3 Janvier

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Les jours qui suivirent furent un enfer pour Jasper. Même si depuis la confidence de William leurs relations s’étaient détendues. Le jeune homme ne cherchait plus le conflit et la surveillance se relâchait, mais en une nuit tout avait changé.

L’homme venait régulièrement dans le laboratoire surveiller leur progression. Il les hâtait et les scientifiques travaillaient sous pression constante. Quelque chose se tramait. Rien ne méritait un tel revirement de situation. Quelque chose de grave devait avoir eu lieu pour qu’il soit autant sur le qui-vive. Mais quoi ? Jasper ne supportait plus d’être dans le noir complet. Il décida d’en avoir le cœur net. Alors que le soir tombait, lui et ses coéquipiers rangeaient la pièce.

— Vous ne trouvez pas ça bizarre ?

La question posée par James les fit relever la tête. Amélie défit sa queue de cheval libérant ses longs cheveux bruns, elle s’assit lourdement, affichant une moue pensive.

— C’est vrai, on ne l’a jamais vu ici.

Elle regarda Jasper du coin de l’œil, un fin sourire éclairant son visage.

— Sauf pour se disputer avec le petit oiseau.

C’était officiellement devenu son surnom.

— Mais maintenant il ne nous lâche plus d’une semelle.

— Vous croyez que…

James ne finit pas sa phrase, tous la comprenaient très bien. Oui, William leur cachait quelque chose. Les informations ne devaient pas être si bonnes.

— On devrait lui demander, nous aussi on a le droit de savoir.

— Suffit ! s’énerva Robert. Arrêtez de vous rebeller à chacune de ses décisions ! On doit se concentrer sur la recherche d’un vaccin. Uniquement.

— Je ne suis pas d’accord, releva Amélie. Oui en venant ici on nous a investi d’une mission, mais ça ne leur donne pas pour autant le droit de nous priver de l’extérieur.

Jasper les écouta se disputer sans interagir, de toute façon sa décision était déjà prise. Il enleva sa blouse et leur déclara juste avant de partir.

— Je vais aller l’interroger. Pas besoin que l’un de vous s’implique dedans. Notre relation est déjà conflictuelle alors un peu plus, ce n’est pas bien grave. Autant qu’il n’en ait qu’un d’entre nous dans le viseur.

Il les quitta avant qu’ils n’aient eu le temps de répliquer. S’ils voulaient l’arrêter il risquerait de ne pas se maîtriser, et de les envoyer balader. Il préférait éviter. S’ils restaient encore longtemps confinés, il ne voulait pas se les mettre tous à dos. Ses coéquipiers étaient peut-être les seules personnes qui lui permettaient de rester aussi sain d’esprit que la situation l’admettait.

*

Jasper se stoppa devant l’antre du diable. Il rassembla le peu de courage qu’il lui restait à la fin de cette nouvelle journée d’échec, et frappa. William ne tarda pas à apparaitre lui libérant le passage. Le jeune homme fit quelque pas dans la pièce qui était totalement différente de ce qu’il s’imaginait. Les couleurs chaudes lui sautèrent à la figure, rien à voir avec leurs espaces de vie commune. Au centre de la pièce trônait un canapé, en face un grand écran plat. Mais également un bureau massif, que Jasper pensait être en bois, mais il n’en était pas certain tellement ce dernier était encombré. Il remarqua également les trois ordinateurs, surement pour communiquer avec ses supérieurs. Au moins lui n’était pas coupé de tout.

William le dévisageait un air de surprise peint sur ses traits, qui s’effaça rapidement. Son visage se ferma, et Jasper sut que l’homme n’était pas dans les meilleures dispositions pour la discussion qui allait suivre. Qu’importe, il ne ferait pas marche arrière. C’était maintenant ou jamais. Il refusait de continuer à travailler dans de telles conditions.

QUAND LA NUIT S'ABATTRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant