Déjà une semaine que Jasper se trouvait ici. Confiné dans ce bunker hautement sécurisé, il étouffait. Comment pouvait-on vivre sans lumière naturelle ? Ici tout était artificiel, aussi bien l’eau que l’air ou encore que la lumière. Tout passait par un filtre avant de leur parvenir, même les informations. Comment accepter ces conditions de vie ? Et pour ne rien arranger à sa situation, son moral était au plus bas. Comme il l’avait prédit il leur faudrait du temps pour trouver un vaccin ou un traitement, et autant dire qu’ils ne parvenaient à trouver un début de voie à suivre.
Le jeune homme n’aboutissait à rien, et son équipe se décourageait davantage chaque jour passé. Il faut dire que les débuts entre eux avaient été mouvementés. L’équipe était composée des meilleurs scientifiques du pays, tous plus vieux que Jasper, pourtant il avait été nommé chef, à l’incompréhension générale. Cette place était difficile à assumer pour lui qui ne travaillait jamais en équipe. Il n’arrivait pas à trouver sa place, et les tensions éclataient souvent au sein du groupe.
Le jeune homme ne se démontait pas pour autant, et il gagna leur respect peu à peu par sa ténacité. Il s’entendait bien avec James qui le faisait beaucoup rire. Dans les moments de doute, il se confiait facilement à Amélie, la seule femme de cet endroit, semblait-il. Enfin du moins, dans son entourage proche, car il ne connaissait pas encore tout le monde. Le tempérament doux de la jeune femme aidait à désamorcer les conflits qui ne manquaient pas d’arriver. Difficile de faire autrement dans un tel huis-clos. Dans cette fourmilière géante, chacun avait un rôle bien défini. Psychologues, sociologues, militaires, scientifiques, tous étaient nécessaires à son bon fonctionnement. Le tout supervisé par William. Le chef suprême de cet endroit qui recevait ses ordres directement du chef de l’Etat.
La petite équipe de Jasper se terminait par Robert, qui lui exprimait encore de l’hostilité. Peut-être parce qu’il était le plus vieux et avait plus à perdre ? Après tout, ils étaient tous dans la même situation, enfermés ici, privés de communications. En sécurité contre cette maladie infernale, mais leurs proches eux courraient tous les dangers, et aucuns moyens pour les prévenir. Robert avait une femme et un petit garçon qu’il avait quitté précipitamment pour venir ici, alors chaque nouvel échec le frustrait, car il reculait le moment des retrouvailles, et augmentait leur chance de contamination.
Tous les matins, les scientifiques dissertaient sur les nouveaux résultats qu’ils avaient obtenus, espérant remarquer une piste qui leur aurait échappé.
— Bon, résumons la situation. Que savons-nous ?
Amélie menait toujours ces séances de collecte d’informations.
— Virus. Hautement contagieux. Origine animale. Volaille ? Transmissible par l’air. Reste à définir à quel taux. Symptômes toux ou rhume. Forte fièvre. Eruption cutanée. Inflammation au niveau des voies respiratoires. Obstruction de ces dernières. Mort.
Clair, précis, concis, une parfaite description du travail de Robert.
— Virus, donc antibiotiques inutiles, aucun vaccin n’a permis de stopper sa progression, ni les AINS. Les victimes n’avaient aucuns antécédents qui puissent nous être utiles.
Pour une fois, James dépeignait une triste situation. Lui si enjoué, après quelques recherches sans résultats, pas même une infime amélioration, perdait son sourire. Jasper ne disait rien, triturant nerveusement son stylo. Il relisait ses notes, encore et encore, comme si la solution se trouvait là quelque part juste sous son nez. Pourquoi rien ne lui venait à l’esprit ?
La situation le rongeait. Il s’était fait à l’idée qu’il ne sortirait pas d’ici tant que tout ça ne serait pas terminé. Ça ne le dérangeait pas outre mesure. Dehors personne ne l’attendait. Son père penserait qu’il était avec des amis, sa mère ne le contredirait pas, bien qu’un peu inquiète qu’il ne l’ait pas prévenue. Mais son père lui dirait que les jeunes sont comme ça, spontanés, ils improvisent au dernier moment. Qu’ils profitent de leur vie étudiante. Sa sœur tilterait surement à son absence, et à tous ses messages muets. C’est la savoir seule, dehors avec ce virus, qui le dérangeait. Il était enfermé ici en train d’essayer de jouer au héros, et elle inconsciente de tout continuait sa vie. Faite qu’il ne lui arrive rien, qu’elle soit épargnée par cette folie meurtrière, pria-t-il.
Ici tout le monde était logé à la même enseigne, disparu dans la nature sans un message pour prévenir quiconque. Ignorant tout de la santé de leurs proches, c’est pour cela qu’ils se donnaient corps et âme dans leurs recherches. Pour retrouver rapidement leur liberté. Peut-être justement à cause de son jeune âge, Jasper ne s’accommodait pas à ces règles trop strictes. L’esprit rebelle des jeunes diraient certains, mais pour lui, c’était surtout une révolte envers une privation de libertés. Inadmissible ! Il était prêt à travailler dur, à ne pas chercher à sortir d’ici, mais il voulait au moins téléphoner à sa sœur. Lui dire qu’il était en sécurité, que tout allait bien pour lui. Savoir comment elle allait, la mettre en garde. Il l’avait demandé à William de nombreuses fois, avec à la clé un refus systématique. Rien ne devait filtrer. Tout cela l’épuisait. Comment convaincre un homme aussi droit que lui ? Jamais il ne parviendrait à le faire céder.
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QUAND LA NUIT S'ABATTRA
RomanceUn virus mortel se propage sur la Terre, les cadavres tombent, l'humanité est menacée. Jasper, jeune génie au Q.I surdéveloppé est kidnappé par William, homme de main du gouvernement, et emmené dans un laboratoire secret. Sa mission est simple : tro...