- 5 Novembre 2009 -

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Le jeudi suivant les vacances de la Toussaint, j'entrais comme toutes les semaines dans mon magasin de musique préféré – que j'avais découvert presque deux ans auparavant avec Louna – et flânais entre les instruments en rêvant de pouvoir un jour ressortir d'ici avec une guitare électrique. Comme d'habitude, le gérant me fit un grand sourire. Ses lèvres bougèrent mais je n'entendis pas ce qu'il disait car un garçon frappait comme un sourd sur une batterie rutilante. Je m'approchai à une distance raisonnable pour mes oreilles et le regardai jouer. Il était bon. J'aurais même dit excellent. Puis je m'aperçus que je le connaissais. Il s'agissait de Chris, mon camarade du cours de musicologie. En réalité, il s'appelait Christophe, mais il trouvait son prénom désuet et préférait son diminutif.

Quand il mit un terme à sa performance, j'applaudis et m'attirai son attention par la même occasion.

— Tiens ! Salut, Amélia, lança-t-il avec un grand sourire en posant les baguettes sur un fût avant de venir à ma rencontre. Qu'est-ce' tu fais là ?

— Mademoiselle vient toutes les semaines admirer nos instruments, lança le gérant en m'adressant un clin d'œil qui me fit rougir.

— Ah, bon ? Tu joues d'un instrument ? demanda Chris.

— De la guitare. Mais je ne suis pas très douée, avouai-je en baissant les yeux.

— Oh, on passe tous par-là tu sais !

— Ça fait longtemps que tu joues de la batterie ? l'interrogeai-je pour éviter d'avoir à m'étendre sur mes frasques musicales.

— Depuis mes sept ans. Mes parents avaient des pulsions suicidaires, je crois, quand ils m'ont offert ma première batterie, dit-il avec un air espiègle. Peut-être pour ça qu'ils ont divorcé d'ailleurs...

Je le fixai sans savoir si c'était du lard ou du cochon. Puis il éclata de rire.

— Je te charrie ! Ils ont bien divorcé, mais ça remonte et ils sont en bons termes.

Je ris doucement mais ne pus m'empêcher de l'envier un peu. Si mes parents étaient toujours ensemble, ils n'étaient pas en bons termes, eux.

Au même moment, un autre garçon de mon cours de musicologie sortie de l'arrière-boutique. J'aurais dû me douter que si Chris était là, Alex ne devait pas être bien loin. Je savais que ces deux-là se connaissaient depuis aussi longtemps que Louna et moi, et ils étaient toujours fourrés ensemble.

— On va être à cours d'Elixir, papa, déclara-t-il avec beaucoup de sérieux.

— Lesquels ? demanda le gérant en sortant un cahier de dessous le comptoir.

— Les mediums, répondit-il en montrant ce que je supposais être une boîte de cordes pour guitare.

Puis il me remarqua et m'offrit un sourire magnifique. Mon cœur loupa un battement.

J'avais indéniablement eu le coup de foudre pour Alexandre. Si Chris était mignon avec ses longs cheveux blonds, ses grands yeux bruns innocents et son air immature, Alex était à se damner. Un teint halé, des cheveux courts dont quelques mèches brunes retombaient toujours devant ses beaux yeux verts, de larges épaules et un bon mètre quatre-vingt-dix de muscles secs. Je m'étais retrouvée à côté de lui dans la file du self, une fois, et j'avais eu l'impression d'être minuscule. D'un autre côté, je ne suis pas bien grande avec mon mètre cinquante-six. Et mes cheveux châtain clair, qui frôlaient mes fesses, avaient tendance à me rapetisser encore d'avantage, c'est pourquoi je les attachais presque tout le temps.

Posant la boîte de cordes, Alex s'avança vers nous et son sourire s'élargit un peu plus.

— Alors c'est toi qui viens toutes les semaines et qui repars toujours les mains vides ? me demanda-t-il.

Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant