Chapitre 42 : Joaquin

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Sud de la France - 18 Septembre 2020 - 14h18

Un silence de cathédrale régnait avant son arrivée mais fut autant plus intense lorsqu'elle s'était enfin assise sur sa chaise. Le moment presque mystique qu'elle venait de vivre face à cette peinture nous avait tous cloué sur place.

Je ne savais pas ce qui s'était passé dans son esprit durant ces minutes de latence mais lorsqu'elle s'était tourné vers nous, j'avais pu lire l'acceptation sur son visage, comme une sorte de résignation. Ses larmes parurent la laver de tous ses doutes et de ses combats intérieurs. Elle venait de vivre une connexion qui nous avait échapper.

Je voyais ma mère qui était incapable de la lâcher du regard depuis bientôt cinq minutes qu'elle était installée près de Marisol. Je lui mis un coup de coude discret et l'interroger du regard. Ses yeux étaient emplis de larmes qu'elle tentait de contrôler. Mes parents étaient très croyant alors l'image de la jeune femme transcender dans une communion religieuse avait dû la faire chavirer. Je la pris dans mes bras, comme Marisol l'avait fait avec Charlie, et déposé un baiser sur sa joue et nous offrant un sourire tendre. Elle s'approcha de mon oreille.

- Je l'aimais déjà bien, même si elle a du mal à nouer des liens avec moi, mais maintenant je l'aime, mon fils. Cette jeune femme est plus douce et tendre qu'elle le laisse paraître.

Elle se recula pour me fixer, essayant de me faire passer un message.

« Je sais que tu l'aimes beaucoup alors fonce, mon fils.» , voilà ce qu'elle me transmettait.

Mon regard déviait sur Charlie lorsqu'elle se leva, sans avoir toucher à son assiette, et partit, la tête basse. Ma mère me rendit mon coup de coude puis fit un geste de la tête en direction de la porte, m'enjoignant à me lever pour la rejoindre, ce que je fis machinalement, porter par mes instincts.

Je la rattrapais au détour des couloirs menant aux chambres et l'arrêtais en accrochant son bras. Je la tournais brutalement vers moi puis sans réfléchir la ramenait à moi en empoignant son visage, délicatement, de mes deux mains. Je déposais mes lèvres sur les siennes avec passion. Je l'embrassais comme un assoiffé en plein désert et elle me le rendit aux centuples après un moment d'hésitation. Elle s'accrocha à ma nuque et se suréleva sur la pointe des pieds pour approfondir notre baiser. Je passais mes mains sous ses fesses et le soulevais pour qu'elle passe ses jambes autour de mes hanches mais elle se sépara de mes lèvres pour secouer la tête.

- Pas ici, Joaquin. Je ne peux pas.

Cela eut le don de me rappeler où nous nous trouvions et je compris qu'il lui serait impossible de faire l'amour dans ce monastère. Elle était respectueuse du lieu.

- Je comprends, Tesoro. Je veux juste que tu comprennes, à ton tour, que je suis là. Tu n'es pas seule, nous sommes deux à présent.

Son regard se perdit sur un mur, quelques secondes, avant de revenir sur moi. Elle fixait mes yeux avec tant d'intensité que j'en fus éblouie puis un petit sourire pris place sur son visage.

- Oui, on est deux... ou plutôt cinq, plaisanta-t-elle avant de déposer un chaste baiser sur mes lèvres.

Elle me tourna le dos puis s'avança jusqu'à sa chambre. Je la suivis, hébété qu'elle ne me contredise pas, et la vit prendre un gilet avant de sortir de sa chambre pour entrer dans celle des enfants ou elle récupéra, pour eux aussi, des gilets.

- Il commence à faire frais et aucun de nous n'est médecin, s'expliqua-t-elle en poursuivant son chemin jusqu'au cloître, où les enfants jouer sous la surveillance de mon père et Lorenzo.

Je me postais près d'eux alors qu'elle courait en direction des petits pour les habiller.

- Où est Maria ? demandais-je au colosse du groupe.

- Elle se repose... Elle croit être enceinte, soupira-t-il défait.

Mon père et moi le regardions, surpris.

- Tu n'es pas heureux, mon garçon ? demanda mon père.

Il baissa la tête, dépité.

- En d'autre circonstances, j'aurais été le plus heureux du monde...

Je pouvais comprendre. Avoir un enfant dans le monde dans lequel nous étions plongés était terrifiant.

- Nous veillerons sur eux, intervenait Charlie en se blottissant à moi, sous le regard surpris de mon père.

Nier que je ne l'étais pas, moi aussi, aurait été pur mensonge. Je n'eus donc pas le réflexe, immédiat de l'entourer de mes bras. Lorsque je m'en rendis compte, je m'empressais de corriger le tir et la serrer contre moi. Mon père afficha un sourire en m'adressant un clin d'œil. Il était heureux que cela se dégoupille en ce sens.

Perdu dans sa problématique, Lorenzo poursuivit.

- Cela reste dangereux, Charlie. Elle ne pourra pas courir, escalader... même le stresse est mauvais pour le bébé et elle...

- Nous n'avons rien à craindre ici, avança-t-elle.

- Pour le moment...

- Voyons au jour le jour. Nous ne pouvons faire autrement, Lorenzo. Si les choses tournaient mal, nous ne vous laisserions pas sur le carreau, je te le promets.

Il lui adressa un petit sourire.

- Merci, Charlie. Je sais que tu le penses sincèrement mais si tu devais choisir entre la sécurité des enfants et Maria, tu sais ce que tu ferais et c'est tout à fait normal. Il me revient de veiller sur elle.

Plus personne n'osait ouvrir la bouche car il venait d'énoncer une malheureuse vérité. Les enfants étaient une priorité pour nous. Ils passaient avant n'importe qui. Ainsi s'il y avait un choix à faire, cela serait Bethany, Tate et Rory qui auraient toute notre implication.

- Veuillez m'excuser, je vais voir si elle n'a besoin de rien.

Il partit rapidement, nous laissant songeur sur sa situation. Je savais que Charlie était déjà entrain de chercher un plan de secours pour que tout le monde s'en sorte sans heurte, ce qui m'inquiétait. Elle était bien trop propice à laisser de côté sa propre sécurité pour sauver les plus faibles d'entre nous.

- S'il y a quelque chose à faire, nous devons y réfléchir ensemble, énonçais-je fortement avant d'ajouter plus doucement, nous sommes une équipe, Charlie, ne l'oublie pas.

Mon père s'éloigna pour aller jouer avec les enfants afin que nous puissions discuter tranquillement.

Charlie me regarda, l'air contrite.

- Désolé. La force de l'habitude.

Je soupirais.

- Il faut que nous trouvions une solution de secours en cas de besoin pour que tout le monde en réchappe mais cela doit ce faire en présence de tous.

Elle hocha la tête et se détourna pour appuyer son dos contre mon torse alors que mes bras l'entouraient toujours.

Un bruit assourdissant se fit entendre au-dessus de nous alors qu'elle dit, en levant les yeux vers le ciel...

- Tu as raison.

The new beginning of our livesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant