Alors que leur situation s’enlisait et que Jasper désespérait, un beau jour, Evgeny déboula, affolé, dans le laboratoire. Il y mettait rarement les pieds, et quand c’était le cas, c’était toujours le soir et non pas en milieu de matinée. A la lecture de son langage corporel, Jasper percuta qu’un accident ou qu’un chamboulement se tramait dans le laboratoire sibérien. Sans lui laisser le temps de réfléchir ou de poser une seule question, Evgeny l’embarqua avec lui.
— Cours ! lui ordonna-t-il une fois dans le couloir.
Jasper ne put qu’obéir sans rien dire, trop concentré à conserver une bonne respiration pour ne pas avoir de point de côté. Il n’était pas habitué à l’exercice physique, et rapidement ses jambes furent en feu, mais le russe ne semblait pas vouloir ralentir l’allure. Evgeny lui fit prendre un dédale de couloirs où sans guide, il s’y serait perdu. La base russe couvrait vraiment trop de kilomètres pour ses pauvres muscles.
En tendant l’oreille, des bruits de chaussures résonnaient jusqu’à eux. On les poursuivait, et ils gagnaient un peu plus de terrain à chaque mètre. Evgeny accélérait, mais derrière lui, le jeune homme s’épuisait, ce n’était pas tous les jours qu’il devait piquer un sprint de durée moyenne. Chaque pas était une torture, ses poumons criaient grâce.
A l’intersection d’un chemin, le russe se stoppa net, et Jasper emporté par sa course le percuta. Evgeny se mit devant lui de façon à le protéger d’un éventuel ennemi. Par-dessus son épaule, le jeune homme remarqua des uniformes qui les encerclaient. Evgeny jura entre ses dents, alors qu’il adoptait une position moins menaçante. Dans une telle situation il n’avait pas l’avantage. Il devait coopérer. Entre tous ces hommes, Jasper entraperçut un reflet argenté. Il ne connaissait qu’une personne à qui il pouvait appartenir.
William.
Il était venu le chercher, et les soldats munis pour un commando les encerclant n’étaient autre que ses hommes. Jasper se sentit rassuré, par cet ennemi pas si inconnu. Ça ne se finirait pas dans un bain de sang.
Hélas quand il vit le regard haineux que se jetèrent les deux hommes, il déchanta. Eux avaient l’air d’avoir bon nombre de comptes à régler, et ça risquait de virer à la remise des pendules à l’heure. Une évidence s’imposa. La confrontation ne se ferait pas sans heurts, leurs rancunes personnelles les en empêcheraient. Jasper déglutit s’attendant au pire.
*
Les deux hommes se toisaient en chien de faïence. William plissa les yeux distinguant ce qu’Evgeny essayait de lui cacher. La raison de sa présence en territoire ennemi ; Jasper. Le jeune homme ne savait plus quelle position adopter. D’un côté, les hommes les encerclant si étroitement que ça en était étouffant. De l’autre, eux qui se retenaient de se jeter à la gorge.
— Je vois que tu n’as pas perdu de temps, Willy ! attaqua le russe goguenard.
— En effet, il faut dire que ton petit spectacle ne laissait que peu de place à la dissimulation de tes actes. Tu as toujours été comme un livre ouvert, qui répand ses traces sans prendre la peine de les effacer. Deviner tes intentions n’a jamais été difficile.
— Alors pourquoi n’as-tu pas réussi à me contrer ?
Evgeny marqua une pause dramatique de quelques secondes.
— Oh, peut-être parce que Jasper t’a échappé de son propre gré. Ce que tu n’avais pas prévu. Tu le pensais acquis à ta cause.
L’américain serra les poings. Il ne se laisserait pas faire une seconde fois. Maintenant, c’était lui qui avait toutes les cartes en main, qui était en position de dominant.
VOUS LISEZ
QUAND LA NUIT S'ABATTRA
RomanceUn virus mortel se propage sur la Terre, les cadavres tombent, l'humanité est menacée. Jasper, jeune génie au Q.I surdéveloppé est kidnappé par William, homme de main du gouvernement, et emmené dans un laboratoire secret. Sa mission est simple : tro...