Brynhild croisa les bras sur sa poitrine, et le jaugea.
Avait-elle bien évaluer la situation ou n'avait-elle vu que ce qu'elle désirait voir ?
Une fois lancée, il n'y aurait pas de retour en arrière.— J'ai une proposition à vous faire.
Niall la jaugea à son tour.
— Votre lit en échange de quoi ? lança-t-il tout à trac.
Ses paroles sans détour déstabilisèrent la jeune femme. Pas très longtemps.
Elle décroisa les bras, afficha un sourire en coin, et tourna autour de lui comme maquignon autour d'un cheval.L'homme serra les poings, contracta les mâchoires. Elle s'arrêta devant lui pour le mesurer du regard.
— Pas mon lit, rétorqua-t-elle sans ciller. Mon royaume.
Cette fois-ci, ce fut au tour de Niall d'être déstabilisé. Il secoua la tête.
— Qu'est-ce q... ?
Elle leva une main pour le couper.
— Je ne peux pas faire grand chose pour votre statut de prisonniers. Ni pour vous, ni pour vos amis.
Les yeux de l'homme brillèrent de colère.
— Vous êtes Reine !
— Une reine sans pouvoir, j'en ai bien peur...Il l'attrapa par les épaules et pressa jusqu'à lui faire mal.
— Qui dirige cette foutue île, alors ?!
— Le Conseil, répondit calmement la jeune femme. Et tout étranger retrouvé sur nos terres est passible de peine de mort.
— Vous vous foutez de moi ?! cria l'homme alors qu'il se trouvait juste devant son nez.Brynhild fit la grimace et se dégagea.
— Nous ne sommes pas venus sur vos foutues terres ! Vos hommes nous y ont amené de force !
Il se retourna pour faire les cents pas.
— Je ne sacrifierai pas mes guerriers, fit remarquer Brynhild.
Il se tourna brusquement vers elle et la fixa avec colère.
— Ce sera votre parole contre la mienne... conclut-elle calmement.
Brynhild vit la haine briller dans son regard. Il savait qu'il était piégé. Il attendait maintenant la mise à mort.
Furieux, il donna un coup de poing dans le baldaquin du lit qui trembla de haut en bas.— Pourquoi ?!!
— Parce que j'ai besoin de vous.Toute aussi franche que lui, elle ne voyait pas de raison de tourner autour du pot.
Il restait tourné vers le lit, il essayait de réprimer la colère qui lui vrillait le crâne.
Il la regarda enfin.— Dans quel intérêt ?
Sa voix était plus posée mais Brynhild ne s'y trompa pas : ses yeux étaient encore armés d'une violence à peine contenue.
— Un roi a besoin d'un peuple, et de terres. C'est ce que je vous offre.
— À quelle condition ?
— M'épouser.Maintenant que sa carte était jouée, la jeune femme sentait l'angoisse transpercer sa poitrine.
Il resta stoïque si longtemps qu'elle crût qu'il n'avait pas entendu, ou pas compris sa proposition.Elle ouvrait la bouche pour répéter lorsqu'il éclata de rire.
Un rire moqueur, condescendant.
L'irritation remplaça l'angoisse et Brynhild fronça les sourcils, agacée.— Tu ne sais pas jouer à ce jeu, petite.
Il la regardait maintenant avec morgue. Brynhild serra les dents. Elle détestait cette attitude hautaine et méprisante. Toute sa vie, elle s'était battu pour avoir le respect de ses pairs. Être née femme, et Reine de surcroit, n'était pas un boulot facile tous les jours.
Elle s'approcha de lui pour pointer un doigt sur sa poitrine et tapoter assez fort pour le faire grimacer.
— Vous, vous ne savez pas jouer, roi déchu. Vous n'avez pas bien saisi ce que je vous offre !
Il se redressa de toute sa taille et la toisa.
— Un fourreau chaud et dégoulinant pour mettre ma queue en échange d'un mariage ?
— Imbécile ! Inutile d'être aussi grossier ! Je vous offre bien plus que cela !L'homme secoua la tête et ricana en tirant sur sa barbe, puis il se pencha vers elle.
— Vous ne m'offrez rien que je ne possède déjà. Cet accord n'est pas en ma faveur.
La colère embrasa les yeux si claires de la jeune femme et tira ses traits délicats en une grimace amer.
Elle se dressa sur ses pieds, à tel point que son nez toucha le sien.— Vous n'avez rien ! cracha-t-elle avec hargne. Vous n'êtes qu'un homme en fuite dont la tête vaut une fortune !
Elle se recula et le toisa avec dédain.
— Peut-être devrais-je d'ailleurs proposer cette alliance avec le véritable Roi... pas à un type (elle le désigna avec dégoût) qui ne vaut plus rien.
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Le Roi en Exil, tome 2 : Niall [EN PAUSE]
Romansa« Les huit guerriers ont fui. L'attaque des Kingars les a dispersés. Brogan, Niall et Daron se sont échappés vers le Nord-Est et ont délivré Odhrán, avant de fuir à nouveau pour échapper aux représailles des soldats de Darguen, décidés à les capture...