17 Janvier

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La cadence s’accélérait de jour en jour, Jasper s’épuisait à la tâche sans se plaindre. William et son ami étaient préoccupés par l’extérieur, lui laissant du zèle, le moment était donc parfait. Distrait de sa surveillance, Jasper avait le champ libre. Après avoir dû ruser de stratagèmes pour faire part de ses intentions à Amélie d’abord, qui elle-même les avait relayées à James, ils avaient monté un plan.

— Ok, j’ai peut-être une idée.

Jasper écouta, intéressé.

— J’ai réussi à me procurer une partie des plans de l’architecture du bâtiment.

— Fais-voir !

Amélie s’enthousiasmait sans se contenir, cette fugue mettait de l’action dans leur quotidien si morbide. Tiraillée entre deux choix, elle l’aurait bien accompagné, mais quitter le navire en cours de route et sa protection l’effrayait. Elle voulait vivre, protégée dans le laboratoire, et continuer les recherches, même si cela signifiait sacrifier une partie de la population pour en sauver une autre.

— Le plus simple, c’est que tu prennes l’ascenseur principal. De là, tu pourras atteindre la surface et la lumière du jour, expliqua-t-il en traçant le parcourt sur la feuille.

— Trop simple, s’extasia Amélie.

— Pas totalement. Une fois dehors, tu risques de te retrouver au beau milieu de nulle part. Je n’arrive pas bien à situer notre emplacement exact, mais il y a fort à parier que ce soit en pleine nature.

— Et tu ne pourras pas compter sur le stop, marmonna-t-il.

— Je marcherai.

Jasper était résolu. Il ne s’arrêterait pas à un détail aussi insignifiant que le transport.

— OK. Bon deuxième point. Tromper leur vigilance.

Cela risquerait d’être ardu, car s’il se faisait choper, il jouait gros, et les conséquences seraient catastrophiques.

— L’ascenseur principal est surveillé, mais ils ne s’attendront pas à ce que tu l’empruntes. Trop évident. Il n’y a qu’un garde qui y est affecté, et le relai se fait toutes les deux heures. Entre la dernière équipe de jour et celle de nuit, il y a un battement de dix minutes. C’est à ce moment que tu devras agir.

— Un seul garde ?

Jasper était dubitatif. Cela paraissait trop léger. Un piège ? Tant pis, il devait tenter le coup, quitte à se jeter dans la gueule du loup.

— Oui à moi aussi ça m’a paru bizarre, mais c’est une chance, il faut prendre le risque.

Amélie approuva.

— Merci pour votre aide. Je ne pense pas qu’on se reverra d’ici la fin de toute cette histoire, je vous laisse mes notes, et trouvez rapidement le vaccin.

Ils s’étreignirent fortement. Leurs voies se sépareraient ce soir. Plus les heures défilaient, plus Jasper se sentait nerveux. Il s’obligeait, tout comme ses amis, à ne rien faire qui puisse le trahir, à se comporter normalement, mais surtout à empêcher ses mains de trembler. Pourtant la boule d’angoisse était bien là, dans son ventre, rendant chacun de ses gestes fébriles. Ne pouvait-il donc pas cesser de sursauter lamentablement à chaque bruit ?

*

L’heure venue, Jasper les quitta leur souhaitant bonne nuit, comme à leur habitude. Il lança un dernier coup d’œil au laboratoire, qu’il espéra ne pas être trop insistant. Il quittait le navire en cours de route. Peut-être regretterait-il sa décision, mais il devait aider ces pauvres gens. Abandonner ceux malades actuellement au profit d’une population qui serait sauvée par un vaccin lui apparaissait inconcevable. C’est pourquoi il désirait aller à la rencontre des français et leur proposer ses prototypes. A eux ensuite de choisir entre refuser son prototype de vaccin, ou l’accepter, sachant les risques qu’ils encourraient. A savoir le risque d’un rejet violent par leur corps, avec un risque d’y rester.

QUAND LA NUIT S'ABATTRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant