- 3 Décembre 2009 -

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Les températures extérieures étaient de plus en plus basses, et la pluie termina de nous convaincre que nous devions trouver un autre endroit que le banc près du coin fumeur pour mes leçons de guitare. Comme je m'étais récemment mise à fumer – oui, je sais, je n'aurais jamais dû tenter de « voir ce que ça faisait » – j'essayai de trouver un endroit abrité à l'extérieur. Après avoir cherché pendant quelques jours, Chris découvrit par hasard un recoin isolé dans le hall qui desservait l'amphithéâtre, le self, et le foyer des jeunes. Si nous ne pouvions pas fumer, nous étions au chaud, au sec, et hors de portée des oreilles indiscrètes.

Presque trois semaines avant Noël, Chris tomba malade et dû rentrer chez lui. « Gastro explosive » nous envoya-t-il par SMS en sortant de son rendez-vous chez le médecin. Apparemment, ce n'était pas beau à voir, mais nous en rions encore le soir-même à table.

Après manger, j'allai comme d'habitude chercher ma guitare et rejoignis Alex dans notre petit recoin. Assis confortablement sur son manteau, il m'attendait en jouant distraitement. Lorsqu'il leva les yeux vers moi, je trouvai son regard différent sans réussir à mettre le doigt sur la raison de ce changement. Alors je posai mon blouson en boule sur le carrelage et m'installai dessus. Assis face à face en tailleur, notre petit recoin était si exigu que nos genoux se frôlaient constamment. Il jouait parfois avec moi, mais il se contentait le plus souvent d'écouter simplement le son de mon instrument pour s'assurer que mes doigts étaient bien positionnés. Il me fit répéter plusieurs enchaînements d'accords durant une demi-heure. Mais la manière dont il me regardait me déstabilisait. Il me scrutait de manière trop intense et mon cœur battait un peu plus rapidement à chaque fois.

— T'as un cil sur la joue, dit-il soudain en me fixant avec un regard profond, un léger sourire planant sur ses jolies lèvres.

Je m'arrêtai de jouer et passai mes deux mains sur mon visage. Le sourire d'Alex s'élargit.

— Loupé. Viens par-là, m'intima-t-il en se penchant un peu vers moi avant de tendre la main.

Hypnotisée par son regard, le haut de mon corps avança vers lui sans que je ne le décide vraiment. La pulpe de son pouce caressa doucement ma joue et lorsqu'il le retira, un petit cil noir était accroché à son doigt. Je relevai les yeux en sentant son souffle chaud sur ma joue et mes prunelles plongèrent dans les siennes.

Alex leva son autre main pour attraper une mèche de cheveux qui s'était échappée de mon chignon. Il la remit derrière mon oreille avant de suivre la courbe de ma mâchoire du bout des doigts, puis de descendre dans mon cou. Ma peau se couvrit de frissons et un désir violent se réveilla en moi, comprimant mon bas-ventre. J'avais soudain très chaud et mon souffle se faisait de plus en plus court. Mon cerveau aux abonnés absents, je n'étais plus que sensations et instincts, mon corps tendu dans l'expectative de ce qui allait se produire ensuite.

Soudain, il franchit les quelques centimètres qui nous séparaient et posa doucement ses lèvres sur les miennes. Il m'avait envoyé tous les signaux possibles mais je fus tout de même surprise et gardai les yeux grands ouverts. Sa main dans mon cou remonta doucement jusqu'à mes cheveux, l'autre se posa sur ma joue où le fameux cil se trouvait un peu plus tôt. Ses lèvres étaient douces et son baiser chaste, mais je l'entendis inspirer profondément, comme s'il voulait s'imprégner de mon odeur. Il recula quelques secondes plus tard et me scruta avant de baisser la tête en reposant ses mains sur sa guitare.

— Désolé, dit-il simplement.

Il releva les yeux vers moi avec un air coupable et des joues rougies. De désir ou de honte ? Je n'aurais su le dire.

— Pourquoi ? demandai-je en posant ma guitare à côté de moi, contre le mur.

Je ne lui demandais pas pourquoi il était désolé, mais pourquoi il m'avait embrassée. Alex me scruta quelques secondes. Il sembla chercher le sens de ma question, puis se gratta la nuque.

Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant