5 Février

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Le verre heurta le sol et se brisa en mille morceaux à son contact. Le bras de Jasper balaya rageusement la table, envoyant balader toutes les affaires qui s’y trouvaient à travers la pièce. Personne n’osa faire un geste vers lui, c’était la première fois que le jeune homme se mettait tant en colère, et c’était effrayant. Le jeune homme de mauvaise humeur était difficilement gérable. William le retint juste avant qu’il ne détruise le microscope hors de prix. Il l’entoura de ses bras l’immobilisant totalement. Jasper eut beau se débattre, il n’égalait pas la force de l’homme surentrainé, qui le sortit du laboratoire comptant sur les autres pour ranger, lui avait un autre problème à régler. Il protégea le jeune homme du regard des employés sachant très bien que n’ayant déjà pas confiance en lui, il n’avait pas particulièrement envie de s’afficher en public.

Dans leur salon, Jasper s’écroula et William ne dut qu’à sa force pour ne pas embrasser le sol. A bout de nerfs, Jasper craqua, il fut secoué de sanglots compulsifs. L’homme ne défit pas son étreinte, qui se fit tout de même plus douce.

— Chut calme-toi ! Ça va aller.

Comme pour apaiser un enfant, il traça de larges cercles dans son dos, qui se voulaient relaxant. Jasper releva la tête.

— Mais tu ne comprends pas, cria-t-il hystérique. Jamais on ne trouvera. C’est perdu d’avance.

— Si, tu vas y arriver. Tu es jeune et plein d’intelligence.

Les paroles de William sonnaient creuses. Il ne parvenait plus à croire en lui. A cet instant, seuls comptaient les bras qui serpentaient autour de lui, et le plaquaient contre un torse chaud et solide. Il resta un long moment à sangloter contre cette poitrine sur laquelle il pouvait s’appuyer.

Peu à peu, Jasper reprit ses esprits. Gêné, il se défit des bras de William mais ne s’éloigna pas pour autant, ayant trop besoin de sa présence réconfortante à cet instant. Le silence s’installa confortablement, sans qu’aucun ne se décide à le rompre. William attendit que Jasper commence. Il devait se confier le premier pour que ce soit efficace.

— Je crois que j’ai peur, annonça-t-il après quelques temps.

William acquiesça.

— Tu devrais aller voir le psy.

Le jeune homme le dévisagea.

— Je sais que tu ne les aimes pas beaucoup, mais ils t’aideront.

— Non, je ne veux pas leur parler. Je ne comprends pas leur manière de nous allonger.

William laissa échapper un petit rire.

— Ce n’est qu’un cliché. Au moins, j’ai la preuve que tu n’as jamais vraiment été confronté à eux.

Le jeune homme fit la moue.

— Mouai.

— Vas consulter un sociologue, si la vue d’un psy t’insupporte à ce point.

Jasper ne s’emballait guère à cette idée.

— Si tu veux tellement que je décharge ma conscience, je préfère que ce soit dans ton oreille.

La surprise se peignit sur les traits de l’homme. Jasper se tendit, incertain quant à sa réaction. Finalement, l’homme l’obligea à poser sa tête sur son épaule. Le jeune homme accepta l’ordre implicite, et se détendit.

— Je t’écoute.

Tous deux avaient conscience qu’à l’extérieur tout empirait. Les gens se ruaient sur les supermarchés de peur de pénuries. Des combats en découlaient pour le dernier paquet de farine. L’économie était au plus bas. Et que dire de la maladie ? Elle ravageait l’humanité. Des cadavres décoraient les rues que les hôpitaux surchargés ne pouvaient accueillir. Les incinérateurs tournaient à plein régime. Carboniser les morts pour éviter la pourriture et toutes autres maladies qui pourraient en découler.

QUAND LA NUIT S'ABATTRA Où les histoires vivent. Découvrez maintenant