QUAND LA NUIT S'ABATTRA

17 Mai

— Monsieur est ce que vous nous entendez ?

Jasper s’agitait au-dessus de son patient. Ses constantes vitales étaient faibles. Alors que tout allait bien pour cet homme, son état s’était subitement dégradé. Était-ce dû à une intolérance au médicament ? Était-ce un problème de dosage ? Tant de possibilités. Jasper repoussa ces questionnements. Ce n’était pas le moment d’y réfléchir. Pour le moment, il devait sauver la vie de cet homme.

— Tout ça c’est de votre faute. Je l’avais dit qu’avec vos expérimentations vous alliez nous tuer.

Jasper bien que parlant russe n’était pas bilingue. Il comprit à moitié les reproches de l’homme, et essaya de répondre.

— Vous vous trompez, murmura-t-il. Ce n’est pas nous, ce sont des terroristes. Nous, nous allons vous sauver.

Ces mots lui arrachèrent la langue. Il savait pertinemment qu’il proférait un absurde mensonge. La vie de cet homme allait sans doute être sacrifiée pour sauver celle de la population.

L’homme tourna la tête de l’autre côté, comme pour le fuir. Lui et ses paroles mensongères. Jasper soupira et fit signe à sa sœur de pratiquer l’injection prévue. En silence, elle s’exécuta, perturbée par le reproche de l’homme.

Aucun d’entre eux ne remarqua que par un quelconque moyen l’homme avait réussi à se libérer de ses entraves. L’homme se redressa vivement, récupérant l’aiguille dans son bras, et la retourna contre la jeune femme. Transperçant toutes ses protections, elle finit dans sa cuisse.

— Désormais nous sommes quittes, rigola l’homme. Une vie contre une vie, cela me semble un bon deal.

Il retomba lourdement sur sa couchette, alors que ses constantes s’affolaient.

Clarissa et Jasper se regardèrent, tétanisés par ce qui venait de se passer. Derrière eux les portes s’ouvrirent à la volée, alors que Luke les éloignait du prisonnier. Bientôt William, la femme russe et les garde accoururent.

— Que s’est-il passé ? demanda William.

Son regard volait d’un coin de la pièce à l’autre. D’un côté Jasper et Clarissa fermement tenus par Luke, de l’autre le prisonnier qui convulsait sur sa couchette, étroitement entouré des gardes.

Luke lui fit un rapide rapport de la situation. Il ne fallut que quelques minutes pour que William contrôle de nouveau la situation.

— Luke occupe-toi de Clarissa. Désinfecte sa blessure et trouve-lui une nouvelle combinaison.

Puis il se tourna vers la femme russe.

— Tatiana, fais remballer le matériel, et prépare notre hélicoptère. Nous retournons à la base, décida-t-il.

Enfin il se tourna vers Jasper, et le secoua légèrement. Le jeune homme était semble-t-il dans un état de choc profond.

— On va rentrer Jasper. Ta sœur ira bien, affirma-t-il.

Le jeune homme sortit de son état de transe. Ses yeux accrochèrent ceux acier de l’homme. A cet instant il voulut le croire. Après tout il était si sûr de lui qu’il ne pouvait qu’avoir raison.