Adalheidys 1. Le Dernier Né [COMPLÈTE]

36.2 Une mort pour les sauver tous: La Chute d'Impériale

Cela faisait maintenant plus d'une semaine qu'Onfroy était sur les routes pour retourner à Impériale. Il n'était désormais qu'à quelques heures de la cité mais il décida tout de même de prendre une pause dans la ville la plus proche. La nuit allait tomber et de sombres nuages d'orages avançaient à l'horizon. Il arriva donc à l'entrée du petit village de Haute-Colline au Nord des Landes d'Impériale. Il était jumelé à celui de Basse-Colline au Sud d'ici et à l'est d'Impériale. Ces deux collines formaient autrefois les contreforts desquels le clan Sombre-Mâchoire déployait ses catapultes lors du siège de la cité pendant les Années de la Rage.

Malgré le passé mouvementé des environs, Haute et Basse-Collines n'eurent pas de mal à se développer. La Haute reconnu pour sa culture des potimarrons et la Basse pour la pêche aux Courbe-fonds notamment, une anguille d'eau douce se mariant parfaitement avec le potage de potimarrons. Les deux villages étaient donc complémentaires, et les habitants étaient fier de cette double appartenances. Et très souvent des semaines entières étaient réservées à l'échange des coutumes entre les deux bourgades.

Onfroy s'attendait donc à recevoir un accueil des plus chaleureux, il descendit de sa monture, l'emmenant à l'écurie du village à pied. Une fois la montée franchie il fut surpris par l'absence de vie. Il n'y avait personne dans les champs de la colline, seul le bruit de la pluie qui commençait alors à tomber et l'odeur du petrichor venaient accueillir le lieutenant à Haute-Colline. Il déposa son cheval, fit un nœud de longe et sortit dans la cour de l'écurie, la pluie tombait de plus en plus fort, il courut se réfugier dans le village qui n'était plus qu'à quelque pas.

Le village qui avait été construit au sud-est de la colline, n'était constitué que de quelques maisons de pierres aux toits de pailles et d'un puits en place centrale. Au nord de la colline des champs de potimarrons et autres courges poussant dans la région permettaient de nourrir l'ensemble des habitants ainsi que leurs voisins. La colline était coupée en deux par un petit ruisseau venant des montagnes Perce-Nuages au Nord et retombant au sud de la colline dans le Bois de la Coulée. La partie ouest de la colline était exclusivement réservée pour les habitants du village chacun disposant d'une petite parcelle de terre. Beaucoup de personnes rêvaient de vivre ici, des brigands en passant par de petits bourgeois, seulement aucun n'osaient faire le premier pas vers cette vie. La vie dénuée d'artifices au sein de la campagne n'étant pas quelque chose de facile pour une personne habituée à un certain confort.

Onfroy remarqua immédiatement que quelque chose clochait ici. Les charrettes étaient retournées, les portes des maisons laissées ouvertes, le feu dans l'âtre toujours rougeoyant. Seul l'auberge gisait fermée, les fenêtres barricadées. Onfroy s'approcha donc des portes closes et y frappa, pas de réponse. Il frappa une seconde fois et il entendit des grincements provenant de l'intérieur comme si on déplaçait de lourds meubles. Il s'apprêtait à frapper une dernière fois mais la porte s'ouvrit, laissant apparaître un homme aux traits fatigués, ce dernier lui fit signe d'entrer. Onfroy pénétra donc dans l'auberge. Là une dizaine de personnes s'étaient regroupées, et pointaient leur fourches en direction d'Onfroy.

— Qui êtes-vous leur demanda une femme dans le fond.

— Je m'appelle Onfroy je suis... Il se stoppa net, il ne pouvait pas révéler son identité à ses gens, car comme beaucoup d'autres villages des Landes d'Impériale, eux aussi devaient faire partie de la rébellion ou bien au moins être en faveur d'une révolution. Il reprit donc très vite à parler.

— Je suis marchand ambulant ! Dit Onfroy d'un ton que lui même ne crut pas.

— Un marchand ambulant avec un si belle épée et de si beau vêtement. Rétorqua un jeune homme serrant de plus en plus la fourche qu'il pointait en direction d'Onfroy.