Metal Queen - Tome 1

- Juin 2009 -

D'épais nuages de morosité recouvrirent le ciel de ma vie lors du second semestre de l'année en cours. Mais quelques éclaircies se présentèrent lorsque notre professeur principal annonça que le voyage de fin d'année se déroulerait en Angleterre. Ma mère, qui ne voulait pas passer pour ce qu'elle était vraiment, n'eut d'autre choix que de me laisser partir une semaine avec mes amies au berceau de la musique Punk et des Fish and chips.

Durant le trajet, qui dura une quinzaine d'heure et alterna entre bus et ferry, nos professeurs nous donnèrent notre répartition définitive dans nos familles d'accueil. J'avais la chance d'être hébergée avec Louna et Ophélie, une fille de ma classe plutôt sympa, dans une famille qui se révéla être adorable et au petit soin pour nous. Ils nous reprenaient gentiment lorsque nous faisons une faute, ayant à cœur que notre séjour chez eux nous soit bénéfique. Et ils essayèrent de ne nous servir que le meilleur de la gastronomie anglaise, réputée ignoble chez nous. Si le résultat n'était pas vraiment concluant, nous appréciions tous de même leurs efforts.

Afin d'étoffer notre culture, nos profs nous avaient prévu un programme chargé de visites en tout genre. Parmi mes pires souvenirs, on peut compter la marche de trois heures entre le Tower Bridge et Big Ben – promenade tout à fait inutile et faite sous une pluie battante – ou bien l'excursion au Tate Modern. Louna et moi avons beau aimer la musique, l'art contemporain n'était pas vraiment à notre goût. Et n'oublions pas la représentation de Hamlet au Shakespeare Globe, qui marqua mon esprit pour une raison dont je me serais volontiers passée. En partie parce que ma compréhension orale de l'anglais était à l'époque aussi mauvaise que mes talents de peintre. Mais surtout : ma meilleure amie et Kevin passèrent la majeure partie du temps à se rouler des pelles à côté de moi. Autant le dire comme ça s'est passé : leurs échanges buccaux étaient bruyants et baveux ! De quoi me dégoûter de Shakespeare jusqu'à ma mort...

La visite de Buckingham Palace, en revanche, fut plutôt intéressante. Ce dont je me souviens le mieux, c'est de ce moment où, pour faire les malins ou impressionner les filles, une certaine proportion des garçons tenta d'arracher un rictus aux gardes. Oui, c'était cliché. Mais les voir gesticuler comme des singes nous fit bien rire. Et puis, il y a Arnaud... Si mes sentiments pour lui étaient toujours plus ou moins présents, je me rappelle de son intervention parce qu'il parvint à faire trembler les lèvres de l'un des gardes. Son anglais était tout à fait remarquable et il réussit cet exploit, non pas en faisant le pitre, mais en soufflant une blague à l'oreille du Welsh Guard. Autant dire qu'il fut acclamé en héro et adulé durant le reste de l'année scolaire par tous les élèves.

Mais mon plus beau souvenir restera à jamais le musée de Madame Tussauds. Sans parler des innombrables selfies que Louna et moi avons pris avec les statues de nos stars préférées – The Beatles, David Bowie, Bob Marley, Freddie Mercury, Robert Plant de Led Zeppelin ou encore Jimi Hendrix – j'ai une très bonne raison de garder cette visite dans mon cœur.

J'avais perdu Louna après être entrée dans la salle « Culture » du musée. Mais je ne m'en inquiétais pas puisque je savais que je la retrouverais de toute façon à la sortie. Cette pièce était un peu délaissée de mes camarades, ce qui n'était pas pour me déplaire. Nous étions les uns sur les autres depuis le début du séjour, et comme la majorité de ma promotion m'ignorait magistralement à cause de mes goûts en matière de musique, un peu de solitude était la bienvenue. Mieux valait ne voir personne que tous ces visages familiers et pourtant si distants.

C'est alors que la manche d'un blouson gris se dessina dans la périphérie de mon champ de vision. Je tournais la tête pour découvrir notre héro national – ou tout du moins scolaire – planté à côté de moi, en pleine admiration de Charles Darwin.