Chapitre 16 : Joaquin

1K 76 0
                                    


Almeria - 28 Juin 2020 - 14h06

Les exigences de Paola crevaient les records.

Le matin même, madame avait exigé une sortie en famille. Étant donné que sa demande avait été faite devant les enfants, je n'avais pu y aller de mon petit commentaire, et puis les garçons avaient été ravie de cette décision. Ils croyaient en cela que c'était pour elle un moyen de se rapprocher d'eux.

Nous voilà donc entourée de touristes venant des quatre coins du monde, nous nous promenions dans les rues typiques de notre si jolie ville sous les regards insistants, et leurs chuchotis, des pétions tourner dans notre direction. J'écoutais Rory discuter joyeusement en essayant d'attirer l'attention de sa mère mais elle ne lui prêtait aucune attention, trop occupée à scrutait les vitrines des magasins alentour.

- Oh regardez. Je peux faire un tour ? demanda-t-il soudainement en pointant une sorte de fusée qui bougeait d'avant en arrière si on y mettait une pièce.

J'allais accéder à sa demande lorsque je fus pris de frisson. Un rire légèrement rauque sur ma droite. Ma tête pivota sans que je le commande à mon cerveau. Une sorte instinct qui me poussait à trouver d'où venait se rire et qui l'avait poussé. Sans pouvoir m'en empêcher, je cherchais frénétiquement la personne au doux rire. Il y avait bien trop de monde, qui s'attroupait autour de nous. Je ne parvenais pas à identifier la femme en question. Rory me tira le bras et réitéra sa question. Je le laissais donc me conduire vers la fusée et lui donner une pièce de deux euros pour qu'il active le jouet. Paola s'approcha de moi et mit sa main sur mon bras.

- Qu'est-ce qu'il y a ? On dirait que tu as vu un fantôme.

Je retirais mon bras puis continuer à chercher.

- Rien.

Le rire se fit de nouveau entendre. Je pus enfin le localiser. C'était une femme, assis à la terrasse d'un café. Elle était assise en face d'une petite fille. Elle était assez proche pour que je puisse la distinguer pleinement. Elle était magnifique. La créature la plus belle qu'il m'était été donner l'occasion d'admirer. De longs cheveux bruns cascadant jusqu'à ses côtes. Une peau mate, comme satinée par le soleil. Une petite bouche pulpeuse que je voulus tant approcher pour y passer mon pouce afin de sentir par moi-même si elles étaient aussi douces qu'elles semblaient. Et enfin, ses yeux... Des yeux comme les siens étaient irréels. Ils étaient d'un bleu transparent, si beau. Je me rendis compte que cela faisait deux bonnes minutes que j'étais hypnotisé par cette inconnue et sortis de ma transe lorsque Paola enfonça ses ongles dans mon avant-bras. Je repoussais sa main.

- Ça va pas ? grondais-je.

- Tu étais en train de la baiser mentalement. Tu es censé passer un moment en famille, dit-elle entre ses dents.

- Détrompes-toi. On est là parce que tu l'as exigé et que les petits pensent que c'est parce que tu souhaites leur présence, rappelais-je avant de me baisser à son niveau pour lui chuchoter en jubilant ; et oui, j'étais en train de l'admirer parce que, Dieu m'en soit témoin, c'est la plus belle femme que je n'ai jamais vue.

Je reportai mon attention sur la jeune femme alors que les garçons entamaient leur deuxième tour de fusée. Elle se pencha sur la gamine, en lui souriant tendrement, pour lui essuyer la bouche. La petite mangeait une glace alors que la divine créature se contentait d'un soda. Elles discutaient comme si elles étaient seules, trop obnubiler par l'autre. Il y avait tant d'amour entre elles que cela transcendait tout autour d'elles. Était-il possible qu'elles soient mère et fille ? La femme semblait bien trop jeune pour avoir une aussi grande fille mais cela était possible.

- Ton fils veut une autre pièce, Joaquin, m'informa Paola entre ses dents.

Je regardais mon fils qui attendait en tendant la main puis reporta quelques secondes sur la femme et l'enfant puis de nouveau mes fils et la pensée qui me vint m'attrista. Ils n'avaient pas droit aux regards que cette petite fille prenait pour acquit. Cela me fit mal pour eux. Ils méritaient tellement ce genre d'étincelle dans le regard venant de leur mère. Pourquoi était-elle incapable de leur donner ce que cette femme donnait à sa fille ?

Je lui tendis la pièce et il exultait, ce qui me fit sourire. Il était si aisé de les contenter.

Les rires du couple mère-fille me parvinrent de nouveau et sans m'en rendre compte ma tête avait déjà pivoté en leur direction. La petite criait en rigolant quand la femme lui fit des chatouilles.

- Maman, arrête, s'il te plaît. Je serais sage, je serais sage, promit-elle entre deux éclats de rires.

Des américaines. J'eus envie d'entendre leur conversation, je dus alors user d'un stratagème pour m'approcher.

- Vous voulez boire quelque chose les garçons ?

- Oh oui, je veux du soda, papa.

- Deux cocas alors, dis-je en commençant à m'éloigner avant d'être arrêté.

- Tu vas aller voir cette pute américaine ?

Je la confrontais avec colère.

- Même si c'était le cas, cela ne te regarde pas, Paola. Lâche-moi, grognais-je les yeux noirs de colère, ce qu'elle fit.

Je me dirigeais à l'intérieur du café et m'arrêtais au plus près de leur table.

- Que veux-tu faire après t'être empiffré de glace, mon ange ?

- Je veux aller à la plage, ou aller au parc d'atrac... se coupa l'enfant, la mine, soudainement triste.

La mère posa sa main, avec douceur, sur la joue de la petite.

- Eh... qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ?

- Paul me manque... la dernière fois qu'on est aller au parc d'attractions s'était avec lui...

La jeune femme perdit son sourire et soupira.

- Je sais, mon ange, mais tu sais que tu peux l'appeler quand tu veux.

- Même maintenant ?

La jeune femme sortis un téléphone portable et lui tendit avec un petit sourire en coin en lui faisant un clin d'œil. L'enfant récupéra rapidement le téléphone et sortait un morceau de papier de sa poche.

- Tu n'as pas besoin du papier, ma chérie, son numéro est enregistré dans mon téléphone.

Lorsqu'elle trouva ce qu'elle cherchait, elle porta le téléphone à son oreille et attendit.

- Allô ?

- ...

- Oui, c'est moi, Paul. Tu es bien rentré ?

- ...

- Oh oui, on s'amuse trop trop. Je mange une glace là et après on ira à la plage ou au parc d'attractions. Tu te rappelle quand on est allé ensemble au parc d'attractions ?

- ...

La petit éclata de rire faisant sourire sa mère avec douceur.

- Oui, maman va bien.

-...

- D'accord mais après on reparle, exigea-t-elle tel un petit dictateur.

La petite tendit le téléphone à sa mère qui l'attrapa, les yeux brillants. Un chanceux avait été plus rapide ce qui me décevait plus que de raison. Je leur tournais le dos et commandais.

The new beginning of our livesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant