Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]

3.1 : Repas de l'Ayava

Brynhild aurait bien goûté ce vin qui semblait savoureux et qui la narguait depuis le début du repas, mais elle se contenterait d'eau.

Elle prit soin de se servir dans la carafe que tout le monde utilisait pour remplir son gobelet. Elle était sûre, ainsi, de ne pas être à nouveau empoisonnée. Comme tous les soirs, elle était assise en bout de table. À la place d'honneur. Celle qui revenait à l'Ayava. Elle était seule face à tout le monde. Une position qui ne lui seyait guère mais dont elle s'accommodait par obligation.

Son oncle présidait à sa droite, taciturne.
Peut-être parce je suis encore en vie, se dit Brynhild avec ironie.

En face de lui, Ardnor Brudmaer. Son fils, Hákon, était un très bon parti. Mais Brynhild aurait préféré le voir en privé plutôt qu'en présence de son oncle. Si ce dernier se rendait compte qu'elle recherchait un mari, elle avait peur qu'il ne précipite sa décision de la tuer, et qu'il prenne des mesures bien plus radicales.

Freyja avait sûrement fait du zèle en le conviant ce soir.

Pendant tout le repas, elle évita d'approfondir trop les discussions avec Ardnor. Même si Alvis paraissait méfiant, il n'était pas rare que quelques nobles mangent à la table royale.

Du temps de son père, c'était d'ailleurs la norme. Celui qui était invité était considéré comme privilégié. Lorsque la santé de l'ancien Roi s'était dégradée, cette coutume avait cessé.

Brynhild avait alors pris l'habitude d'inviter d'autres personnes pour ne pas manger seule, en tête à tête avec son oncle. Des conseillers, quelques fidèles soldats, dont certains tenaient plus d'amis que de protecteurs de la Reine, un lettré et son commis qui s'occupaient de consigner dans des registres tout ce qui avait à trait à tout ce qui concernait le château : les finances, les comptes rendus des réunions avec les conseillers.

Elle avait aussi proposé à Freyja de manger avec elle mais la vieille dame n'avait jamais accepté.
Lorsque l'un des hommes qui étaient de garde vint se pencher à son oreille, elle en profita pour s'éclipser et éviter les questions gênantes de son oncle.