2 Septembre

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Deux jours plus tard, le père dirigea l’hommage à sa fille, secondé par sa femme et son fils, dans l’intimité la plus totale. Ils voulaient tirer un trait sur toute cette histoire, et recommencer à avancer. Même s’il n’était jamais facile d’oublier ce drame, ni même de réussir à combler le vide laissé par l’absente.

Gracieusement, la mère de Jasper offrit le gite et le couvert à ceux qui avaient accompagné son fils tout au long de cette histoire. Jasper ne savait pas jusqu’à quel point ses parents connaissaient son implication dans toute l’histoire, et il ignorait ce qu’il avait le droit de dévoiler. Il en eut bien vite la réponse au cours du repas. Sa mère se montrait polie avec ses hôtes, sans toutefois les accueillir à bras ouverts. Il était clair qu’elle les tenait responsables de l’implication de ses enfants. Elle les tenait également coupable de la perte de sa fille. Son père lui fut plus direct. Alors que Jasper allait se coucher, il l’alpagua.

— Jasper attends !

Le jeune homme regarda autour de lui. Le salon était vide. Il pesa le pour et le contre d’une discussion en tête à tête avec son père. Jusqu’à présent, elles avaient toujours fini en désastre. Il se résigna tout de même à l’écouter, peut-être était-il temps d’enterrer la hache de guerre.

— Je m’excuse pour ce que j’ai pu te dire.

Jasper hallucina. Son père était un homme fier qui ne reconnaissait pas ses erreurs.

— Ils nous ont dit ce que tu avais fait, déclara-t-il en désignant d’un vaste geste l’étage où se trouvait Evgeny et William.

— Je n’ai pas eu le choix.

— Peut-être, mais tu nous as tous sauvé. Alors merci.

Son père lui tendit une main que Jasper accepta. Un nouveau départ s’annonçait pour eux.

— Ils m’ont aussi raconté ton intervention lors du conseil.

Le jeune homme rougit. C’était une chose de se faire féliciter pour ses capacités intellectuelles, mais dès qu’il s’agissait du conseil, il se sentait gêné. Sur le coup, il avait écouté son cœur, défendu ce qui lui était cher, mais après réflexion, il s’était surtout montré inconscient.

— Toutes ces années, j’ai eu tort. J’aurais dû voir que tu étais spécial.

C’était dit avec tant de regrets que Jasper lui pardonna immédiatement.

— Ta mère m’a dit la vérité. A propos de tes multiples diplômes.

La peur déliait la langue de sa mère, et dans l’incertitude de l’avenir, elle lui avait tout avoué. Elle voulait mourir libre, sans secret pour son mari. Tout cela lui avait ouvert les yeux. La perte de Clary était suffisante, il ne perdrait pas quelqu’un d’autre. Il avait jeté ses à priori et était prêt à accueillir Jasper tel qu’il était.

— Sache que désormais, je te soutiendrai dans tous tes choix. Quels qu’ils soient.

Ses mots réchauffaient le cœur de Jasper.

— Je suis désolé de ne pas avoir été un bon père.

Les larmes embuèrent les yeux du jeune homme, et le père peu à l’aise avec les sentiments détourna habilement la conversation. Il toussota quelque instant, le temps de retrouver une voix correcte. Il ne laisserait pas transparaitre que lui également était ému.

— Tu devrais aller rejoindre tes amis. Je crois qu’ils tiennent énormément à toi. Ils te veulent à leurs côtés.

Le fait que son père énonce si facilement ça le choquait. Auparavant, il les aurait chassés, son fils avec. Comme quoi, rien de tel qu’une catastrophe pour changer les gens.

QUAND LA NUIT S'ABATTRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant