- 13 Août 2012 - 18h59 -

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Après l'accident, j'avais l'impression de vivre dans un cauchemar. Les secours avaient téléphoné aux parents de Chris et Richard s'était précipité à la morgue. Son ex-femme l'y avait rejoint, conduite par une collègue de travail.

J'ai appris plus tard que Florian avait appelé Léo pour le prévenir. Une clope coincée entre son index et son majeur, sa tête entre ses mains, assis sur les marches du perron de cette grande villa qui nous avait vus rire et faire les imbéciles encore quelques heures auparavant, notre bassiste nous attendait. Il était peut-être le dernier à avoir intégrer la bande, mais il avait développé une sacrée complicité avec notre batteur. Surtout en matière de conneries.

Tels des automates, nous avons ramassé nos affaires dans le but de rentrer chez nous. Il ne servait à rien de rester ici une seconde de plus. Les vacances avaient pris fin en même temps que la vie de notre ami. Comme aucun de nous n'était en capacité de conduire, les plus lucides ont écrit à leurs parents ou les ont appelés. Ceux-ci ont ensuite prévenus ceux des autres, et tous sont venus nous chercher.

Nous les avons attendus devant la villa. Comme mes amis, j'étais hagarde. Était-ce vraiment arrivé ? Ou avions-nous été victime d'une mauvaise blague ? De la part de Chris, ça ne m'aurait pas étonné, même si elle était de très mauvais goût. Mais, en y réfléchissant vraiment, j'en vins à la conclusion qu'il n'aurait jamais été aussi loin avec une farce. Alors oui, il était bien mort. Sauf que je n'arrivais pas encore à m'en rendre compte.

Près de moi, Florian se leva prestement et se dirigea d'un pas décidé vers un pilonne en béton qu'il commença à marteler de ses poings. Je n'apprendrais que plus tard qu'il fut le premier à entrer dans la seconde phase du deuil : la colère. Le déni avait été pour lui aussi bref que la fonte d'une glace en plein soleil. Pour nous autre par contre, ça risquait d'être plus long. Beaucoup plus long.

Assis à mes côtés, Alex ne s'était rendu compte de rien. Son regard perdu dans la vague, il caressait machinalement ma main de son pouce. C'est Léo et Corentin qui agirent pour stopper notre ami devenu comme fou. Il frappait inlassablement, hurlait des sons plus que des mots, les larmes roulaient avec abondance sur ses joues. Au même instant, un convoi de véhicules entra dans la cours et la mère de Florian se précipita hors de sa voiture.

— Laissez-moi faire, les garçons, dit-elle d'une voix douce. Merci pour votre aide.

Léo et Corentin échangèrent un coup d'œil avant de lâcher Flo'. Son père s'approcha de nous pour nous saluer avec humilité.

— Carole est psychologue et ce n'est pas la première fois que mon fils doit faire son deuil.

Il nous tendit à chacun une carte de visite.

— Je ne cherche pas à profiter de la situation, juste à vous aider. Appelez si vous en ressentez le besoin.

Je le remerciais d'un hochement de tête.

Donc Flo' savait qu'il devait laisser ses émotions sortir. Quel veinard... J'aurais bien voulu en faire autant, si seulement je ressentais quelque chose ! Mais rien d'autre qu'une légère peine ne pinçait mon cœur. J'étais vidée.

En descendant de son Opel, mon père n'eut qu'un pas à faire vers moi avant que je ne me précipite dans ses bras. Et les larmes refusaient toujours de couler. Elles étaient comme coincées dans ma gorge. Yoann et Mathilde étaient également du voyage et ils nous réconfortèrent, Louna, Alex et moi, comme ils le purent.

Je ne sais qui de ma sœur de cœur ou de mon petit-ami était dans le pire état. Tous deux ne cessaient de pleurer silencieusement. En plus de la peine d'avoir perdu quelqu'un de si cher à mon cœur, j'avais mal pour ces deux personnes qui aimaient Chris autant que moi, si ce n'était plus.

Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant