Chapitre 9 : Charlie

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Asheville - 18 Juin 2020 - 10h12

Je regardais Freddy quitter les lieux avec son Benelli M3 super 90. Il était un client régulier du Walter's protect. En tant que chasseur, il était toujours à la recherche du meilleur fusil de chasse. C'était toujours un plaisir de le conseiller même si je ne cautionnais pas les tueries d'animaux pour le sport. Ce que j'aimais en lui était notre passion commune pour les armes. Cela était paradoxal, je m'en rendais bien compte. J'aimais les armes mais n'aimais pas que l'on s'en serve. À mes yeux, une arme ne peut servir qu'à nous protéger.

J'étais encore dans mes pensées à propos de notre discussion quand un client, à l'allure douteuse, m'interpella.

- Bonjour, est-ce que vous auriez en magasin un AK-47 ?

Le doute m'envahissait. Il ne semblait pas au top de sa forme. Ses vêtements étaient sales. La lueur dans ses yeux ne m'inspirait pas confiance. Il puait l'homme qui allait faire une connerie. Je n'avais pas le droit de refuser une vente si toutes les conditions étaient remplis mais l'aura que dégageait cet homme me fit hésiter.

- Avant que j'aille vérifier si je l'ai en magasin, pourriez-vous me montrer votre licence de port d'arme ? Il me faudrait aussi votre nom et prénom afin que je vérifie si vous possédez un casier judiciaire.

L'homme d'une trentaine d'années se mis à pousser des jurons étouffer et des alarmes se mirent à sonner dans ma tête. Il était clairement instable. Je priais pour qu'il n'est pas d'arme sur lui. Je gardais une expression neutre alors qu'il s'accrochait, soudainement, au comptoir en verre qui nous séparait.

- J'ai oublié d'emmener mon permis. Pourriez-vous faire une exception ? tenta-t-il en me souriant nerveusement, dévoilant ses dents noirs et jaunes.

- Cela ne va pas être possible. Je suis désolée. Repassez avec les documents, plus tard, proposais-je pour le calmer.

Il semblait de plus en plus nerveux alors qu'il passa sa main droite derrière lui et je sus que ce que je redoutais aller se produire.

- Tu vas me donner... commença-t-il en sortant un berretta 92.

Avant qu'il ne le pointe sur moi, je lui attrapais le poignet en sautant au-dessus du comptoir puis lui fourre mon coude dans le nez, lui faisant pisser le sang. Pour le faire lâcher son arme, je frappais avec violence, de mon poing dans la trachée. Il en eut le souffle coupé. Je profitais de ce moment de latence pour braquer l'arme sur lui tout en attrapant le téléphone du magasin et appelais la police. J'étais heureuse d'avoir suivi les cours de Krav maga de Peters. Il avait fait de moi, une ceinture noir. Je savais me défendre. J'avais commencé ses cours, peu après avoir donné naissance à ma fille. Je voulais être apte à protéger mon enfant, dans n'importe quelle situation. Aujourd'hui, prouvait bien que cela n'avait pas servi à rien.

Lorsque je raccrochais, l'homme s'était redressé et me lançait un regard noir qui annonçait ce qu'il voulait me faire.

- Connasse, cracha-t-il en essayant de retrouver son souffle, courbé sur lui-même ; tu viens d'être ajouté à ma putain de liste.

La colère ayant pris le dessus, je ricanais face à sa menace.

- On en reparlera lorsque tu seras sortie de taule, enfoiré.

Il tenta de me sauter dessus mais je lui mis un coup de crosse sur le crâne. Il s'effondra à terre, malheureusement toujours conscient. Une question me taraudait.

- Que comptais-tu faire d'un fusil d'assaut ?

Il grogna de douleur.

- Buter tous les enfoirés qui m'ont fait chier. Tu es la dernière sur cette foutue liste, chérie, ricana-t-il.

- Cool, rétorquais-je d'une voix neutre ; tu te rends bien compte que sans document, ça n'allait pas marcher.

- Je t'emmerde, salope.

- Quel vocabulaire ! m'exclamais-je, faussement amusée.

- Laisse-moi partir et je t'enlève des personnes qui vont crever de mes mains, ordonna-t-il.

- Pas possible, mon vieux. Tu vas aller en taule. Ça évitera à plein de gens de perdre la vie.

- Tu vas crever, salope. Je te jure que tu vas crever, lentement, hurla-t-il en postillonnant et bavant.

Répugnant.

Les sirènes des voitures de police devenaient de plus en plus fortes jusqu'à ce qu'ils se garent devant la boutique. Ils pénétrèrent tous, comme un seul homme, dans la pièce et nous pointèrent de leur Glock 23. Comprenant rapidement la situation, ils baissèrent tous leurs mains sur le malade mental que je tenais en joue. Je tendis l'arme de l'homme à un des policiers qui s'était approché de moi pour me pousser derrière lui et les laissaient embarquer l'homme menotté.

- Vous allez bien, mademoiselle ?

- Oui, merci, soufflais-je de soulagement.

- Pouvez-vous m'expliquer, exactement, ce qui s'est passé ?

Je passais alors une demi-heure à leur raconter l'histoire puis laissais, ces messieurs-dames faire le tour du magasin pour relever des empreintes et visionner les caméras de surveillance.

- Eh bien, mademoiselle Spencer, il ne faut pas se fier aux apparences. Lorsqu'on vous regarde, on ne pourrait pas se doutait que vous soyez assez solide pour vous défendre mais les vidéos prouvent le contraire.

Je me contentais de hocher sèchement de la tête pour lui signifier que je comprends son ressenti.

- Bien. Nous avons tout ce qui nous faut. Est-ce que ça va aller ? s'inquiéta-t-il.

- Tout va bien.

- Vous êtes sûr ?

- Parfaitement.

- D'accord. Nous allons vous laisser alors. N'hésitez pas à nous appeler en cas de problème.

- Merci, monsieur...

- Appelez-moi Archie, souriait-il.

- Merci, Archie.

Il me fit signe en partant et je me remis au travail, après avoir averti John des événements, bien décidé à oublier cet épisode désastreux, qui était loin d'être le premier, malheureusement. Je m'en serais bien passé cependant à deux jours de mes vacances...

The new beginning of our livesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant