Bien évidemment ce que tous craignaient finit par arriver. Ils furent débusqués et les hommes apportèrent l’artillerie lourde. A l’aide d’explosifs, ils neutralisèrent les hommes armés de William. Le bunker était désormais sans protection autre que celle intégrée dans le bâtiment. William préparait déjà leur évasion, car ce n’était qu’une question d’heures avant qu’ils ne détruisent la porte. Une fois celle-ci passée, le bunker ne serait plus hermétique, et le risque de contamination élevé. William leur demanda de préparer leur matériel, de le mettre dans des caisses stériles faciles à transporter. Seulement le strict minimum répétait-il, ils ne devaient pas s’encombrer. Il leur fit enfiler dans tenues de protection, spécialement conçues pour ce genre de situation. Quelque peu déstabilisé par ce matériel inhabituel, il leur fut difficile de se mouvoir. Le cœur battant à tout rompre, ils se firent attentifs aux coups de feu.
Ils pénétrèrent leur refuge sur les coups de vingt-trois heures. Jasper qui peinait à se calmer sursauta quand William vint le trouver.
— On y va, ordonna-t-il.
Jasper hocha la tête. Il attrapa le sac qui ne le quittait désormais plus et suivit l’homme. Le moment était venu de prendre la fuite.
A l’extérieur de la chambre, les attendaient sa sœur, et ses co-équipiers. Luke arriva en courant.
— Ils ont pris d’assaut le garde-manger, ainsi que le laboratoire. Ils cherchent des médicaments, mais je crois qu’ils veulent nous retrouver, et pas pour du bien. Ils nous accusent de la situation.
William grogna. Alors que les boyaux de Jasper se tordaient. Arriveraient-ils à s’en sortir vivant ? Jamais il n’aurait cru que le danger viendrait de ses semblables. A cet instant, il redoutait les humains davantage que le virus.
— Ne trainons pas, mieux vaut ne pas croiser leur route.
Le petit groupe acquiesça. Luke ouvrit la marche tandis que William la fermait. Jasper marchait à ses côtés, car l’homme voulait pouvoir le protéger en cas de danger. Ils durent faire des détours pour éviter un groupe d’hommes, mais ils avaient l’avantage de la connaissance du terrain, et même s’ils étaient encombrés par leur combinaison. William secondé par Luke les dirigeait d’une main de fer, acquise par l’expérience de ce genre de situation.
Malgré la confiance dégagée par les deux hommes, Jasper sursautait au moindre bruit. Ses yeux furetaient à chaque recoin, à la recherche de leurs poursuivants. A son soulagement, ils atteignirent l’extérieur, sans encombre. La première partie de leur évasion venait de réussir. Désormais il leur faudrait rejoindre un second laboratoire à pied, sans se faire voir.
Un bruit attira l’attention de William qui se mit immédiatement en position de combat, imité par Luke, alors que prudemment Jasper reculait d’un pas, butant contre Clary. Sa sœur et lui échangèrent un regard paniqué. Leurs mains se trouvèrent, comme pour se rassurer. Si on les attaquait, le groupe risquait de ne pas avoir le dessus, pas avec si peu de combattants.
En voyant apparaitre les silhouettes, le groupe comprit qu’ils étaient tombés dans une embuscade. Une partie des hommes avait deviné qu’ils tenteraient de fuir. Ils les attendaient à la sortie, armés.
— Ne bougez pas, ou on tire.
William s’immobilisa. Ils étaient en mauvaise position. Il analysa le terrain en quête d’une feinte. Rien. Aucune échappatoire. Jasper devina son analyse, et ferma les yeux, résigné. Ils allaient mourir ici. Sans doute torturés. La douleur et la peur poussaient souvent les humains à des réactions extrêmes. Leurs assaillants se moquaient du fait qu’ils détenaient la clé de l’avenir. Sa dernière heure sonnait. A ses côtés, Clarissa serra son bras, suffisamment puissamment pour lui tirer un petit cri. Il se maudit d’avoir entrainé sa sœur avec lui, mais la mort était partout désormais. Entre le virus et la nature humaine, les causes de mortalité ne manquaient pas. Il se dit qu’il valait peut-être mieux mourir d’une balle, au moins il ne souffrirait pas. Il ne connaitrait pas l’agonie du virus.
*
Un grondement sourd les fit sursauter. Puis il y eut des détonations, et des cris. A ce bruit, Jasper ne réfléchit pas. Son corps se mit automatiquement en mouvements, se jetant au sol avec sa sœur. Il la recouvrit de sa corpulence, lui offrant un supplément de protection.
Les hommes qui les encerclaient tombèrent un par un, sans avoir le temps de réagir, ils étaient abattus tel de la viande. Un puissant phare les éclaira et une échelle de corde tomba au milieu du groupe. Ils levèrent les yeux au ciel, où un hélicoptère flottait au-dessus d’eux.
— Montez ! leur cria-t-on pour couvrir le bruit des palmes.
— Foutu russes, entendit Jasper.
William grommela contre ces providentiels sauveurs incapables de s’occuper de leurs affaires. Il ne fut cependant pas assez buté pour refuser. Il aida les scientifiques à grimper dans l’appareil. Leur ascension fut périlleuse. Leurs habits entravaient leur mobilité.
Quand vint le tour de Jasper, William l’arrêta. Il agrippa d’une main un barreau de l’échelle, emmêla ses pieds aux échelons et de sa main libre attrapa la taille de Jasper, qui lui se tint au mieux à l’échelle, puis l’homme leur fit signe de remonter l’échelle. Celle-ci commença sa terrible ascension, en même temps que l‘appareil mettait les gaz. Jasper déglutit, alors qu’il sentait ses mains glisser, à cause des gants de protection. Son ventre entama de nouveaux loopings, au rythme de leur balancement. Il n’osait regarder ses pieds qui pendaient dans le vide, de crainte de défaillir.
Rapidement ils se retrouvèrent en sureté dans le ventre de l’hélicoptère, et le jeune homme retrouva un rythme cardiaque à peu près normal. Leurs autres coéquipiers les entourèrent. Tous étaient saufs. La pression de cette folle fuite retomba quelque peu, et tous s’écroulèrent soulagés contre la taule de l’hélicoptère.
Personne ne discuta durant tout le trajet qui les mena en Sibérie. William le premier avait reconnu les hommes d’Evgeny. Jasper s’était quelque peu détendu, rassuré de ne pas atterrir dans un endroit inconnu. Ses compagnons en revanche ignoraient tout de leur destination, si ce n’est les deux filles avec qui il avait raconté ses aventures.
On les soumit à une procédure stricte avant qu’ils n’entrent dans la base. Puis on les conduisit devant Evgeny. Comme la première fois, l’homme se prélassait tranquillement dans son trône. On ne change pas de bonnes habitudes.
— Bienvenue à tous chez moi.
Il appuya sur ces derniers mots, regardant directement William. Une mise en garde pour lui dire qu’ici c’était lui le commandant, et donc le maître du jeu.
— Heureux de te revoir Jasper.
Il lui lança un regard séducteur qui fit rougir le jeune homme.
— Vous êtes ici comme chez vous. Vous pourrez continuer vos expérimentations dans mes laboratoires. Hélas, j’ai bien peur que vous ne puissiez bénéficier de tout le confort de votre ancienne demeure. Il faudra donc partager vos chambres, nous n’avions pas prévu tant de convives.
Le russe leur expliqua quelques règles pratiques, avant d’aborder le point du logement. Les deux femmes se virent attribuer la même chambre, et James et Robert partagèrent la leur. Evgeny par mesquinerie donna la plus petite à William et Luke.
La tension augmenta dans la pièce lorsqu’il annonça qu’il partagerait personnellement la sienne avec Jasper, entourant la fine taille du jeune homme. Jasper remarqua les poings de l’américain se contracter dans un geste de rage. Le russe choisit de ne pas y prêter attention, et conduisit le jeune homme avec lui. Trop fatigué pour protester ou s’interposer, Jasper se laissa mener.
Une douce chaleur prit possession de son corps lorsqu’il retrouva les couleurs chaleureuses de la pièce. Ses muscles se relâchèrent, l’adrénaline retomba et la fatigue le rattrapa. Il se laissa déshabiller et entrainer sous les draps. Il s’endormit sur une dernière pensée incongrue, envers l’absence du baiser de retrouvailles. Il regrettait presque qu’Evgeny ne l’ait pas salué correctement.
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QUAND LA NUIT S'ABATTRA
RomanceUn virus mortel se propage sur la Terre, les cadavres tombent, l'humanité est menacée. Jasper, jeune génie au Q.I surdéveloppé est kidnappé par William, homme de main du gouvernement, et emmené dans un laboratoire secret. Sa mission est simple : tro...