Chapitre 28 - Mes mains

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J'étais pathétique, vraiment. Un tel niveau de pathétisme n'avait encore jamais été atteint. Heureusement personne ne me voyait dans cet état.

Moi, Drago Malefoy, censé être un Mangemort novice mais entrainé à être sans pitié, me retrouvais appuyé contre un lavabo, les épaules tombant au rythme de mes soubresauts. Seuls mes reniflements et pleurs déchiraient le silence ambiant.

J'avais commis une première tentative de meurtre. Cela faisait-il de moi un meurtrier même si elle avait échoué ? Je n'en pouvais plus de toute cette pression sur mes épaules. Ces sentiments de surveillance, de peur, de colère et de résignation pesaient trop lourd, si bien que je n'arrivais plus à respirer. Voir Katie Bell, en vie, était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, car la rajouter à la liste de mes inquiétudes n'était pas possible. Il n'y avait plus de place. Je n'arrivais plus à concevoir à un plan pour tuer Dumbledore et sauver Mère, tout en réfléchissant à d'autres idées pour ne pas éliminer le directeur de cette école, sans perdre Mère, et le tout, en évitant de perdre, ni la face, ni ma couverture. Je n'arrivais plus à faire semblant que tout irait bien.

J'étais coincé. Coincé tel un lâche. Il est vrai que j'aurais pu me rebeller contre le Maître, mais je ne pouvais perdre Mère. La simple pensée qu'un de ces monstres pouvait la toucher ou lui faire du mal m'emplissait d'une colère incontrolable et ensuite, d'une peur irrépressible. Je n'avais que 16 ans, que pouvais-je faire ? Je n'étais ni l'élu, ni un héros.

Je finis par me confronter à mon reflet dans le miroir. Mes yeux, autrefois d'un bleu turquoise, semblaient avoir perdu leur éclat pour tourner vers un gris froid. Quand à mes cheveux, j'avais l'impressions qu'ils devenaient de plus en plus clair. Ainsi, je ressemblais à Père.

Une moue de dégout s'afficha sur mon visage. Il représentait tout ce que je ne voulais pas devenir. Fut un temps, où je cherchais son approbation et sa reconnaissance mais il s'arrêta aussitôt que j'eus remarqué qu'il se comportait comme un des esclaves aveugles du Lord, sans dignité, ni respect pour lui même. Moi qui croyais que les Malefoy étaient fiers, la déception fut bien grande. Je refusais de devenir comme lui. Mais avais-je vraiment le choix ? Il avait Mère...

Dans un accès de colère, je poussais un puissant grognement et frappais au centre du miroir qui me rendait ce reflet pathétique et pourtant bien réel de moi-même. A présent, le miroir était aussi brisé que moi. Je pouvais toujours apercevoir mon regard malgré les éclats de verre et le sang se trouvant au niveau de l'impact. Je jetais un rapide coup d'oeil à mon poing, en effet, mes phalanges saignaient bien. C'était même plutôt moche étant donné qu'elles n'avaient pas eu le temps de guérir après mon dernier accès de colère dans la Salle sur Demande. Mais, au fond, quelle importance ?

Je relevais la tête vers mon reflet maudit mais un détail attira mon attention. Un détail que je n'avais pas remarqué avant, soit par manque d'attention, soit parce qu'il n'était pas là. Peu importait. Cette chaussure qui apparaissait à peine sur le bord du miroir me signifiait, de toute évidence, que quelqu'un était là.

Je me retournais doucement, le visage empreint de peur, car quelqu'un m'avait observé dans un tel état de désespoir. Mon coeur battait la chamade, tandis que je sortais ma baguette. La chaussure avait disparu et la personne était sûrement cachée derrière le mur puisque je n'avais entendu aucun bruit résultant d'un possible départ.

Tout à coup, Hermione apparut et murmura doucement :

- C'est moi.

Je rangeais ma baguette tout en levant les yeux au ciel. Hermione ne semblait ni heureuse de me voir, ni en colère. Juste déçue et triste. Tout comme moi en fait.

Et si j'étais allé à Durmstrang ?〖DRAMIONE〗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant