Chapitre II : remise en question.

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Concentré sur ses parchemins, le serpentard ne remarqua pas la gryffondor l'observer, de l'autre côté de la salle.

Depuis la rentrée, le blond l'obnubilait : elle ne le trouvait pas spécialement attirant, mais mystérieux, et aucun mystère ne résistaient à Hermione Granger.

Malgré les innombrables discours qui prônaient l'égalité, les verts et argent étaient mis à l'écart , rejeté de tous et considérés comme les grands méchants de l'histoire, ce qui avait le don d'agacer la jeune femme. Elle ne comprenaient pas comment on pouvait discriminer à ce point des personnes, pour la plupart innocentes, qui n'avaient pas pris part à la guerre. Elle souhaitait faire changer les choses, modifier les codes et détruire les préjugés, à commencer par son binôme : Blaise Zabini.

Elle aurait pu se mettre avec n'importe quel gryffondor, Harry, Ron, Seamus et même Neville ! Mais elle souhaitait prouver au monde que l'amitié entre ces deux maisons, rivales, à l'origine, existait bel et bien.

Blaise était le meilleur élève de sa maison, grâce à son sérieux et à sa détermination. Hermione n'eut pas à réfléchir plus longtemps avant d'accepter sa proposition. Ils fournirent un travail exemplaire au professeur Slughorn, ce qui leur valu dix points obtenus pour leur maison respective. Le professeur les retint alors à la fin du cours pour leur annoncer qu'ils étaient tous deux conviés à ses réunions extra-scolaires et qu'ils seraient informés de la date dans les semaines qui succederaient celle-ci.
"Vous êtes mes élèves les plus assidus" avait-il ajouté.

Lorsqu'ils sortirent de la salle, ils ne se rendirent pas compte qu'un peu plus loin, un élève blond platine les epiaient. Celui-ci ne savait pas pourquoi il détestait voir son meilleur ami tenir compagnie à la née-moldue. Cependant, la voir rire a ses blagues de mauvais goût le répugnait au plus haut point, sans croire une seule seconde que ce qu'il ressentait réellement n'était d'autre que de la jalousie.

Hermione passait de plus en plus de temps en compagnie du serpentard. Il lui faisait oublier, décompresser, rire aux éclats. Pour toutes ces raisons, elle aimait se tenir à ses côtés. Elle ne délaissait pas pour autant le brun et le rouquin, mais ils lui rappelaient constamment la bataille et les horreurs qui en ont découlé. Elle souhaitait être dépaysée et Blaise y parvenait.

Les deux sorciers se dirigeaient vers leur prochain cours commun : histoire de la magie, lorsque Drago bouscula volontairement la gryffondor, qui avait la ferme intention de le rappeler à l'ordre.

- Tu ne pourrais pas faire plus attention ?

- Je n'ai aucun ordre à recevoir d'une sang-de-bourbe dans ton genre. D'ailleurs Blaise, je te croyais bien plus raffiné.

- Apprend à connaitre la personne au lieu de juger la pureté de son sang, tu passes à côté de plusieurs merveilles.

- 'pas de temps à perdre avec cette...aberration de la nature.

Le regard noir et courroucé de la lionne se posa sur le blond tandis que le regard défiant du serpent se posa sur la brune. Les deux ne comptaient pas en rester là, ne voulant pas faiblir. Leur fierté et leur orgueil prenaient le dessus, se faisant entendre bien plus fort que leur raison.

Ce fût finalement la lionne qui déclara forfait, s'estimant plus mature et ne souhaitant pas s'abaisser à ce jeu puéril qui, à son sens, avait assez duré. Son abandon faisait gonfler l'ego du serpent, mais elle s'en fichait éperdument. Elle n'avait plus de temps à perdre avec des futilités, dont Drago faisait partie, au risque d'arriver en retard au cours de l'ennuyeux professeur Binns.

Assise au premier rang comme à son habitude, Hermione réalisa que sa vie se révélait être une éternelle routine : Harry à sa droite, Ron à sa gauche, essayant tant bien que mal de recopier ses parchemins parfaitement calligraphiés, Drago qui ne se gênait pas à l'insulter publiquement, ses notes irréprochables, Poudlard, la salle commune, elle semblait avoir perdu goût à ces coutumes. C'était comme si l'école de ses rêves et la vie qu'elle y menait devenait lassante, redondante. Elle ne sut pas donner de date précise à ce nouveau malaise mais avait au moins une certitude : elle s'ennuyait. Pour la première fois en dix-huit ans, Hermione Granger voyait les heures défiler, sentant un vide immense et monstrueux s'insinuer dans son estomac. Elle ne souriait plus comme autrefois, elle ne riait plus aux blagues douteuses de Ron. Sa détresse se lisait dans ses grands yeux noisettes à qui voulait bien l'accepter.

Une seule et unique personne l'avait lu dans ses iris, mais ce n'est pas celle qu'elle espérait.

À la fin de la journée, la gryffondor pris place à la table réservée pour sa maison avec lassitude, qui deviendrait presque habituelle.

Harry s'inquiétait pour sa plus fidèle amie, mais il n'osait pas lui demander ce qui la rendait morose à ce point.

En revanche, Ronald Weasley qui était apparemment dépourvu de toute délicatesse, ne se gênait pas pour prendre grossièrement la parole, la bouche quasiment pleine de nourriture :

- Aller , 'Mione ,ça te coûte quoi de sourire ? T'es Rabat-joie, comme toujours.

Le coude d'Harry se heurta contre les côtes du rouquin qui ne comprit même pas la raison de ce coup.

La brune était une bombe à retardement. Il suffirait d'une simple phrase maladroite pour la faire sortir de ses gonds. Elle lança négligemment sa fourchette dans son assiette avant de se lever tout en veillant de lancer des maléfices imaginaires adressés au roux de son regard de feu, jusqu'à ce qu'elle pousse la porte de la grande salle.

Hermione suffoquait, elle manquait d'air, d'espace, de temps. Tout s'enchaînait comme si il ne s'était jamais rien passé, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. "Balivernes".

Ses parents l'avaient oubliés, ses amis et mentors étaient morts. Elle avait réalisé qu'elle devait pleurer. Que ce n'était pas réservé aux personnes faibles mais au personnes endolories, souffrante, en deuil. Elle en avait besoin et réclamait plus que tout rejoindre son oreiller pour y verser ses larmes, vidant de ce fait son corps de sa tristesse.

Pour enfoncer définitivement le couteau dans la plaie, la voix moqueuse et sarcastique qu'elle connaissait que trop bien se fit entendre dans le couloir désert.

- Je ne vois pas ce que Weasley ou Blaise te trouve. Tu es aigrie, désagréable, à cheval sur le règlement et peu apprêtée. Une sang de bourbe, en somme.

Ce soir-là, Hermione Granger avait ignoré le serpent, ne trouvant pas la force de l'affronter.

Ce soir-là, Drago Malefoy se sentit blessé devant le mutisme de la jeune lionne.

Il l'avait vu se diriger d'un pas trainant, tête baissée vers la tour de Gryffondor, comme vidée de toute énergie. Drago ne comprenait pas en quoi l'indifférence de la jeune femme lui faisait aussi mal. Toujours est-il qu'il se sentait attaqué par un millier de sort, sans réaliser qu'Hermione était la cause de ses tourments.

Résigné et un brin agacé, le blond monta à reculons les marches menant à son dortoir. Il aurait voulu retrouver la brune, lui crier sa haine et son dégoût profond pour elle.

Pendant que l'eau coulait sur son corps bouillonnant, il songeait encore à Hermione. Il aurait voulu effacer celle-ci de sa mémoire, mais il n'y parvenait plus. Avait-il envie de la rattraper pour lui hurler ses ressentiments ou sa détresse ? Il avait lu dans ses iris noisettes qu'elle était perdue, tout comme lui l'était en ce moment même. Elle s'était montrée vulnérable mais il n'avait pas profité une seule seconde de sa faiblesse pour la descendre à mille lieues d'ici. Non. Au contraire. Il l'avait laissé tranquille, ne souhaitant pas la déranger.

Depuis quand Drago Malefoy ne voulait pas déranger Hermione Granger ?

Depuis quand Drago Lucius Malefoy ne voulait plus faire de peine à Hermione Jean Granger ?

Le serpent se jura qu'il se rattraperait le lendemain même, et qu'il n'hésiterait pas à taper là où elle avait mal.

𝑻𝒉𝒆 𝒕𝒂𝒔𝒕𝒆 𝒐𝒇 𝒕𝒉𝒆 𝒓𝒊𝒔𝒌 [Dramione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant