Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]

2.2 : Prisonniers

Le balancement de son corps le ramena à la réalité.
Une réalité très douloureuse.

Niall porte la main à sa tête avec une grimace. Il se sentait nauséeux. Quelque chose martelait son crâne avec autant d'application qu'un joueur de tambour frappant son instrument.
Un gémissement lui échappa et il ouvrit enfin les yeux... pour les refermer aussitôt. La lumière était beaucoup trop forte.

Il tâtonna à côté de lui afin d'éteindre la bougie dont la lueur écorchait ses rétines, avant de se rendre compte qu'il n'y avait rien.

Il protégea alors son visage de son avant-bras, et ouvrit à nouveau prudemment les yeux. Il n'y avait, en effet, rien à côté de lui, sinon le rebord en bois de... Il fronça les sourcils. Il tanguait. Son corps oscillait légèrement de droite à gauche.

Il leva la tête et se retrouva nez à nez avec une immensité très bleue, et très humide.

Par tous les Saints !

Il se redressa brusquement, pour le regretter aussitôt. Son mal de crâne additionné à sa nausée et au mouvement du bateau acheva de lui retourner l'estomac. Il se pencha par-dessus bord pour vomir.

Il se retourna quand il entendit des ricanements.
Les sauvages l'observaient, un rictus au bord des lèvres. Il leur aurait bien dit qu'il n'avait pas le mal de mer, mais que le coup qu'il avait reçu sur la tête aurait assommé un bœuf, cependant, il préféra garder le silence.

Il n'était pas attaché, à l'inverse de Brogan qui se tenait recroquevillé au fond du bateau. Au vu de ses yeux plissés de fureur, Niall était certain que cette position n'était pas de son fait, mais plutôt des liens très courts qui le maintenaient jambes et bras repliés.

À côté de Brogan, Daron gisait sur le flanc, dos à lui. Il voulut s'approcher de lui, mais aussitôt, un couteau aussi long que son avant-bras se matérialisa sous sa gorge.
Il se figea.

Un coup d'œil sur l'homme qui tenait l'arme lui apprit qu'au moindre geste, il serait mort.
Il se recula légèrement et désigna l'homme agonisant.

— Mon ami a besoin de soins, déclara-t-il avec calme.

Il avait rapidement compris qu'il ne servait plus à rien de paniquer.
L'homme qui se tenait derrière Brogan poussa l'épaule de Daron qui ne bougea pas. Il parla à celui qui tenait le couteau, et ce dernier haussa les épaules.

— Ton ami sera bientôt mort, dit alors le sauvage en fixant Niall froidement. Et toi aussi, si tu bouges encore.

Niall le dévisagea. Plus étonné de l'entendre parler sa langue, qu'effrayé par sa menace.

— Où est-ce que vous nous emmenez ? demanda-t-il alors.

L'homme le fixa mais ne répondit pas.
À l'autre bout du bateau, des hommes prononcèrent quelques paroles dans leur dialecte. Ils s'adressaient à celui avec la cicatrice. Ce dernier se tourna vers lui et le transperça de son regard.

Puis il regarda l'homme derrière Niall et lui signifia quelque chose qu'il ne comprit pas. Aussitôt, le couteau disparut.

Du pied, l'homme à la cicatrice repoussa Daron. Sans vraiment de méchanceté, mais Niall ne prit pas non plus ça pour un geste affectueux. Il s'approcha de son ami.
Son visage était blême, sa respiration infime. Avec précaution, il enleva le linge sur son ventre. Il était imbibé de sang.

Il le laissa de côté et vérifia la plaie. À son grand soulagement, elle ne saignait plus, mais il avait perdu tellement de sang que Niall craignait pour sa vie.
Le désespoir s'abattit sur ses épaules.