Chapitre 21 : Charlie

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Lieu inconnu - 29 Juillet 2020 - 23h56

Nous roulions depuis des heures. Nous avions quitté Almeria pour atteindre les terres exemptes de vie. Quelques maisons entachaient ce si beau paysage mais c'était cela que je recherchais avidement. Une maison avec de grands murs tout autour. Certaines maisons auraient pu faire l'affaire mais je voulais être certaine qu'il n'y avait pas mieux ailleurs. Je tournais donc entre les plaines, les collines, les prairies, les yeux grands ouverts. Marisol faisait de même tandis que les enfants dormaient depuis bien longtemps.

Je commençais à me dire que nous devrions, peut-être, faire demi-tour et nous arrêter sur une des villas que nous avions croisé quand Marisol rompis le silence.

- Regarde, Charlie, s'exclama-t-elle dans un murmure en pointant du doigt un endroit sur sa droite.

Je scrutais l'obscurité et vis ce qu'elle avait repéré. De hauts et épais murs en brique et pierre entourer une maison. On ne pouvait apercevoir seulement le toit, tant ils étaient haut. Mon regard se porta de nouveau sur la femme alors qu'un sourire naquit sur mes lèvres. C'était parfait. Nous avions trouvé notre lieu de résidence. Je tournais le volant sur ma droite et pris le petit chemin en terre qui nous conduisait à un immense portail électrique.

- Comment on va faire pour entrer ? s'inquiéta-t-elle.

- Je m'en occupe. Ne t'inquiète pas, dis-je en sortant de voiture avec mes deux Berreta 92s où j'avais préalablement équipé de silencieux.

Un petit panneau de contrôle était accolé au mur, près du portail. Cela était une chance. Je le désossais afin de découvrir les fils puis fit la connexion avec les bons fils. C'était fou ce que les fabricants négligeaient ce genre de détails si précieux aux voleurs. Le portail se mit en branle et s'ouvrit alors que je remontais en voiture pour stationner le véhicule au milieu d'un immense jardin. Le paradis.

Je retournais à l'extérieur pour reconnecter les fils afin de fermer le portail et me faufiler entre les portes se refermant après mon passage. Nous étions en sécurité. Du moins tant que les enragés ne savaient pas grimper les murs.

Je demandais à Marisol de s'enfermer dans la voiture et de veiller sur les enfants le temps que je fasse le tour de l'immense villa afin de m'assurer qu'il n'y avait aucun risque. Lorsque je revins à eux, les enfants étaient toujours endormis alors que nous vidions la voiture de nos affaires puis Marisol pris Tate dans ses bras pour le mener à l'intérieur de la luxueuse villa. Je pris Rory contre moi et réveiller ma fille.

- Il faut se réveiller, ma chérie. On est arrivé, chuchotais-je doucement à son oreille.

- Hfpf, fut la seule réponse que je reçus de sa part alors qu'elle se levait à moitié endormi.

Je lui pris la main et la conduisis à l'intérieur. J'installais Rory, à l'autre bout du canapé où était endormi son frère. Bethany s'installa sur l'autre canapé pour reprendre sa nuit.

- Il faudra descendre tous les matelas de la maison. Nous dormirons tous dans la même pièce pour plus de protection, informais-je Marisol.

- Tu veux le faire maintenant ?

- Non. Nous devrions nous reposer. La journée a été longue.

Elle acquiesça en baillant et s'installa sur le fauteuil qui se trouvait dans le coin droit de la pièce. Je laissais mes yeux errer sur les petits corps inconscients de mes petits et ressenti, pour la première fois, de la fierté d'avoir pu les mettre en sécurité dans un endroit où ils pourraient, malgré les circonstances, s'épanouir un maximum. Nous allions, bien entendu, devoir établir des règles afin de garder notre quiétude mais cela serait minime. Le voisinage se trouvait à plusieurs kilomètres et même s'ils étaient toucher par le même virus que les enragés, ils ne seraient pas difficiles à éliminer car peu nombreux.

Je me sentis soudain, très seule. La touche de folie d'Ashley me manquait. La tendresse de ma mère ma manquait. La présence indéfectible de Joan me manquait. J'avais, plusieurs fois, tenté de les contacter mais rien y faisait. D'après les dernières infos passées à la télévision avant que tout soit coupé, l'Amérique commençait à être envahi par les choses. Ainsi, je doutais que mes proches soient encore en vie. Cela me mettait toujours un coup au moral lorsque j'y pensais. Je m'empressais donc de penser à autre chose. Dans le monde actuel, nous n'avions pas le temps de nous morfondre si nous voulions rester en vie. Je serrais donc les dents et m'installais près de ma fille. Je la pris dans mes bras, elle se retourna et posa sa tête sur ma poitrine puis soupira. La fatigue me tomba dessus brutalement et je m'endormis pour la première fois depuis quatre jours.

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Ce sont des rires joyeux qui me sortir de mon sommeil, le lendemain matin, puis vint un tout autre son. La télévision.

J'ouvris un œil puis l'autre. Les enfants étaient en train de petit-déjeuner en regardant un dessin animé et je me crus dans une autre dimension où tout était redevenu normal. Tate rigolait en regardant Babouche faire des cabrioles à l'écran alors que les deux plus grands se moquait du film qu'ils semblaient juger débile. Cela ressemblait à une scène familiale quotidienne, tout à fait normal. Une chaleur diffuse envahit ma poitrine en les voyant ainsi.

Marisol arriva, d'une pièce quelconque, et en me voyant réveiller, elle fit demi-tour sous mon regard perplexe.

- Je t'apporte du café, dit-elle.

Je la remerciais sans lâcher mes petits du regard, hypnotiser par les joies.

- Maman, tu es enfin réveillé. Tu as dormi longtemps.

Je regardais ma montre. Il était onze heures. Il n'était pas dans mes habitudes de faire la grasse matinée mais le manque de sommeil avait eu raison de moi.

- Ma, veiller, s'écria Tate en me sautant dans les bras, me laissant pantoise.

Ma ?

- Qu'est-ce que ça veut dire ma, champion ?

Ce fut Bethany qui répondit.

- Ils m'ont demandé si tu pouvais être leur maman à eux aussi et j'ai dit oui, souriait-elle grandement.

Je ne savais pas quoi répondre. Ces enfants avaient des parents. Bien sûr, la femme qui était avec eux s'était enfui, les laissant seuls mais je priais pour qu'elle ne soit que la nounou. Une mère ne pourrait jamais abandonner ses enfants pour sauver sa propre peau... si ?

Si tel était le cas, elle n'avait pas intérêt de ce pointer devant moi.

Je fis alors ce qui me semblait juste.

- Vous devez avoir une maman et un papa, quelque part... Vous ne voulez pas leur faire de la peine s'ils nous retrouver, n'est-ce pas ?

- Notre mère ne nous aime pas... Elle nous a abandonnés quand les monstres sont arrivé, répliqua Rory d'une voix triste.

Il venait de confirmer mes craintes. Cette femme était leur mère et elle les avait abandonnés à leur propre sort. Salope. La haine ancré dans chaque fibre de mon corps, je répondis, entre mes dents serrées.

- Et votre papa ?

- Papa, il nous aime fort, fort. Mais il était parti nous acheter des cocas pour nous faire plaisir et après on l'a plus vu, pleura franchement Rory.

Je le pris dans mes bras pour le réconforter. Je ne pouvais pas faire grand-chose d'autre, à mon plus grand désarroi. Je ne pouvais lui promettre qu'il allait bien, ni qu'il le reverra un jour alors je me contentais de le serrer contre moi jusqu'à ce qu'il se fonde en moi afin qu'il sache qu'il n'était pas seul. J'en fis de même pour Tate lorsqu'il vint à moi pour réclamer le même traitement que son grand frère.

Émue par ces bouts de chou, qui cherchaient en cette demande, un point d'ancrage, je leur dis alors en espérant ne pas le regretter.

- Je serais tout ce dont vous aurais besoin, les garçons.

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