Niall observa le manège des gardes qui les surveillaient de l'entrée, restée ouverte.
Ils avaient navigué pendant plusieurs jours, dont Niall avait perdu le compte. Il avait découvert qu'il n'avait pas le pied marin. Il avait été nauséeux pendant une grande partie du trajet.
Brogan n'allait pas mieux : à chaque fois qu'il ouvrait les yeux, il cherchait à se détacher, ce qui immanquablement finissait avec un coup sur la tête pour l'assommer.La dernière fois que Niall avait relevé la tête sans vomir, ils étaient enveloppés d'une brume épaisse et humide. Il s'était demandé comment faisaient les hommes pour naviguer sans aucune visibilité.
Ils avaient pourtant bel et bien accosté, pour être amenés dans une hutte en bois à la forme arrondie. Le diamètre au sol était assez large pour contenir les trois hommes prisonniers, et leur laisser la place pour se déplacer.
Il leva la tête. Au-dessus de lui, une petite lucarne avait été découpé dans le bois pour ouvrir la hutte sur l'extérieur. Juste en dessous, un foyer éteint l'amena à penser que l'ouverture servait à évacuer la fumée d'un feu. Le reste du toit était recouvert de peau de bête huilée à l'extérieur pour permettre l'étanchéité contre les éléments, alors que la paille comblait les trous à l'intérieur avec ce qui semblait être de la boue séchée.
Malgré lui, il était impressionné par la technique de construction d'une simple hutte en bois.
Brogan avait été attaché à une branche épaisse qui faisait office de solive pour maintenir les murs. Alors qu'il s'escrimait encore à essayer de se détacher, Niall se tourna vers lui.— Arrête, lui conseilla-t-il. Tu vas finir par t'arracher les poignets.
Brogan le regarda, furieux devant son flegme.
— Détache-moi !
Depuis quelque temps, il n'y avait plus de « vous » ni de « Sire ». Niall ne prit pas la peine de lui rappeler à qui il s'adressait. Il y avait sans doute des choses plus importantes pour l'instant.
— Non, répondit-il avec calme.
Brogan prit une grande inspiration, comme s'il allait exploser.
Niall leva les mains vers lui.— Ça ne sert à rien, assura-t-il. Si je te libère, tu vas foncer tête baissée encore une fois.
Après un instant de réflexion, il reprit :
— Et ce n'est pas ainsi que je veux négocier...
Il se leva et commença à faire les cent pas.
— Niall, il n'y a rien à négocier ! Daron est en train de mourir !
Niall se tourna vers son compagnon recroquevillé au sol. Il repoussa le sentiment de désespoir qui manqua de le submerger.
Perdre Daron serait un coup dur, il ne le niait pas, mais si sa mort pouvait permettre d'éviter la mort d'autres hommes — notamment celle de Brogan et la sienne — alors c'était que les choses devaient se dérouler ainsi.
Il leva un regard plein de compassion vers son maître d'armes. Il connaissait l'amitié qui les liait.
Ce dernier comprit avant même qu'il ait ouvert la bouche.— Espèce de fumier ! Tu es vraiment prêt à tout pour récupérer ton foutu trône !
Niall accusa le coup.
Il connaissait Brogan depuis assez longtemps pour savoir que la loyauté était son plus fort principe. C'était même plus que ça ; c'était un art de vivre.— Tu ne comprends pas... commença-t-il.
— Je comprends très bien que tu es prêt à tous nous sacrifier, sans aucun état d'âme !Niall passa une main nerveuse dans ses cheveux et s'approcha de Brogan.
— Ne sois pas stupide !
Brogan lui renvoya un regard acerbe.
À ce moment-là, l'un des hommes qui les avait capturés entra dans la hutte.— Tu as toujours été une foutue tête de mule ! siffla Niall avant de se retourner pour frapper l'homme.
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Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]
Romantizm« Les huit guerriers ont fui. L'attaque des Kingars les a dispersés. Brogan, Niall et Daron se sont échappés vers le Nord-Est et ont délivré Odhrán, avant de fuir à nouveau pour échapper aux représailles des soldats de Darguen, décidés à les capture...