Brynhild observa toutes les émotions passer sur le visage de l'homme. La surprise, puis la considération, et enfin la colère.
— Pourquoi m'avez-vous amener ici ?
Il s'approcha du bac, et glissa une main dans l'eau pour apprécier sa température. Comme elle ne répondait pas, il se tourna vers elle.
— Je veux dire... sur l'île.
Brynhild haussa les épaules tout en l'observant. Elle voyait son cerveau fonctionner à toute allure. Elle avait devant elle un homme habitué à gérer des situations, et à prendre les choses en mains.
Et aussi étonnant que cela puisse lui paraître, cela lui plaisait.
— Je vous l'ai dit : c'est un concours de circonstance.
L'homme se redressa pour la fixer froidement.
— Non. Un concours de circonstance, c'est lorsque je dois faire l'inventaire des réserves, et que je me retrouve coincé dans la cave — à cause de cette fichu porte qui n'est toujours pas réparée
— avec la chambrière. On trouve alors de quoi s'occuper pendant quelques heures.
Son regard ne laissait aucun doute sur ses occupations avec la chambrière.
Brynhild sourit. S'il voulait la choquer avec des propos indécents, il apprendrait vite qu'il lui en fallait plus pour s'émouvoir.— Vous attendiez que votre femme vienne vous ouvrir la porte, sans aucun doute, ironisa-t-elle.
— Ma femme est morte il y a bien longtemps, rétorqua-t-il sèchement.Brynhild perdit son sourire.
Elle n'avait pas voulu le blesser. Aussi proches soient les terres sur lesquelles il avait régné, l'île était trop isolée pour que la plupart des rumeurs viennent jusqu'à elle. Aucun étranger ne mettait le pied sur l'île, et aucun îlien ne s'aventurait sur terre... enfin, jusqu'à maintenant.— Je suis désolée, murmura-t-elle.
Il l'observa un instant en silence, comme s'il jaugeait ses sentiments, puis il hocha brièvement la tête.
Brynhild en était à se demander si les plans qu'elle avait en tête étaient vraiment une bonne idée, quand il passa sa chemise déchirée par dessus sa tête.
Un éclair d'effronterie passa sur le visage de l'homme, alors qu'il la fixait sans baisser les yeux. Il attaqua ensuite les bouton de son pantalon et se déshabilla complètement.
S'il s'était attendu à ce que Brynhild se détourne, il en fût pour ses frais, car la jeune femme garda les yeux plantés dans les siens, sans faillir.Il resta un instant debout, nu, comme s'il la mettait au défi de le lorgner, puis il enjamba le bord du bac avant de se laisser tomber dans l'eau.
Le liquide déborda et s'écoula sur le sol de pierre en de petites rigoles.Il eut du mal à retenir un soupir de bien-être.
Brynhild regarda l'eau ensevelir son corps façonné, cacher ses cicatrices et ses bleus. Le liquide laissait un miroitement sur sa peau tannée par le soleil.Elle constata que, pour un roi, et pour son âge, il avait conservé un corps musclé en pleine santé.
Il aspergea son visage, sa barbe broussailleuse et ses cheveux. Des éclaboussures inondèrent le sol sans qu'ils s'en préoccupent.— Quel âge avez-vous ?
Il tourna la tête vers elle et haussa un sourcil.
— Est-ce important ?
Brynhild sourit.
— Non. De la simple curiosité.
Comme si, par ces mots, elle avait attisé sa propre curiosité, il pencha la tête en arrière et l'observa avec attention à son tour.
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Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]
Romance« Les huit guerriers ont fui. L'attaque des Kingars les a dispersés. Brogan, Niall et Daron se sont échappés vers le Nord-Est et ont délivré Odhrán, avant de fuir à nouveau pour échapper aux représailles des soldats de Darguen, décidés à les capture...