Metal Queen - Tome 1

- 29 Novembre 2011 - 10h12 -

Si nous rencontrions le succès hors du bahut, c'était autre chose une fois dans l'enceinte de l'établissement. On ne peut pas plaire à tout le monde, me direz-vous. Sauf que la jalousie peut parfois entraîner des situations délicates. Durant toute ma vie, je n'avais pas eu que des amis, mais j'avais toujours fait en sorte d'ignorer les personnes qui ne m'aimaient pas. Sauf que notre réussite, combinée au fait que je monopolisais depuis deux ans l'un des plus beaux mecs du lycée, commençait à m'attirer de sérieux ennuis.

Ajoutez à ça que notre lycée était privé et catholique, nous avions régulièrement le droit à des regards noirs et des paroles blessantes prononcées sur notre passage de la part des BCBG, comme nous les appelions. Ils étaient tous issus de milieux aisés et la majorité nous accusaient de nuire à la réputation de l'école de par notre style musicale et vestimentaire. Cela ne touchait aucun d'entre nous, bien entendu, mais ça alimentait les rancœurs. Et malgré notre indifférence et le soutien de ceux qui étaient fan de notre musique, le phénomène ne fit qu'empirer.

Alex était dans la même classe que Léo, et Chris était dans la mienne. Malgré cette séparation durant les heures de cours, mon adorable petit ami trouvait toujours un moyen de me croiser à l'intercours pour venir me voler un baiser, quitte à devoir courir à travers les couloirs et au risque d'arriver en retard.

Nous étions fin Novembre et je descendais les escaliers pour changer de salle en me lamentant auprès de Chris et Cindy au sujet du dernier contrôle de français. En me penchant par-dessus la rampe, je vis qu'Alex m'observait d'un œil enamouré depuis le bas des marches pendant que Léo l'attendait pour retourner en cours, adossé à l'encadrement d'une porte coupe-feu. Derrière-moi, un groupe de filles qui m'avaient en horreur débitait des absurdités sur mon compte, ce que j'ignorais royalement en gardant une expression neutre. Chris m'adressa un sourire contrit et Alex fronça les sourcils en entendant ce qu'elles disaient. Il était comme moi : on pouvait parler dans son dos, il n'en avait rien à foutre. Mais dites du mal de ceux qu'il aime et vous aurez affaire à lui ! Il resta néanmoins en dehors de l'histoire, prêt à intervenir si ça dégénérait.

Situons un peu la bande de pouffiasses pour une meilleure compréhension des événements à venir : il y avait tout d'abord Jennifer, ou le bas de la chaîne alimentaire. Blonde et idiote au possible (qui a dit que les clichés ne pouvaient pas être réalistes ?), elle était le faire-valoir par excellence. Venait ensuite Amandine, la jolie brune pulpeuse qui faisait tout pour conserver son statut social et se faire bien voir de la pimbêche suprême : Cléa. Cette fille, c'était le diable. Grande blonde au physique athlétique avec de généreuses paires de seins et de fesses, elle régentait la vie de tous ceux qui espéraient être un tant soit peu populaire et décidait qui était « in » ou « out ».

— Je vois vraiment pas comment un beau gosse comme Alex peut sortir avec une dinde pareille ! s'exclama Amandine d'un air faussement horrifié.

— Moi, ce que je comprends pas, c'est qu'il ne voit pas qu'elle le trompe, répliqua Cléa.

Les deux autres, ainsi que quelques élèves autour, se figèrent sur le palier avant la dernière volée de marches. Tous émirent des sons de surprise et d'indignation mêlés. Je serrai les poings et m'arrêtai à mon tour, trois marches plus bas qu'elles, afin d'entendre ce qu'elles avaient encore inventé pour saper ma réputation. Chris et Cindy étaient un cran en dessous de moi et guettaient ma réaction.

— T'es pas sérieuse ? demanda Jennifer.

— J'ai l'habitude de mentir ? s'offusqua Cléa.

Bah ouais, salope. C'est d'ailleurs ce que tu fais de mieux, songeai-je avec rage.

— J'ai même des preuves. Tenez, continua-t-elle.

Je me retournai pour voir ce qu'elle trafiquait. Un air narquois sur le visage, elle avait sorti son portable et montrait l'écran à ses deux acolytes, qui affichèrent des mines stupéfaites.