Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]

3.3 : L'Ayava, Balder & Oden

L'annonce avait jeté un froid dans la conversation. Ou plutôt, une stupeur extrême. Brynhild resta bouche bée.
Mais déjà, les rouages de son esprit se mettaient en branle. En pleine réflexion, elle porta les doigts à son visage pour tripoter ses lèvres.

— Il faudra dire que c'est moi qui t'aie envoyé en mission, annonça-t-elle soudain, toujours dans ses pensées.

Le guerrier hocha la tête.

— Tu ne risqueras rien. Ni tes hommes.

Elle se rapprocha de lui et posa une main sur la poitrine.

— La prochaine, Balder, je ne pourrais pas te protéger.

Il ne répondit rien.

— Va, maintenant. Je dois réfléchir...

Il s'éloigna en silence, et atteignait la porte lorsqu'il déclara sans se retourner :

— Je peux le tuer.

Brynhild sursauta.

— Le roi ? Tu n'y penses pas ?!

Il la contempla sombrement par-dessus son épaule.

— Alvis...

Brynhild retint son souffle. Balder comprenait tout sans qu'on lui ait expliqué quoi que ce soit.
Il aurait été un si bon roi.
Pendant une fraction de seconde, elle fut tentée d'accepter.
Puis elle secoua la tête.

— Ce serait un très mauvais choix politique, finit-elle par dire avec une certaine tristesse.

Voir ce rat mort n'aurait pas été pour lui déplaire, pourtant.

— Mais...

Il comprit son message et hocha la tête avant de sortir de la pièce.

                                                      ***

Oden regarda son frère passer à côté de lui en coup de vent. Il n'aurait jamais pu le laisser assumer leurs erreurs seul, même si c'était ce vers quoi il tendait de façon systématique.
Balder devait être protégé malgré lui.

Il lui emboîta le pas, le rattrapa dans le couloir et posa une main sur son épaule pour l'arrêter.
Pendant plusieurs longues secondes, ils restèrent silencieux.

— Tu aurais pu être Roi, souffla Oden, qui avait entendu toute la conversation.

La surprise et la déférence se mêlaient dans sa voix.

— Ce n'est pas mon rôle.

Si la réflexion de son frère l'avait contrarié, Balder n'en laissa rien paraître.
Il se détacha lentement de sa main et reprit sa route.
Oden le regarda s'éloigner.

— Tu es plus fou que je ne le pensais, murmura-t-il pour lui-même... ou plus sage.