- 22 Mai 2010 - 22h06 -

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Par chance, il était tard et les véhicules se faisaient rares. De toute façon, je ne prêtais aucune attention à mon environnement et traversais la route sans regarder à de nombreuses reprises. Jusqu'au moment où un klaxon retentit dans une rue déserte. Je me stoppai net et regardai en direction du bruit. Des phares m'éblouirent et le véhicule se dirigea vers moi dans un crissement de pneus, avant de se stopper à trois mètres de l'endroit où je me tenais. Mes jambes me lâchèrent et je m'effondrai face aux occupants de la voiture qui venaient d'en sortirent.

— Mya ? demanda une voix féminine que je connaissais bien.

— Qu'est-ce' tu fais là, bébé ?

Alex et Raphaëlle accoururent avant de s'accroupir près de moi. Les phares m'éblouissaient toujours mais je crus distinguer des marques d'inquiétudes sur leurs visages.

— Bordel, mon ange, réponds ! Qu'est-ce' tu fais au milieu de la route ? Habillée comme ça, en plus ?

Si j'entendais ce qu'il disait, je ne le comprenais pas. Alex posa doucement sa main sur ma joue pour me forcer à le regarder.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé, bébé ? insista-t-il d'une voix plus douce.

— Ça sert à rien, Alex, dit Raphaëlle en posant sa main sur l'épaule de son fils. Elle est choquée. Fais la monter dans la voiture, on l'emmène aux urgences.

Au même moment, le portable de mon petit ami sonna. Il consulta l'écran et décrocha en faisant signe à sa mère d'attendre.

— Salut Yo'. Je suppose que tu cherches ta sœur, dit-il de but en blanc. Oui, elle est avec moi. On vient de la trouver au milieu de la route avec ma mère... Non, elle va bien... 

Un long silence s'en suivit.

— OK, je comprends mieux, reprit Alex. On va la ramener... Euh, ouais, attends. Maman, dit-il en relevant la tête, Yoann demande si elle pourrait pas passer la nuit chez nous. Apparemment ses parents jouent une reproduction de la crise des missiles cubains et c'est pas vraiment glorieux.

— Bien sûr, répondit Raphaëlle avec douceur en ma caressant les cheveux.

— Merci, lâcha-t-il avec beaucoup de gratitude. Yo' ? Ouais c'est bon, elle peut dormir chez moi... 

Il éclata soudain de rire.

— Compte sur moi, je lui passerai le mot. Bonne nuit, mec. Hésite pas, si t'as besoin.

Sur ce, il raccrocha pour se tourner vers moi avec un léger sourire aux lèvres.

— Ton frangin dit que t'as un sacré direct du gauche et qu'il te pètera le nez quand tu rentras.

Comme si ces mots avaient remis mon cerveau sur « ON », j'agrippai le bras de mon petit ami avant de lui sauter au cou. Mes larmes se mirent à couler de nouveau tandis que de gros sanglots secouaient mon corps.

— On devrait quand même l'emmener aux urgences, insista Raphaëlle.

— Je pense pas que les urgences soient nécessaires, maman, dit doucement Alex en me serrant fort contre lui. Elle est pas blessée, juste malheureuse. Je te raconterais dans la voiture.

Son bras toujours dans mon dos, il passa l'autre sous mes jambes pour me porter jusqu'à l'arrière du véhicule. Là, il m'attacha avant de monter de l'autre côté. Sa ceinture bouclée, Alex prit ma main dans la sienne et m'en caressa tendrement le dos avec son pouce. Il était là. J'étais en sécurité.

Ce n'est qu'une fois arrivés chez les Dubost que je me rendis compte qu'une odeur de fast-food emplissait l'habitacle. J'avais arrêté de pleurer et mes pensées commençaient à redevenir cohérentes. Ma main toujours dans celle d'Alex, je le suivis docilement. Une fois dans le salon, il me fit asseoir sur le canapé et s'installa près de moi pour m'enlacer.

Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant