Chapitre 40 : Joaquin

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Sud de la France - 17 Septembre 2020 - 03h57

Je pouvais voir un immense bâtiment en bout de terrain. Il disposait de hauts murs imposant en pierre. Malgré l'obscurité, je pouvais discerner une haute tour accolée de plusieurs bâtiments en pierre. La bâtisse était perdue sur une montagne, éloigner des petits villages en contrebas. Cela semblait idéal pour se sédentariser, quelque temps.Les enfants avaient besoin d'un endroit où ils seraient en sécurité.

Je m'approchais un peu plus, malgré le chemin biscornu et difficilement praticable, tout en secouant Charlie afin de la réveiller. Dans un sursaut, elle ouvrit les yeux. Dans un réflexe, que j'avais appris à calculer, elle braqua son arme partout autour d'elle avant que son regard tombe sur moi. D'un geste de tête, je lui montrais la bâtisse.

- Tu crois qu'il est vide ? demande-t-elle en rangeant son pistolet.

- Je sais pas. Nous verrons bien. Je pense que c'est une abbaye alors si elle est habitée cela sera par des moines. Ils seront peut-être conciliants et nous offrirons l'asile pour un temps.

En prononçant ces dernières paroles, je me garais devant un des bâtiments. Des escaliers menaient à une porte, près de la tour. Charlie et moi sortions nos armes sans attendre et ouvrîmes nos portières. Les voitures à l'arrière s'ouvrirent également. Tous armés, nous scrutions, assidûment, les environs, prêts à agir aux moindres mouvements suspects, entourant les voitures pour protéger les occupants restants. Je jetais un coup d'œil à Sonia, l'air concentrée, elle semblait prête à partir en guerre. Je me sentis fier de ma petite sœur qui voulait tant être productive à notre groupe. Lorenzo et Esteban restèrent sur le flanc droit de la voiture où étaient ma mère et Sarah. Mon père sur le flanc gauche de cette même voiture avec Sonia. Charlie resta sur le flanc droit de la nôtre alors que je surveillais le flanc gauche. Les enfants dormaient toujours alors que Marisol s'était réveillée. Un soupir fut poussé derrière moi, je me tournais pour voir Charlie baissait ses bras.

- R.A.S, les gars. Allons voir si on peut crécher ici quelque temps.

Elle empruntait les escaliers alors que je restais poster devant la voiture, arme au poing. Lorsque la porte refusa de céder, elle frappa dessus de toutes ses forces, encore et encore, afin d'être entendu par les éventuels moines qui les abritaient. À bout de forces, elle abattit ses poings sur la porte une dernière fois avant de se figer dans une position de défaite. Les poings et le front accolé à la porte, tête baisser.

Elle faillit tomber, tête la première, lorsque la porte s'ouvrit soudainement pour laisser entrevoir une femme en costume ecclésiastique.

- Qui va là ? demande-t-elle d'une voix chevrotante.

Charlie s'approcha en faisant passer son tee-shirt sur son arme.

- Nous demandons l'asile, ma mère. Nous voyagions depuis des jours en quête d'un lieu sûr pour nos enfants et aînés.

Le silence se fit assourdissant alors que la nonne semblait réfléchir en passant la tête de l'intérieur à nous.

- Aucun de nous n'est infecté, ma mère, précisa Charlie ; nous sommes sains mais épuisés.

Cela sembla faire réagir la femme car elle nous fit signe d'entrer rapidement. Charlie revint sur ses pas pour réveiller les enfants alors que mon père en fit de même avec ma mère. Je pris Bethany dans mes bras. Charlie prit Tate et Esteban prit Rory. Nous fermions les voitures et entrions au plus vite. La porte se referma derrière nous dans un bruit sourd. La nonne nous pria de la suivre, ce que nous fîmes sans broncher.

- Je vous remercie, ma mère, souffla faiblement Charlie.

La religieuse s'arrêta et se tourna vers Charlie pour la scruter intensément. Une lueur de tendresse brillait soudainement dans les yeux de celle-ci. Elle leva la main pour caresser sa joue. Des larmes emplirent les yeux de la femme.

- Vous avez souffert, mon enfant. Cela vous a rendu sauvage mais sachez que Dieu est auprès de vous.

Charlie eut un mouvement de recul avant de se reprendre et d'attraper sa main, toujours poser sur sa joue. La nonne reprit son chemin pour nous conduire à des chambres vétustes mais suffisantes pour y loger. Je posais Bethany sur un des lits et entrai dans la chambre, à côté de la mienne pour y voir Charlie déposer les garçons dans le même lit.

- Tu vas bien ? chuchotais-je pour ne pas réveiller les enfants qui s'étaient rendormis aussi sec.

Dos à moi, elle prit une lourde inspiration avant de se tourner vers moi. Ses yeux brillaient d'épuisement et de larmes.

- Je suis fatiguée... si fatiguée d'être constamment sur les nerfs. J'ai besoin de me reposer, Joaquin, me pressa-t-elle de sortir de sa chambre.

Je n'étais pas dupe. Elle ne voulait pas s'exposer devant moi dans un moment de faiblesse mais elle avait besoin d'une épaule. Elle avait besoin de se sentir soutenue, moins seule. Il fallait qu'elle me laisse être cette personne pour elle alors je m'avançais vers elle et la pris dans mes bras. Je la serrais fort contre moi pour lui montrer qu'elle n'avait pas à endurer ce moment tragique, seule. Elle renifla bruyamment avant qu'un premier sanglot la trahisse. D'un coup, je sentis ses jambes la lâcher. Je la serrais plus fort en me laissant tomber à genoux, à même le sol, et la blottir contre moi alors qu'elle laissait toutes les émotions qu'elle avait contenues, jusque-là, se déverser sur ma chemise. Chacun de ses pleurs me brisait le cœur. Elle avait dû se montrer si forte, toute seule pour survivre avec quatre vies qui ne comptaient que sur elle. Cela était normal qu'elle craque après tout cela. Elle s'était conditionnée au combat pour les gardaient en sécurité et n'avait pas lâché lorsqu'elle nous avait retrouvé. Il était temps, cependant, qu'elle cesse avant de s'épuiser pour de bon. Elle n'était plus seule pour assurer la survie des enfants et Marisol. Nous étions tous prêts à lutter à ses côtés.

Mes genoux commencèrent à se faire douloureux, je la soulevais alors et l'allonger sur le lit près de celui de Rory et Tate puis la couvrait alors qu'elle partait dans le monde des rêves. Je lui caressais les cheveux, un moment, avant de me lever pour quitter la chambre. Je lançais un coup d'œil à mes enfants et fermais la porte. Lorsque je me tournais vers ma chambre, je sursautais violemment. La nonne se trouvait devant moi.

- Je ne voulais pas vous faire peur, mon enfant, s'excusa-t-elle.

- Ce n'est pas grave, ma mère.

Ses yeux dérivèrent sur la porte que je venais de fermer.

- Cette petite lutte depuis bien longtemps pour survivre, n'est-ce pas ?

- Elle a dû se battre seule pour protéger sa fille et mes fils ainsi qu'une des femmes qui nous accompagnent... Elle...

Je me coupais lorsque la femme secoua la tête.

- Vous ne comprenez pas. Elle lutte depuis bien plus longtemps que ces temps funestes. C'est une enfant courageuse mais elle s'épuise. Elle a besoin que vos paroles soient sincères, mon garçon, laissa-t-elle planer en partant dans la direction opposer à la mienne.

Je ne la lâchais pas du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse puis dérivais vers la porte fermée. Je passais une main sur la surface rêche en soupirant.

Charlie laisse-moi intégrer ton équipe...

The new beginning of our livesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant