Brynhild enfila le couloir avec autant de rapidité qu'elle put pour rejoindre ses appartements. Son pas pressé résonnait sur les dalles de pierre.
Elle avait passé la journée à rendre la justice, à conseiller, à temporiser et depuis plusieurs heures un mal inconnu taraudait son ventre.
La douleur avait d'abord été supportable, et pour cette raison, elle l'avait ignoré. Mais au fur et à mesure que la journée avançait, la douleur était devenue plus présente, jusqu'à devenir insupportable.
Elle avait déjà une petite idée de la cause.
— Ayava !
Brynhild s'arrêta net et essaya de reprendre son souffle pour ne pas montrer sa faiblesse. Elle se recomposa un visage serein et se tourna vers l'intrus.
— Mon oncle, susurra-t-elle. Quelle heureuse surprise...
Elle retint une grimace de désarroi.
Il était bien la dernière personne qu'elle avait envie de voir à ce moment-là.— Ma chère, vous sentez-vous bien ?
Alvis empoigna doucement son coude pour la dévisager.
— Vous êtes partie tellement vite, que j'ai pensé...
Il scruta son visage aux traits tirés.
— Et bien, vous n'avez pas l'air en forme.
Brynhild se retint de lui demander s'il avait quelque chose à voir avec cela, mais elle préféra tenir sa langue. Son oncle s'approchait du trône un peu plus chaque jour. Elle craignait de ne plus pouvoir ouvrir les yeux un matin, et de le voir danser sur sa dépouille.
— Je vais bien, mon oncle. Je vous remercie de votre sollicitude.
Son regard se fit insistant.
— Vous semblez pourtant bien pâle... Vous auriez dû boire un peu plus de vin. Il vous aurait redonné des couleurs. Je peux aller vous en faire chercher, si vous voulez.
Brynhild plissa les yeux.
Était-il si sûr de lui qu'il ne prenait même plus garde à cacher ses méfaits ?!
Elle était persuadée que la douleur qui transperçait ses entrailles était due au poison glissé dans son gobelet. Fort heureusement, elle n'avait bu que deux gorgées.— Surtout pas ! Je crois que le vin me retourne l'estomac, mon oncle.
Elle grimaça.
— J'ai bien peur que la récolte de l'année passée n'ait pas donné le meilleur jus.
Alvis resta un moment immobile à la dévisager, puis se reprit.
— Oui, j'en conviens. Il est un peu trop acide par rapport aux années précédentes. Les températures froides ont été peu clémentes avec la plupart des récoltes malheureusement.
Brynhild sourit et se dégagea gentiment.— Si vous voulez bien m'excuser, dit-elle avec amabilité. Je vais aller me reposer avant le dîner.
Alvis hocha la tête et la regarda s'éloigner sans rien dire.
Brynhild arriva dans son antichambre pliée en deux.— Freyja !
Il ne fallut que quelques secondes à sa dame de compagnie pour accourir.
— Ayava !
Son regard apeuré se fixa sur sa maîtresse.
— Donne-moi le remède que tu m'avais fait avaler la dernière fois, Freyja.
Brynhild se traîna jusqu'à la petite banquette tapissée d'un velours bleu sombre et se laissa choir dessus, les mains pressées sur son ventre.
— Ma Dame, vous serez mieux dans votre lit !
Brynhild regarda la porte ouverte qui donnait sur sa chambre avec une grimace. Le trajet lui paraissait insurmontable.
Une douleur plus forte que les autres cisailla son estomac.
Elle se releva brusquement pour se précipiter vers son lit.— Freyja ! La cuvette ! Je vais vomir.
La petite femme de chambre replète accourut juste à temps pour tendre la cuvette à sa maîtresse.
Brynhild passa l'heure suivante à vomir et à se contorsionner dans le lit.
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Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]
Roman d'amour« Les huit guerriers ont fui. L'attaque des Kingars les a dispersés. Brogan, Niall et Daron se sont échappés vers le Nord-Est et ont délivré Odhrán, avant de fuir à nouveau pour échapper aux représailles des soldats de Darguen, décidés à les capture...