- 23 Avril 2011 - 7h57 -

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La semaine suivante, nous délaissâmes un peu nos guitares pour nous mettre d'accord sur la setlist. Ce ne serait pour le moment que des reprises puisque nous n'avions aucune compo originale. Et le choix ne fut pas facile, car il fallait trouver des morceaux que je devais pouvoir chanter et que je maîtriserais facilement à la guitare malgré mon manque d'expérience. Iron Maiden et tous les autres groupes du même genre étaient exclus puisque le chanteur arrivait à atteindre des notes bien plus hautes que ce que mes cordes vocales me permettaient. Alex m'avait assuré qu'avec un bon prof de chant, j'aurais pu faire ce que je voulais de ma voix, mais ce n'était pas dans nos priorités.

Le samedi qui suivit nos anniversaires devait être notre premier essai de répétitions. Et je dois avouer que j'appréhendais un peu cette journée. 

Bon, OK : je l'appréhendais beaucoup ! D'autant plus que Louna et Mathilde débarquèrent à une heure beaucoup trop matinale pour une raison qui m'était inconnue.

— Allez, hop ! Debout là-dedans ! tonna mon père en faisant entrer mes amies dans ma chambre. Les filles je vous la laisse. J'espère que vous arriverez mieux que moi à en faire quelque chose !

Et sur ces mots, il sortit en laissant mes copines plantées au pied de mon lit et la porte grande ouverte. Complètement à la ramasse, j'avisais l'heure sur mon réveil avant de replonger sous les couvertures, espérant ainsi gagner quelques minutes de sommeil.

— Non, non ! On se rendort pas, là-dessous ! claironna Louna pendant que sa sœur ouvrait mes volets.

— Mais qu'est-ce vous foutez là, bordel ?

Mon grognement était digne d'un ours tout juste sortit de son hibernation.

— Ton père m'a appelé hier soir, expliqua ma meilleure amie. Il en a marre de t'entendre te plaindre de ta garde-robe et de tes cheveux. Alors il nous a missionnées pour te relooker.

Le jour de mon anniversaire, mon frangin avait eu la présence d'esprit de me faire remarquer que je m'habillais toujours comme une gamine. Depuis, j'avais passé la semaine à me plaindre de mon style vestimentaire chaque fois que je croisais mon reflet dans un miroir.

En y réfléchissant, mes amis avaient un style affirmé. Ils portaient tous des tee-shirts ou des débardeurs à l'effigie de leurs groupes préférés. Certains étaient chaussés de baskets de skate à carreaux. D'autres, de grosses bottes de motards. Les garçons avaient tous les cheveux longs. Alix avait coupé les siens pendant les dernières vacances et les portait coiffés en piques. Les longueurs rousses de Louna étaient zébrées de noir et de vert. Toutes les deux cernaient joliment leurs yeux de noir. Corentin et ma coloc' étaient tatoués. Ma meilleure amie et sa sœur avaient des piercings. Et moi ? Et bien je ne mettais jamais de maquillage, mes cheveux châtains étaient tellement longs et abîmés qu'ils en devenaient filasse, et je m'habillais encore comme une petite fille.

Mon cerveau mit quelques secondes à traiter l'information que venait de lancer mon amie. Et soudain, je rejetai ma couette au loin et m'assit dans mon lit pour dévisager les filles, un immense sourire aux lèvres.

— Bah, j'aime mieux ça ! dit Mathilde en éclatant de rire. Allez, lève-toi et va te doucher. On s'occupe du reste.

Je sautai de mon lit en les remerciant et fonçai dans la salle d'eau. Vingt minutes plus tard, je revins dans ma chambre et y trouvai mes amies affairées à plier des vêtements qui n'étaient pas à moi.

— Vous foutez quoi ? demandai-je en sortant des sous-vêtements de ma penderie.

— On plie tes fringues.

— C'est pas les miennes.

— Si, c'est les tiennes, affirma Louna avec un grand sourire.

Intriguée, j'haussai un sourcil et m'approchai pour essayer de comprendre. Des tee-shirts de groupe, des jeans, une ceinture cloutée, une paire de Doc Martens, un sac à dos... Face à moi se trouvaient mes achats de Londres et mes cadeaux d'anniversaire ! Toutes les affaires que ma mère, à l'époque où mes parents étaient encore mariés, aurait pu jeter sans état d'âme si elle les avait trouvées dans ma chambre.

— Oh, bordel ! m'écriai-je en levant les bras au ciel et en sautant de joie ce qui, par la même occasion, fit tomber ma serviette au sol. Vous y avez pensé !

— Tu nous prends pour qui, franchement ? demanda Mathilde avec un sourire espiègle. Mais habille-toi, tu veux ? On a vu assez d'horreurs pendant la guerre.

J'éclatai de rire et levai mon majeur à son intention, avant de passer mes sous-vêtements.

— On t'a sélectionné une tenue pour aujourd'hui, annonça Louna en désigna un coin de mon lit.

— Vous êtes des amours ! dis-je en terminant de m'habiller.

— On sait ! répliquèrent les sœurs en chœur.

Un jean slim noir et un débardeur Metallica sur le dos, ainsi que mes belles Docs aux pieds, elles m'emmenèrent chez le coiffeur, avant d'aller écumer les magasins.

Nous sommes rentrées vers midi, les bras chargés de sacs remplis de nouveaux vêtements et de maquillage, et j'étais plus que fière de ma nouvelle coupe de cheveux. Bon, le coiffeur avait dû couper une cinquantaine de centimètres, mais le rendu était tout à fait à mon goût : le balayage avait éclairci de manière très naturelle le dessus de mes cheveux, tandis que le dessous avait été teint en noir. Une mèche plus courte retombait sur mon front avant d'encadrer mon visage, et les longueurs étaient coupées en un long carré dégradé et effilé. Mon père en resta bouche bée, ce qui me confirma que mes amies avaient bien fait de me bouger les fesses.

— Tu es magnifique, ma chérie, dit-il en me prenant dans ses bras.

— Merci, papa.

— Attends, que je te regarde mieux...

Il posa ses mains sur mes épaules et recula un peu pour m'examiner. Puis, secouant la tête d'un air mécontent, il déclara :

— Il est hors de question que tu sortes comme ça.

— Quoi ? Mais tu viens de dire...

— Je sais ce que j'ai dit, Amélia. Mais si tu sors dans cette tenue, Alex te laissera jamais rentrer à la maison et je reverrais plus ma petite fille !

Il surjoua le rôle du père trop protecteur et réussit à s'arracher une larme ou deux, avant de me prendre dans ses bras pour me serrer beaucoup trop fort.

— Arrête papa ! T'en fais trop ! réussis-je à articuler, ma bouche plaquée contre son épaule.

Il me relâcha finalement et rit avec moi.

Avant de manger, mes amies me donnèrent un cours de maquillage express pour que je puisse me faire un joli smocky toute seule. Puis Louna et Mathilde partirent tandis que je sortais ma moto du garage et que je m'équipais.

En surfant sur le net, j'avais trouvé un sac très pratique qui s'attachait comme un holster de cuisse, ce qui me libérais d'un sac à dos et me permettait de passer la housse de ma guitare en bandoulière. Ce n'était pas des plus pratiques, mais j'en avais marre de tout le temps devoir me trouver un chauffeur alors que j'avais une bécane.

Une fois prête, je dis au revoir à mon père avant de rejoindre Alex et Chris chez ce dernier pour notre première répétition. C'était plus simple de faire ça chez lui puisque sa batterie s'y trouvait déjà, et que c'était le genre d'instrument plutôt chiant à déplacer.  

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Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant