prisonniers déjà à moitié morts.
Aujourd'hui, il avait une revanche à prendre.

Il releva la tête au-dessus du talus et coinça son œil dans la longue-vue. À cent mètres en contrebas, il distinguait à peine ses ennemis dans la pénombre. Pourtant, ils étaient là. Il abandonna la lisière de la forêt pour parcourir la muraille blanche de Cartorin.
Sa persévérance fut récompensée quand il entrevit deux silhouettes qui disparaissaient dans la nuit.

Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant