Chapitre 26 : Joaquin

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Province d'Almeria - 03 Août 2020 - 00h37

Les enfants dormaient sur les matelas disposés, ici et là, à même le sol du salon. Cela me semblait une bonne idée d'avoir réuni tout le monde dans une seule pièce. Bien plus facile à protéger, en cas d'attaque.

J'étais resté près de mes fils. Je voulais qu'ils sentent mon odeur près d'eux alors qu'ils partaient au royaume des rêves. J'avais fini par m'endormir et lorsque je me réveillais, il faisait nuit noir. Tout le monde dormait. Tous, sauf une. Charlie. Je la cherchais du regard mais elle restait introuvable. Je me levais, bien décidé à la trouver et apprendre à connaître cette femme en qui j'avais fondé tant d'espoir, ces dernières semaines.

Je fis le tour du rez-de-chaussée mais aucune trace de la jeune femme au regard dur. La surprendre sur le toit de son véhicule alors que des créatures auraient pu la dévorer m'avaient autant terrifié que fait espérait. Elle aurait pu mourir en voulant nous sauver mais elle ne semblait pas s'en formaliser, comme si cela n'avait été qu'une petite broutille. J'avais alors découvert qu'elle était casse-cou. Elle ne se souciait absolument pas de sa propre sécurité. Cela faisait naître en moi une sorte de malaise désagréable à cette idée. Je vis un mouvement sur la terrasse, devant la maison. Mon corps se crispa entièrement. Nous avions de la visite.

Je pris en main une batte de baseball, qui traînait dans le salon, et me dirigeais vers la porte. Je soufflais un bon coup, puis avant de laisser la panique me paralyser, j'ouvris la porte brutalement. Je sortis brusquement et me tournais vers l'endroit où le mouvement m'avait interpellé.

Je me figeais, immédiatement, lorsque je reconnus la jeune femme, se balançant sur une balancelle, les yeux rivés devant elle.

- Pose-moi cette batte. Elle ne te servirait à rien. Tu devrais aller te coucher, Joaquin, recommanda-t-elle d'une voix sombre, sans un regard.

L'entendre prononcer mon prénom m'envoya des frissons dans tout le corps. Elle tenait deux pistolets entre ses mains qui reposaient sur ses cuisses. Elle surveillait donc les extérieurs pour assurer la sécurité.

- Tu devrais y aller aussi, Charlie.

Elle ricana.

- Ah ouais ?

Je ne répondis pas à sa moquerie. Elle savait mettre les gens mal à l'aise. Je me demandais pourquoi elle faisait cela. Elle riait, les yeux brillant lorsqu'il s'agissait de s'adresser aux enfants ou encore à Marisol mais lorsqu'il fallait se confronter à nous, elle se transformait en reine des glaces. Je ne comprenais pas pourquoi tant de froideur à notre égard, ou du moins, envers moi. Je comprenais son aversion pour Paola, j'avais la même, mais en ce qui me concernait, je ne comprenais pas.

- Tu m'expliques comment on fait si les enragés pénètre dans l'enceinte de la propriété ?

Elle avait raison. Il fallait surveiller les alentours lorsque tout le monde dormait.

- On pourrait faire des roulements, proposais-je afin qu'elle puisse, elle aussi, se reposer.

Elle secoua la tête en laissant un sourire en coin naître sur ses lèvres délicieusement pulpeuses, en me regardant enfin.

- Tu sais tirer ? demanda-t-elle en levant un des pistolets et l'agita doucement sous mes yeux.

- Non, me montrais-je honnête.

- Tu as donc ta réponse.

Son regard dériva, de nouveau, sur les alentours, concentrée.

Malgré la frustration de ne pouvoir contribuer à assurer la protection de tous, qui entacha mon esprit de mâle, je ne pouvais m'empêcher d'être impressionné par Charlie. Elle était si déterminée, férocement protectrice. Cette femme possédait de multiples personnalités. J'avais eu la chance de voir la femme détendue et rieuse. Aujourd'hui, je découvrais la femme forte, sans peur, terriblement glaciale et hargneuse, qui pouvait se transformer en maman douce, tendre, aimante et protectrice. Je me rendis compte que j'aimais chaque aspect de sa personnalité. C'était ainsi, après tout, qu'elle était parvenus à garder en vie, toutes les personnes qu'elle avait prises sous son aile. Un ange gardien digne du plus haut rang de l'armée de Dieu.

Je m'avançais et pris place près d'elle. Elle leva les yeux au ciel.

- Tu pourrais m'apprendre, suggérais-je.

Elle pivota vers moi, un sourcil dressé.

- Tu serais prêt à te confronter à ses choses, seul ?

Les visages enragés me revinrent à l'esprit. Ils étaient si horriblement déterminés à nous bouffer que j'en déglutit. Je n'étais pas du genre peureux en temps normal et s'il s'agissait de ma protection seule, je n'hésiterais pas autant, mais ici, il s'agissait de protéger un groupe de personnes. Cette responsabilité était lourde. Cependant, mes fils faisaient partie du lot et pour eux, je serais prêt à endurer mille morts. Mes yeux se posèrent de nouveau sur elle. Pour elle et sas fille, je le pourrais aussi. Il était normal de ressentir de la gratitude pour ce qu'elle avait fait pour mes enfants mais cela allait au-delà. Je me rappelais des frissons qui m'avait envahi lorsque je l'avais entendu rire avec sa fille. Mon besoin de découvrir à qui appartenait ce rire. Il y avait bien plus que cela mais je n'arrivais pas encore à le déterminer. La seule chose dont j'étais sûr, était que j'étais attiré par elle, comme si mon corps hurlait, au sien, de se rapprocher. Je secouais légèrement la tête lorsque mon sexe répondit favorablement à mes pensées.

Elle dut lire dans mon regard ce qui me traverser l'esprit car ses sourcils se fronçait au même moment où une lueur apparut dans le sien.

- Je n'ai pas le temps pour ses conneries, gronda-t-elle ; va te coucher. Je vais réfléchir à ton idée.

J'en étais sûr. Elle avait ressenti cette même énergie, cette pulsion, que moi et cela l'avait clairement énervée.

Je ne bougeais pas. Je restais assis, près d'elle, à contempler les extérieurs. Deux paires d'yeux ne valaient-il pas mieux qu'une, après tout ?

- Vous comptez partir, tous les quatre ? demanda-t-elle soudainement après plus d'une heure de silence.

- Je ne sais pas... c'est ce que tu veux ?

Elle resta silencieuse. Je la scrutais, cherchant à lire en elle, jusqu'à ce que la raison de sa froideur envers moi, m'apparût.

- Si on doit partir, ce sera avec vous. Soit vous nous suivez, soit on reste.

Sa tête pivota si vite vers moi que j'en reculais, surpris. Elle me fixait, suspicieuse.

- Pourquoi ?

- Rory et Tate, ce sont attacher à Bethany et toi, je ne peux pas vous séparer. Je sais que tu les aimes. C'est pour ça que tu es si glacial avec moi, n'est-ce pas ?

Elle détourna le regard, sans rien dire, pendant un très long moment.

- Merci, fit-elle par sortir d'une voix réticente, comme si cela lui arracher les entrailles de le prononcer.

Cela m'arracha un sourire. Nous allions enfin pouvoir avancer dans de meilleures conditions.

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