4.3 : Et si on arrêtait de jouer ?

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Comme aucun des deux ne voulaient céder du terrain, il choisit de rompre l'instant qui les liait.
Il saisit le savon, savonna vigoureusement son visage, sa barbe et ses cheveux, alors que

Brynhild laissait retomber ses mains pour agripper le rebord du bac, puis plongea la tête dans l'eau pour se rincer.

Lorsqu'il se releva, il s'ébroua comme un chien et éclaboussa la jeune fille qui ne bougea pas d'un pouce.

Cette histoire commençait à lui porter sur les nerfs.
Qui était cette femme... à part la reine de cette île ?
Que lui voulait-elle ?

Était-elle liée à Darguen de quelques manières que ce soit ?
Elle était agenouillée à ses côtés, le transperçait de son regard si clair qu'elle en paraissait aveugle par moment. Il avait l'impression qu'elle devinait plus de choses qu'elle n'aurait dû.
Il n'aimait pas sa manière de l'évaluer comme s'il était un pion dans son jeu, ni sa façon de glisser son regard sur lui comme si elle se demandait quel effet aurait son corps allongé sur elle.

Menteur.

Il se redressa brusquement.
Il vit la jeune femme retenir son souffle alors qu'elle levait la tête pour suivre des yeux la ligne de ses muscles.

Elle n'essuya pas les éclaboussures qui avaient aspergé son visage et ses vêtements.
Ils se fixèrent sans broncher ; elle agenouillée, le regard levé, des gouttelettes glissant sur ses joues ; lui dressé de toute sa hauteur, dégoulinant, la tête baissée vers elle.
Elle était à ses pieds.

Pendant un instant, une simple fraction de seconde, il hésita à laisser son côté barbare prendre le dessus.

Il serait si doux de la coucher sur le lit moelleux qui trônait à côté d'eux, et de se vautrer entre ses cuisses.

Mais quelque chose dans son regard lui fit abandonner cette idée. Coucher avec elle ne suffirait pas à éteindre le brasier dans ses prunelles.
Cette femme était une guerrière farouche. Pas une simple passade qu'il pourrait caresser et abandonner.

Même agenouillée devant lui.
Elle lui couperait les couilles s'il ne faisait pas attention.

Heureusement, il lui en fallait plus pour bander. Il n'était plus ce petit jouvenceau dont la queue se dressait au moindre parfum de femme.
Lentement, elle se redressa et se dirigea vers le lit pour récupérer une serviette qu'elle lui tendit.

Elle continua de l'observer pendant qu'il s'essuyait, au point qu'il commença à se sentir mal à l'aise.

Jamais de sa vie, il n'avait été considéré comme à objet à reluquer. La sensation était... désagréable.

— Petite, tu joues à un jeu dangereux, marmonna-t-il en ignorant les vêtements qu'elle lui tendait.

Il ramassa sa chemise déchirée qu'il passa par dessus sa tête.
Brynhild sourit.
— Ne m'appelez pas « petite », roi déchu.

Niall grogna son irritation mais ne rétorqua rien. Il renfila son pantalon avant de lui faire face.

— Et si on arrêtait de jouer maintenant ?

Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant