- 30 Août 2010 - 19h22 -

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Le lundi soir précédent la rentrée, Louna organisa une soirée cinéma chez elle pour « nous faire oublier que les cours reprennent dans un jour », avait-elle dit. Comme tous les ans à cette période de l'année, Nathalie et Xavier étaient partis rendre visite à leurs parents respectifs. Et comme Mathilde passait la nuit chez mon frangin, nous avions la maison des Ledoux pour nous. Mais seuls Alex, Marc et moi avions répondu présents. J'avais une chance folle que mon père soit beaucoup plus permissif que ma mère, mais je n'en abusais pas, car je savais que c'était un privilège qui pouvait m'être retiré à tout instant.

Forcément, j'arrivai la première chez ma meilleure amie et l'aidai à préparer le dîner : club sandwichs, chips, soda, et beaucoup de pop-corn ! Nous riions comme des perdues en nous remémorant des souvenirs qui ne concernaient que nous lorsque Marc arriva, et je pris instantanément le rôle de cinquième roue du carrosse.

— Enfin, bébé ! m'exclamai-je lorsqu'Alex pointa le bout de son nez un quart d'heure plus tard.

Je me jetais dans ses bras et surjouais, comme si je venais de vivre un véritable calvaire :

— Tu me sauves la vie ! J'ai bien cru que ces deux-là allaient se sauter dessus sur le comptoir de la cuisine !

J'en faisais des tonnes et mon cher et tendre éclata de rire.

— C'est pas une mauvaise idée, rétorqua Marc en lorgnant ma meilleure amie d'un œil gourmand.

— Mais trouvez-vous une chambre ! grognai-je sans pouvoir me retenir de rire.

— Enfin, trésor, s'exclama ma sœur de cœur, on mange pas le dessert avant le plat !

— Tu sais Louna, l'ordre des plats, c'est complètement surfait, lança Alex en plongeant son regard dans le mien.

J'y vis alors un désir ardent et m'arrêtai net de rire. Mon cœur accéléra le rythme alors que mes joues se teintèrent de rose. Nous jouions à ça depuis des semaines. Nous nous envoyions des regards sans équivoque et des sous-entendus, ce qui avait exacerbé ma libido. Sans parler des sextos !

Alex avait commencé un soir, juste après la fin des cours, en m'envoyant une photo de lui torse nu. Il sortait de la douche et ne s'était pas séché : une serviette nouée autour de la taille, ses cheveux dégoulinaient sur son torse viril et si bien dessiné. Je m'étais sentie obligée de répondre de la même manière. Enfilant ma seule nuisette – offerte par Louna à Noël – j'avais pris des dizaines de clichés devant mon miroir. La petite robe en satin orange bordé de fine dentelle noire faisait ressortir mes yeux bleus, moulait mes formes et ne me couvrait que jusqu'à mi-cuisses. Je me sentais ridicule, jusqu'à ce que je me trouve belle sur la seule image où j'étais à peu près naturelle. Les joues en feux, j'avais remis mon confortable pyjama informe avant de lui envoyer mon impression sur cette vue de lui qu'il m'avait envoyé :

Moi : Ça devrait être interdit d'être aussi beau !

Puis j'avais hésité à envoyer mon selfie, avant de m'interdire de réfléchir en appuyant sur le bouton « envoyer » de mon téléphone. Sa réponse a été instantanée :

Alex : Si tu savais tout ce que j'ai envie de te faire quand je te vois dans cette tenue...

Comme vous vous en doutez, ma curiosité était trop forte :

Moi : Ah bon ? Et je peux savoir de quoi on parle, précisément ?

Alex s'était fait une joie me répondre avec des mots un peu crus et beaucoup d'émoticônes. Ça m'avait tellement émoustillée que j'avais dû me donner trois orgasmes avant de réussir à m'endormir.

Nous avons continué à avoir ce genre d'échanges tout l'été. Si bien que ce soir-là, chez Louna, face au regard de braise d'Alex, le besoin que j'avais de lui était trop impérieux et je ne pouvais plus attendre. J'étais enfin prête. À vrai dire, je me sentais prête à sauter le pas depuis environ un mois, mais le moment propice ne s'était jamais présenté et je n'avais pas eu le courage de le provoquer. Jusqu'à maintenant.

Je fourrai le plat où reposaient les sandwichs dans les mains d'Alex avant d'attraper le saladier plein de chips.

— Tu veux bien m'aider à emmener tout ça, bébé ? lui demandai-je.

Avant de sortir de la cuisine, j'adressai un regard à ma meilleure amie pour qu'elle m'accorde cinq minutes avec mon copain. Nous nous connaissions depuis tellement longtemps qu'elle comprit tout de suite et hocha la tête.

Dans le salon, Alex avait déjà posé son plat sur la table basse. Je posai le saladier à côté et, sans lui laisser le temps de réagir, j'attrapai le guitariste par le col de son tee-shirt et lui offrit un baiser avide et plein de promesses. D'instinct, ses bras me plaquèrent contre son corps et sa langue vint taquiner la mienne, ce qui me procura un long et délicieux frisson de plaisir. Quand nos lèvres se séparèrent, je repris la direction de la cuisine et lui lançai :

— J'espère que tu comptais dormir ici et que t'as des capotes, mon ange.

Tout mon corps en feu, je pénétrais à nouveau dans la cuisine. Était-ce bien moi qui venait de dire ça ? Complètement hébétée par ma propre hardiesse, j'ignorai le couple en pleine exploration buccale sur le plan de travail et emportai le reste du dîner dans le salon. Avant de sortir de la pièce, je lâchai d'une voix aussi neutre que possible :

— Si vous êtes pas là dans cinq minutes, on lance le film sans vous !

Une part de moi espérait tout de même que ma meilleure amie et son mec montent directement dans une chambre pour y passer la soirée, ce qui m'aurait laissé tout le loisir de prendre mon temps – et du bon temps – avec Alex. Malheureusement, ils nous rejoignirent quelques secondes plus tard. Louna se recoiffa hâtivement avant de mettre le DVD dans le lecteur.

Kill Bill ! annonça-t-elle en s'installant sur un coussin à même le sol après avoir éteint toutes les lumières.

Je laissais échapper une exclamation de joie et interrogeais Alex du regard.

— Je l'ai jamais vu, annonça-t-il. Mais ça me tente bien.

— Si t'aimes l'hémoglobine et les nanas qui mettent des raclées à tout le monde, tu vas aimer, affirma Marc en souriant.

Je levai les yeux au ciel. Réduire ce film à cette simple description, c'était comme dire qu'une guerre faisait des morts : on passait à côtés des tenants et aboutissants qui donnaient tout son intérêt à l'histoire.

Le canapé était assez grand pour tous nous accueillir et les garçons s'y étaient installés mais, comme à mon habitude, je pris place à côté de ma meilleure amie et commençai à faire passer la nourriture pendant que Louna lançait le film.

— Il est en deux parties et y en a pour quatre heures, me sentis-je obligée d'avertir Alex.

Je vis à son expression qu'il était surpris, et je me sentis obligée d'ajouter :

— C'est du Tarantino, mon ange. Faut prendre le temps d'apprécier l'histoire et le spectacle.

Les sandwichs furent engloutis en moins de vingt minutes. Dans le film, la mariée venait à peine de faire sa première victime, et on découvrait en même temps que les flics l'étendue du massacre dans la chapelle.

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Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant