18 Août

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Après une nuit de plus de douze heures, Jasper se réveilla. Une odeur de nourriture lui titilla les narines. Il se redressa contre les oreillers pour le soutenir et jeta un coup d’œil à la pièce, essayant de trouver d’où venait ce doux fumet.

— Lara a pensé que tu aurais faim. J’ai pour ordre de te faire tout avaler.

Les yeux de Jasper s’élargirent à la vue du gargantuesque petit déjeuner que lui apportait le russe.

— Mais il y en a au moins pour quatre, s’indigna-t-il.

Evgeny lui répondit avec une petite moue amusée.

— Tu n’as pas mangé depuis au moins vingt-quatre heures.

Jasper fit un rapide calcul, et avec tous les événements, se rendit compte que son dernier vrai repas remontait à bien plus loin. Depuis le début du sommet d’Etats, il n’avait rien avalé de solide, se contentant d’un rapide grignotage durant ces dernière soixante-douze heures.

— Et je peux peut-être t’aider, déclara la russe en louchant sur la nourriture.

Il s’installa à ses côtés et tous deux avalèrent les différents mets se trouvant sur le plateau. Finalement ses papilles étaient ravies de retrouver tant de saveurs différentes. Il avait plus faim qu’il ne l’aurait cru.

Evgeny ne parla pas, préférant la quiétude qui les entourait tous les deux. Jasper se sentait bien à ses côtés. Si William le rassurait autant qu’il l’inquiétait, car après tout l’homme était assez sanguinaire, Evgeny avait une présence tranquille, parfois exubérante qui s’accordait tout de même mieux avec la sienne. En Evgeny, il percevait un côté plus attentionné, que William avait surement s’il acceptait de casser de temps à autre sa carapace. Avec ses sentiments, l’américain n’était pas à l’aise, préférant les taire, ne les montrant que très rarement et de manière autoritaire.

Jasper au milieu d’eux ne parvenait pas à choisir, il nageait en eaux troubles. Il les appréciait autant mais de quelle manière ? A vrai dire, il ne s’était jamais posé la question. Tout s’enchainait trop vite pour qu’il se pose, et les deux hommes prenaient souvent les décisions à sa place. Evgeny l’accompagnait le plus souvent, tandis que William réglait les problèmes logistiques, et il s’en accommodait parfaitement. Imaginer William avec lui en ce moment était plus qu’invraisemblable.

— Que se passe-t-il maintenant ?

Jasper n’avait aucune idée de son avenir. Ces derniers mois s’étaient enchainés sans qu’il ne puisse s’extraire du cercle dans lequel il avait été projeté, aujourd’hui tout était en passe de se résoudre, le rythme soutenu auquel il avait été soumis disparaissait. Qu’allait-il devenir ?  Ses parents, allait-il les retrouver ?

— La diffusion ne devrait pas tarder. D’ici une semaine, les premières doses seront prêtes. La population va se précipiter dans les centres hospitaliers pour recevoir le médicament. La folie va se calmer mais il faudra tout reconstruire.

Beaucoup de gens avaient péri. L’humanité avait dévoilé un côté sombre, réveillant les pulsions de chacun. La vie allait reprendre ses droits, mais il lui faudrait du temps pour faire renaitre la société. Elle portait désormais une cicatrice béante. Une autre étape démarrait.

— Et moi ?

Evgeny resta silencieux un moment. Sans doute n’avait-il pas de réponse à lui fournir.

— Je pense que tu reviendras à ton ancienne vie. A vrai dire, l’après était assez obscur.

Personne ne savait comment tout cela allait finir, alors aucun pays n’avait donné de directives pour son avenir. Ça lui convenait très bien, il redevenait maitre de son destin, restait à savoir où il voulait aller.

QUAND LA NUIT S'ABATTRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant