Chapitre 46 : Joaquin

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Sud de la France - 18 Septembre 2020 - 20h36

Nous pouvions les entendre très clairement à présent. Cela était le signal pour nous tous, de récupérer nos paquetages et de filer rapidement par la porte sud du cloître. Encore abasourdies par la demande de Bethany, Charlie et moi avions du mal à revenir à la réalité avant qu'Esteban nous pousse à réagir. Charlie prit son sac et la main de Beth puis pris la direction de l'hélicoptère, non sans avoir enlacé une dernière fois, la mère supérieure des lieux.

- Merci pour tout, ma mère.

- Cela a été un plaisir de vous aider, mon enfant. Filez maintenant et soyez heureuse.

Dans un dernier sourire, elle lâcha la main de la femme et je la suivi de près. Tout le monde était déjà installé à bord des deux hélicoptères dépêcher pour nous.

Nous prîmes place et nous nous attachâmes rapidement sous les instructions d'un homme en treillis. Charlie s'empara d'un casque, qui se trouvait au-dessus de sa tête, et le plaça à ses oreilles, j'en fis de même. Les enfants entre nous, j'étirais mon bras pour atteindre l'épaule de Charlie qui tourna la tête vers moi. Elle m'offrit un sourire éblouissant, le même que la première fois que mon regard s'était posée sur elle la première fois, puis tendit son bras à son tour pour entrelacer ses doigts des miens et je sus, à cet instant, que j'avais enfin conquis le cœur de cette femme. De par son baiser, elle m'avait fait comprendre qu'elle m'accordait la chance qui me faisait défaut, depuis un moment. À présent, j'avais la certitude que j'étais parvenus à m'infiltrer dans son cœur.

L'engin vacilla au décollage et nos regards se quittèrent pour les laissés errer plus bas alors que la végétation s'éloignait en contre-bas ainsi que notre refuge. La culpabilité de laisser ces saintes femmes seules, à la merci de ces choses, me coupa le souffle. Elles avaient été un don du ciel pour nous et je priais pour que les enragés ne parviennent jamais jusqu'à elles.

Le ciel se faisait plus sombre alors que j'entreprenais d'observer l'intérieur de l'appareil jusqu'à ce que je parvienne à Beth, assise près de sa mère, la tête basse. La conversation chuchotait qu'elle avait entretenu avec Charlie, quelques instants plus tôt me revint en mémoire. Cette petite fille en mal de figure paternelle m'avait brisé le cœur par sa demande. Elle avait été l'enfant la plus courageuse qu'il m'avait été donner de rencontrer et ce qu'elle ignorait, c'était que je serais plus qu'honoré d'obtenir se titre qu'elle tenait tant à m'octroyer. J'allais me courber pour lui en faire part lorsqu'une voix féminine grésilla dans le casque.

- Ou allons-nous ?

Charlie avait posé la question à un militaire, assis en face d'elle, qui semblait hypnotiser par ma présence. Il se détourna de moi pour fixer celle-ci.

- Nous avons plusieurs îles à disposition pour les survivants, dans l'océan Pacifique. Vous y serez en sécurité, mademoiselle, affirma-t-il en la zieutant avec insistance.

- Vous êtes sûr qu'il n'y avait pas d'infecter dans les groupes que vous avait secourus, caporal ? demanda-t-elle confirmation.

- Positif, mademoiselle.

Je vis Charlie hocher la tête avant de rajouter en détournant le regard sur le paysage obscur.

- Il y a intérêt, exprima-t-elle durement.

Le soldat pivota vers moi en levant un sourcil. Avec un sourire de fierté, je haussais des épaules.

- C'est une combattante, témoignais-je avec satisfaction que cette femme était mienne.

- On devrait peut-être l'embaucher alors, avança-t-il ; elle ne serait pas de trop.

Mes sourcils se froncèrent.

- Certainement pas, tonnais-je.

Charlie se tourna vers moi en me lançant un air mauvais.

- Ne décide pas pour moi, Joaquin.

Énervé, je répliquais.

- Tu veux retourner combattre ces choses, peut-être ?

- Non mais je t'interdis de répondre à ma place.

- Bien.

- Bien.

Nous nous détournons de l'autre sans jamais séparer nos mains, ce qui devait donner une allure comique à cette pseudo dispute. Le silence, seulement briser par le bruit assourdissant des pales s'étira en longueur jusqu'à ce qu'un morceau de terre apparût dans notre vision après plusieurs heures à voler au-dessus de l'océan.

- Nous voilà, presque arriver, les amoureux, s'amusa le militaire.

Charlie le foudroya du regard, ce qui fit perdre le sourire à l'homme.

- Désolé, marmonna-t-il dans son micro.

Je ricanais. Elle arrivait à se faire ratatiner un homme d'élite. Elle était incroyable d'autorité. Elle me foudroya à mon tour mais je ne me laissais plus impressionner par sa mauvaise humeur. Je me contentais donc de lâcher sa main pour venir lui caresser la joue.

- Je suis désolé d'avoir parlé trop vite, Charlie.

Elle ferma les yeux sous ma caresse et appuya sa tête sur ma main.

- Je suis désolée d'avoir un caractère de merde, Joaquin.

Nous nous sourions avant qu'elle se détourne de moi pour reporter son attention sur l'homme.

- Je suis désolée de vous avoir manqué de respect alors que vous venez de nous sauver la vie.

- Ce n'est rien, mademoiselle. Avec ce que vous avez dû traverser, il est normal d'en être tourmenté.

Elle se contenta de hocher de la tête avant de scruter l'eau qui s'étendait à perte de vue, sous nos pieds.

L'homme, face à elle, me regardait avec un sourire, en levant les pouces en l'air. Le sentiment de fierté m'envahit de nouveau face à la petite lueur de jalousie que l'homme tentait de dissimuler.

Eh oui, cette femme-là est à moi et je compte bien la garder près de moi, toute ma vie !

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