1.2 : Ancwulf 2

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Il leva une main. Dans son dos, il y eut quelques murmures inaudibles, et le bruit de corps qui se préparaient à passer à l'attaque.

Ancwulf attendit encore que la petite armée du roi fugitif se disperse. Lorsqu'ils se furent éloignés, il se redressa pour faire signe à ses hommes de le suivre en silence.
Quelques minutes plus tard, ils chevauchaient à la poursuite des fuyards. À chaque ennemi qui se détachait de la troupe, il envoyait une partie de ses soldats les talonner.

Ils se séparèrent ainsi en cinq groupes de cinq individus. Il avait déjà donné ses directives, chacun savait ce qu'il devait faire.
Enfin, il ralentit l'allure. Il ne souhaitait pas rattraper les fugitifs tout de suite, il voulait leur laisser le temps de se croire à l'abri avant de les punir pour avoir trahi le roi actuel.

Les deux hommes qu'ils pourchassaient ne se doutaient manifestement pas que la mort était sur leurs traces. Moins d'une heure plus tard, ils débouchèrent dans un petit village.
Ancwulf compta à peu près dix masures.

À la lisière de la forêt, il attendit que les traîtres rentrent chez eux. Puis il patienta encore.
Ils attaquèrent alors que le soleil n'allait pas tarder à se lever.
Ils commencèrent par mettre le feu aux maisons de toits de chaume, et ils chassèrent tous les chevaux qui s'enfuirent dans la nuit.

L'instant d'après, des cris retentirent et les villageois sortirent des maisonnettes, paniqués.
Ancwulf resta immobile, sur sa monture, à regarder les gens s'agiter, complètement affolés.
Il y avait beaucoup d'enfants en bas âge.

Rien qui ne puisse émouvoir Ancwulf.

Lorsque les deux hommes qu'ils avaient poursuivis apparurent à leur tour, un rictus souleva ses lèvres.
Enfin...

Ils prirent conscience du danger en l'espace de quelques secondes. Il vit passer l'effroi, puis le ressentiment dans leurs yeux quand ils l'aperçurent.
Il descendit alors de cheval, et dégagea la lourde épée de son fourreau accroché à la selle, pour s'avancer vers eux.

Les deux hommes lui firent face.
Autour de lui, des hurlements et des pleurs résonnaient dans l'air. Des femmes se lamentaient, des enfants sanglotaient pendant que d'autres tentaient vainement d'éteindre les incendies.
Ses soldats avaient pour ordre de ne pas faire de quartier : tous les hommes devaient mourir. Même les enfants mâles.

Les pleurs se transformèrent en clameur horrifiée lorsqu'ils commencèrent le massacre.
Face à Ancwulf, la fureur emporta les traîtres quand ils comprirent qu'ils avaient amené la mort jusqu'à leur porte. Ils tirèrent leurs épées et se jetèrent sur l'adversaire.
Ancwulf les contra avec facilité. La jouissance de l'attaque courait dans ses veines. L'idée de perdre ne l'effleura même pas.

Le déchaînement des deux hommes était porté par leur désir de sauver leur famille, ce qui leur donnait une force étonnante, pourtant bientôt, leur concentration fut entravée par les lamentations des mères qui ne pouvaient empêcher les soldats d'égorger leurs enfants. L'un d'eux trébucha. Lorsqu'il releva la tête, il vit son fils s'écrouler.

— Non...

Il tendit la main vers lui, mais il était trop tard.
Ancwulf ne lui laissa pas le temps de pleurer son enfant ; il enfonça son épée dans son cou, sectionnant sa colonne d'un coup sec.
L'individu s'effondra, mort.

Son compagnon attaqua, cependant ses coups ne portaient plus. La peur enserrait son bras devenu trop faible. Ancwulf n'eut qu'à le contrer, enrouler son épée autour de la sienne avant de la faire sauter de sa main. Elle tomba avec un bruit étouffé par le sol terreux.
L'homme recula sous un appentis en feu.

Ancwulf ne chercha pas à l'épargner, il plongea en avant et lui transperça le ventre de son épée.
Il tourna les talons, remonta sur son cheval, son épée sanglante toujours à la main, et siffla pour regrouper les soudards qui achevaient d'anéantir le village.

Pendant quelques instants, il observa les flammes ravager ce qu'il restait des masures.
Les cadavres jonchaient le sol. Il n'y avait plus un seul mâle vivant.
Les femmes et les filles les fixèrent, le regard hanté.

Ancwulf se redressa sur sa selle.

— Voilà ce qui arrive quand on trahit le Roi ! lança-t-il d'une voix de stentor. Toute aide apporter aux fugitifs sera punie de la même façon !!

Il n'attendit pas, fit volter son destrier et s'éloigna sans un regard pour le hameau ravagé.
Lorsque le soleil pointa, les cinq groupes de cinq hommes avaient massacré tous les fuyards et leurs villages.

Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant